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Le Maroc, une monarchie bananière
S
3 janvier 2007 11:15
Le Maroc, une monarchie bananière

À l’approche des élections législatives programmées pour 2007, l’État marocain fait n’importe quoi pour contrer le raz-de-marée des islamistes du PJD.


C’est triste à dire mais, à l’approche des législatives de 2007, le Maroc se la joue monarchie bananière. Alors que le pays entre laborieusement en campagne électorale, le régime verse dans l’autoritarisme et la manipulation crapuleuse. Paniqué, il a peur de ne plus arriver à endiguer le raz-de-marée des islamistes du PJD qui ne manquera pas de déferler en cas d’élections libres et transparentes. Son dernier exploit ? Alors que Sa Majesté vadrouillait cette semaine aux Etats-Unis, le gouvernement a suspendu le magazine Nichane, la version en arabe marocain de Tel Quel. Pour « atteinte à la religion islamique » et « publication et distribution d’écrits contraires à la morale et aux mœurs ». Et porté plainte contre son directeur de publication et une journaliste. Mais quel pêché ont-ils commis ? Publier un dossier intitulé « Blagues : comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique ». Des blagues que l’on entend à profusion au royaume et des blagues qui, oui, tournent en dérision ces délicats sujets. Ce qui fait dire à juste titre au directeur de Nichane, Driss Ksikes, que « c’est donc un procès de l’État contre la société ».

Bref, on l’aura compris, cette suspension pue la manœuvre anti-PJD : surtout ne rien lâcher aux barbus, ne leur offrir aucun prétexte pour donner de la voix comme ils s’apprêtaient à le faire au Parlement contre Nichane. Quitte à être plus islamistes que le PJD. Quitte à sacrifier un magazine dont la ligne éditoriale anti-bondieuseries arrangeait un pouvoir dépassé par le phénomène PJD. Quitte enfin à confirmer qu’au Maroc, la justice est aux ordres. Tous les records de rapidité sont en effet battus puisque le procès de Nichane débute le 8 janvier. Mais c’est vrai qu’une justice bananière est toujours « efficace » lorsqu’il s’agit de réprimer la presse.

Ce n’est pas le Journal Hebdomadaire qui dira le contraire. Condamné cette année à payer 3 millions de dirhams à un pitre baptisé Claude Moniquet (cf. les précédents numéros de Bakchich) après un procès délirant, la sentence n’avait pas été exécutée. Jusqu’à cette semaine. Les huissiers sont en effet venus tendre la main après que le Journal eut raconté, entre autres, les petites sauteries secrètes organisées par Fouad Ali El Himma, faiseur de majorité parlementaire bidon, avec des chefs de partis politiques pour monter une énième cabale contre le PJD. Là encore, on nage en pleine collusion entre le pouvoir politique et la justice. Le fait que l’avocat du pitre Moniquet n’ait rien trouvé d’autre pour défendre son client belge que de beugler en plein tribunal que le Journal est une publication anti-patriotique le prouve.

Les Marocains ne pourront hélas pas compter sur les simplets de la fédération des éditeurs de presse pour défendre la liberté d’expression et d’opinion au royaume. Plutôt que de prendre le risque de remplir leur devoir d’information, ils ont préféré se faire hara-kiri pour mieux servir les intérêts du pouvoir. En novembre, ils ont ainsi signé à leur grande majorité (incluant Tel Quel) une charte de pseudo-déontologie. Ce morceau d’anthologie prône le respect total de la monarchie, de sa gracieuse majesté et de la cause nationale du Sahara occidental…


Histoire d’achever de bien museler la presse pendant la période électorale —on se croirait en Algérie ! — le régime vient de priver les Marocains des plaisirs que procurent les sondages politiques. Dorénavant sont interdits tous les sondages « dont l’objet porte atteinte à la religion musulmane, à la forme monarchique de l’État, à l’unité nationale ou au respect dû à Sa Majesté le Roi ou aux princes et princesses royaux » ; « sont également interdits les sondages dont l’objet est manifestement contraire aux bonnes mœurs ou à l’ordre public ou dépourvu de tout intérêt légitime ». Par « dépourvu de tout intérêt légitime », comprenez bien sûr tout ce qui ne glorifie pas le pouvoir et la majorité parlementaire en place. Bref, une atteinte en règle à la liberté d’opinion et d’expression des Marocains. Bravo ! En même temps, si le Maroc était une démocratie, ça se saurait...
Mano Solo : Mes amis ne pleurez pas, le combat continue sans moi, tant que que quelqu'un écoutera ma voix, je serai vivant dans votre monde à la con
a
3 janvier 2007 11:43
Un proverbe marocain dit : DRABNI OU BKA WA SBAKNI OU CHKA
ce qui veut dire , il m'a frappé et a pleuré et m'a devancé pour porter plainte.

C'est ainsi que l'on veut nous démontrer que l'interdiction de NICHAN est une stratégie anti PJD.

Ce n'est pas tout à fait ce que semble dire TELQUEL la version Francaise de l'hebdomadaire qui souligne plutôt la levée de boucliers du PJD contre cette revue.
à lire :

[www.telquel-online.com]
n
3 janvier 2007 16:31
Article interessant dans le Reporter:


Les questions que soulève la presse...

La presse est encore une fois sous les « spot light ». Et, comme d’habitude - c’est presque une fatalité ! - les pouvoirs publics se retrouvent sous la même lumière crue.


La presse, parce qu’un jeune hebdomadaire en langue arabe, « Nichane », a publié un dossier sur les blagues populaires et en a reproduit quelques unes qui, jugées attentatoires à l’Islam, ont provoqué des réactions en chaîne ici et ailleurs (ceux d’ailleurs ayant été ameutés par voie de forum sur internet).

ET les pouvoirs publics, pour l’interdiction administrative de la publication en cause, sur la base d’un article qui ne la permet pas. L’article (article 66 du code de la presse) donne pouvoir à l’administration pour interdire le numéro incriminé, non le titre. Le débat est donc parti dans ces deux directions.

Mais les questions ne sont pas simples. Condamner « Nichane » ? Condamner le gouvernement ? Condamner l’un et l’autre ? Condamner l’un sans l’autre (épargner « Nichane », au nom de la liberté d’expression, épargner le gouvernement au nom de la défense de la religion) ?

Pour en parler, le bureau de la FMEJ (Fédération marocaine des éditeurs de journaux) s’est réuni deux fois. Jeudi 21 décembre, avec la participation du Directeur de « Tel Quel », Ahmed Reda Benchemsi, (membre de la FMEJ mais non du bureau). Et lundi 25, jour où le bureau a publié ses positions dans un communiqué (que nous reproduisons intégralement page 19).

Sur le plan des principes, il est clair que, dès lors que la loi est transgressée comme elle l’a été par le gouvernement - quelles qu’en soient les raisons - si l’on est légaliste et si l’on est réellement pour un Etat de droit, il ne peut s’ensuivre qu’une condamnation de cette transgression.

Par ailleurs, la Fédération s’est dotée d’une charte déontologique. Non adoptée par quelques électrons libres, peut être, mais elle existe et contient un minimum de règles et principes éthiques que la profession a décidé de respecter. Chaque fois que la charte sera ignorée, cela sera clairement condamné.

Dans l’affaire « Nichane », le mieux était de jouer l’accalmie. « Nichane » l’a fait, la FMEJ l’a fait. Parce qu’il n’est pas plus dans l’intérêt de la presse que dans l’intérêt de l’Etat lui-même de voir les plus rigides des conservateurs surfer sur cette lame pour monter au créneau. Le 8 janvier, devant la Justice, l’on aura sans doute une idée de l’épilogue qui sera donné à cette affaire..

Ce qu’il faut, c’est ne pas perdre de vue l’essentiel. La presse cherche à évoluer. Elle se structure. Depuis 5 ans, elle y travaille. Grâce à une volonté politique clairement exprimée au plus haut niveau, un ministre de la Communication parfaitement au fait du métier pour l’avoir lui-même exercé, une poignée de professionnels qui s’appliquent à la tâche avec une si belle assiduité et un syndicat constructif, beaucoup a été fait (le contrat-programme et tout ce qui en a découlé).

Vivement donc, un Conseil national de la presse qui bouclerait le processus et permettrait à la profession de se réguler elle-même et de développer (avant de la défendre) une vision encore plus ambitieuse pour le secteur !

Bahia Amrani
 
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