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Maroc: les Amazighs toujours interdits de télévision!
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8 juillet 2006 21:16
À notre époque, l'image est un trait majeur de la civilisation ; ses pouvoirs sont immenses et ses messages sont tout autant infinis. Exister équivaut presque à se mettre en image ou à l'image. Dans le paraître, il y a l'être comme disait je ne sais plus quel philosophe. Bref, l'image est d'une importance capitale. Ce qui est encore plus vraie avec l'image de la télévision qui confère à ceux qui la possèdent beaucoup de puissance et beaucoup de prestige.

Ce n'est pas pour rien que les médias sont considérés, dans toutes les démocraties du monde, comme le quatrième pourvoir; ils peuvent influencer et même construire ex nihilo une opinion publique, façonner radicalement, sur le long terme certes, les identités personnelles et nationales, et donner le sens qui leur conviennent aux choses et aux événements.

Le philosophe français Michel Serre a vu juste en disant que mettre la main sur les moyens de communication, c'est la capacité de formuler une Vérité, la sienne, qu'on impose aux autres, sans aucune forme de débat. Il faut juste se rappeler, à titre d'exemple, la manière avec laquelle les États Unis ont exploité, à l'excès, les médias pour se créer à leur juste mesure toute une légitimité à même de leur permettre d'intervenir en Irak.

L'art du mépris

Dans le cas des Amazighs, au Maroc, lorsque tous les moyens médiatiques étaient détenus par l'État, ils n'existaient tout simplement pas. Ce qui est conforme à son idéologie qui fait d'une confusion, savamment et arbitrairement entretenue, entre l'arabité et l'Islam, le seul paramètre qui définit l'identité en construction d'une jeune nation qui se cherche encore. L'héritage français, représenté par un jacobinisme exacerbé et un centralisme castrateur, n'est pas pour arranger les choses. Un seul peuple, une seule langue, était et est encore un credo sacré, si ce n'est carrément déifié.

Prôner l'amazighité, c'est le remettre en cause d'une manière frontale. Le Makhzen, qui veille scrupuleusement au grain, ne tarde pas à sévir et de quelle manière ! Le cas du poète et de l'intellectuel amazigh, feu Ali Azaykou, est dans toutes les mémoires. Voilà un homme, un peu en avance sur son époque certes, qui se fait embastiller arbitrairement comme un vulgaire délinquant, une année durant. Il en sortira avec des séquelles indélébiles. Son seul crime était une affirmation, dans l'un de ses articles, de la plus évidente des lapalissades, à savoir que le Maroc est avant tout amazigh. Ce qui n'était nullement du goût du régime qui a vu, là, une avanie impardonnable à sa vision du monde et des choses.

L'amazighité est on ne peut plus factieuse –pour le régime et ses hommes- car elle met à mal, juste par sa présence, tout un échafaudage idéologique, disons, bricolée à la hâte. De plus, elle inspire une peur historique très ancrée dans les abysses les plus sombres des consciences, et dont les origines remontent, à coup sûr, aux premiers contacts des envahisseurs arabes avec les autochtones. Il suffit de parler de l'amazighité, en bien ou en mal, pour que cette peur pointe son nez telle un Cassandre pour nous promettre le pire des scénarios.

D'ailleurs, et c'est vraiment très révélateur, lorsque Mohamed VI avait parlé de la réhabilitation de l'amazighité dans l'un de ses discours, un journaliste de la Gazette du Maroc n'a pas hésité à exprimer, innocemment et candidement, son inquiétude par rapport à l'exclusion à venir des Arabes. En d'autres termes, il faut laisser les choses telles qu'elles sont où les exclus ne sont pas ces derniers, mais bel et bien les Amazighs.

De là, on peut expliquer et l'absence quasi totale des Amazighs dans les médias télévisuels publics et les hésitations actuelles du gouvernement à leur donner la possibilité d'y accéder. Vu qu'il est conscient du côté symbolique très fort des médias. Car cela touche, au fond, au sens qu'on veut donner à l'identité de l'État.

On peut même affirmer que le nationalisme qui l'a sous-tendue est né d'un rejet, accompagné d'une terrible haine, de l'amazighité accusée injustement de s'acoquiner avec le colonisateur français. Ce qui était loin d'être vrai! Ses vrais complices étaient ces mêmes contempteurs invétérés de l'amazighité, ces mêmes « protégés » qui criaient au loup et qui se hâtaient hypocritement dans les mosquées pour réciter hystériquement, jusqu'à la berlue, les fameux «yalatif». Une vraie manipulation merveilleusement orchestrée et érigée, par la suite, en mythe célébré par les descendants de ces mêmes «protégés» , avec faste, jusqu'à récemment.

Ce n'est donc que dernièrement qu'on se rappelle, avec beaucoup de circonspection et de précaution, le bon souvenir de l'amazighité, certainement à cause de la pression des organisations non gouvernementales malgré leurs moyens extrêmement limités et malgré toutes les barrières administratives possibles et imaginables.

Paradoxalement, ce sont les pires ennemis de l'amazighité qui s'autoproclament subitement ses défenseurs les plus acharnés. Tout cela accompagné, pour quelques uns, de mea culpa pleines de contrition et de regret. Encore faut-il qu'elles soient sincères ! Ce que d'aucuns mettent en doute, et ils ont raison ; car la situation de la culture amazighe est toujours la même, si elle ne s'empire pas. En fait, on ne cherche qu'à gagner du temps pour en finir avec tout ce qui le représente en l'étouffant, impitoyablement, sous la chape de plomb arabiste totalitaire.

La folklorisation

Il arrive rarement que les médias marocains montrent les Amazighs, et s'ils les montrent, c'est toujours sous une forme folklorique dépréciative à telle enseigne qu'on peut penser que seuls les Amazighs ont le monopole du folklore, de tous les folklores.

Je n'oublierais jamais cette animatrice «très branchée» de 2M, un peu genre la fille qui met son nombril à l'air, qui a invité Kelly Denfert, une française qui chante en amazigh, pour carrément l'agresser. Elle n'a pas trouvé mieux que de qualifier sans aucune pudeur la langue amazighe d'archaïque parce que, selon elle, incapable d'exprimer la modernité ! Rien que cela !

Pire, chanter en amazigh a fini par être un label du folklore. D'ailleurs, les Amazighs auront beau faire du hard rock, du rap, etc., aux yeux de la multitude d'animateurs et de journalistes que comptent les médias audiovisuels du Maroc, cela restera du folklore, rien que du folklore. En revanche, chanter en égyptien ou en libanais, c'est le summum de l'art et de la musique. Une véritable aliénation qui est mise en branle depuis longtemps et dont l'un des symptômes est l'armada de chanteuses marocaines expatriées au Moyen-Orient.

Cette perception pour le moins négative qu'ont certains de l'amazighité n'est pas tombée du ciel. C'est le genre d'image que véhicule l'école, les médias, l'administration…du Maroc. Les gens ne font, naturellement, que rabâcher ce qu'on leur a appris. Ils sont, dans la majorité des cas, des victimes innocentes, et parfois consentantes, d'une idéologie qui a fait de l'amazighité son souffre-douleur, sa tête de Turc, son bouc émissaire, pire sa raison d'être.

D'ailleurs, selon les chiffres du dernier recensement, les Amazighs sont un tiers de la population, à savoir quelque neuf millions de personnes, mais qui n'ont droit qu'à quelques minutes ridicules chaque jour à la télévision nationale. Un vrai scandale ! Une honte absolue. Et cela fait des années que cela dure !

Comme quoi le droit d'être informé, une clause inscrite dans tous les traités des droits de l'homme et que le Maroc a probablement ratifiés, est complètement oublié par les responsables qui refusent, avec beaucoup de ténacité, à informer leurs administrés amazighs dans leurs langues maternelles. On se trouve donc avec une exclusion étatiquement et nationalement organisée parce que souhaitée par les hautes autorités du pays et toute son élite politique.

On a l'habitude de dire que derrière toute plaisanterie, il y a toujours une part de vérité. Les Arabo-Marocains racontaient, en se pouffant de rire, que les Chleuhs n'ont appris la mort de Mohamed V qu'au lancement du maigre bulletin d'information en amazigh diffusée par la RTM à la fin du siècle dernier. Comme quoi eux-mêmes ont la conscience que les Amazighs ne sont pas qu'exclus, ils sont tout simplement évacués du domaine du pensé pour être considérés comme un peuple qui n'existe que virtuellement.

Bref, la téloche marocaine n'est pas que moche, comme l'a dit si bien un journaliste du quotidien Aujourd'hui le Maroc, mais elle est aussi et surtout aliénante, excluante et fondamentalement raciste.

Rien n'est jamais sûr !

Le système marocain à un mal fou à traiter la question de l'amazighité. C'est le moins qu'on puisse dire! En témoigne les formules de probabilités utilisées abondamment et à profusion par le ministre de la communication, Nabil Ben Abdellah. Rien n'est jamais sûr et encore moins définitif avec ce ministre quand il est question de l'intégration de l'amazighité dans les médias. Avec ce responsable gouvernemental, on peut dire sans vouloir massacrer la langue française que l'amazighité est «probabilitissime». Il a même prétexté l'absence de moyens financiers ! Mais cela ne l'a pas empêché d'annoncer fièrement, d'un seul coup, la création de plusieurs chaînes arabes – un autre projet de chaîne parlementaire est en cours de finalisation.

Bizarrement, là, on trouve le financement ! Ce qui ne nous empêche pas de penser que la reconnaissance officielle de l'amazighité est plus une blague de mauvais goût qu'autre chose. C'est un slogan creux ni plus ni moins.

Comment peut-on alors expliquer cette attitude de refus de donner de la visibilité à l'amazighité? Pourquoi le gouvernement est-il aussi sourd à une revendication tout à fait légitime? On veut bien croire qu'il n'a pas les moyens, mais qu'il consacre entièrement et exclusivement l'une des deux chaînes à l'amazighité! « Une chaîne pour les Chleuhs, il ne manquerait plus que cela », doivent penser certains amazighophobes qui sont, ô combien nombreux, dans le cercle du pouvoir! On n'a qu'à voir les propos inadmissibles du ministre d'État et chef du parti de l'Istiqlal, Abbas El Fassi. À l'en croire, il ferait tout pour « LUTTER contre l'officialisation de la langue amazighe ». L'utilisation d'un verbe pour le moins guerrier, nous montre l'amazighophilie légendaire des hommes politiques du fameux «mouvement national», arabe bien sûr.

Le gouvernement marocain a depuis longtemps développé tout un art extrêmement sophistiqué du mépris et de la négation de l'amazighité. D'ailleurs, s'il y a un prix international dans ce domaine, il lui aurait été déjà décerné depuis belle lurette. Les résultats de cette politique de «liquidation» délibérée de l'amazighité sont annoncés dernièrement comme une réalisation dont il faut s'enorgueillir.

Selon le dernier recensement gouvernemental, les Amazighs ne sont plus que 28% à utiliser leur langue alors que dans l'avant-dernière consultation ils étaient quelque 34%. En quelques années, l'amazigh a perdu 6% de ses locuteurs. Après avoir survécu à beaucoup d'agressions, tout au long de son histoire, il semblerait que le gouvernement actuel est bien décidé à l'envoyer ad patres . Un succès à mettre sur le compte de ses politiques arabistes et racistes d'inspiration moyen-orientale.

Appels inaudibles

Cela fait des années que les Amazighs demandent une présence dans les médias. On parlait même à un moment de poursuites judiciaires contre les deux chaînes affublées arbitrairement du qualificatif nationales. Car, force est de constater qu'elles n'ont rien de nationales dans la mesure où elles n'utilisent jamais nos langues nationales. Les Arabes du Moyen-Orient et les Occidentaux, à un degré moindre, colonisent nos médias. Ils sont marocains plus que nous, les vrais autochtones. C'est un vrai racisme, doublé d'une amazighophobie maladive, qui est malheureusement institutionnalisé si bien qu'elle est terriblement difficile de le combattre. Car les gens la considèrent comme allant de soi et tout à fait légitime.

La réaction des Amazighs par rapport à ce déni de justice absolument insupportable était de se prendre en charge. Comme toujours, diriez-vous! Ils n'ont pas hésité à mettre la main à la pâte. Pragmatiques qu'ils sont, ils ont investi la vidéo d'une manière massive. Des dizaines et des dizaines de films sont produits depuis une dizaine d'années. En quelques années, ils ont accumulé une production filmique gigantesque que même le cinéma dit marocain (c'est-à-dire arabe), en 60 ans d'existence et avec tous les moyens financiers énormes à sa disposition, n'a pas atteint. Ce qui montre un besoin énorme que normalement un État à l'écoute de son peuple doit satisfaire. Comment? En fondant une ou plusieurs chaînes nationales amazighes pour leur donner la possibilité d'y exprimer leur créativité et leur génie. Et Dieu sait que ce n'est pas cela qu'ils leur manquent !

Si non, pourquoi exiger de ces mêmes Amazighs de payer des taxes pour un service qui n'est pas rendu? Quant on vous prend l'argent sans que vous ayez rien en échange, et ben, cela s'appelle du racket et du vol. On veut l'argent des Amazighs, mais on en a que faire de leur culture! Non, il y a de quoi perdre la tête !

L'amazighité dans la télévision n'est pas pour demain. Ce qui est une fois de plus la preuve que l'État est, d'une part, à des années lumière des aspirations des Amazighs, et, d'autre part, c'est une manière, indirecte certes, de signifier qu'il fait peu de cas des revendications du mouvement amazigh. Ce que d'aucuns pensent depuis des lustres.



Et la libéralisation fut !

Pour autant, beaucoup d'Amazighs espèrent qu'avec la nouvelle loi sur l'audiovisuel, enfin, ils auront l'occasion de se mettre en scène. Encore faut-il que le capital suive. Ce qui n'est pas du tout évident car l'amazighité est soupçonnée ad vitam aeternam de toutes les conspirations et de toutes les subversions. Il sera difficile que les hommes d'affaires osent investir leur argent dans une entreprise médiatique amazighe de peur de fâcher le régime. Il faut donc attendre non pas une loi sur les médias, mais plutôt une démocratisation du système politique marocain. À voir la cadence avec laquelle vont les réformes, on peut parier que ce n'est pas pour demain. L'amazighité dans les médias devient tout simplement un vœu pieux.

En attendant, on peut se contenter des miettes. L'IRCAM a été tout fier d'annoncer sur son site Internet qu'il a négocié âprement quelques minutes hebdomadaires avec 2M pour une population de plusieurs millions d'âmes. Espérons cette fois-ci qu'au moins elles seront en amazigh et non pas sur les Amazighs et en arabe classique en plus ! Wait and see !

Lahsen Oulhadj
www.amazighworld.org
IBADL ZMANE OLA AOUALE T'BADL TJMARTE
s
8 juillet 2006 21:58
c'est soulant comme dirait je ne sais pas qui dont son message a été effacerthumbs down
S
8 juillet 2006 22:50
on comprend cke tu veu dire (g pa lu) mé bon ca n'arrangera rien je pense plutot que le maroc n'a pas encor les moyens de reconnaitre le fait qu'il é autant arabe ke amazigh du fait des nombreux problemes presents donc moi je pense que il fodrait attendre un peu et surtout commencer doucement car g remarqué une choze ( je ss soussi é arabe) c que lé amazigh demandent bbp de chozes et en mm temps alors patiente cela se reglera mais petit a petit n'oublier pas que le maroc est un pays d'Afrique.
 
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