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Libye: les insurgés s'approchent de Syrte
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29 mars 2011 03:29
Libye: les insurgés s'approchent de Syrte

BEN JAOUAD, Libye (AP) — L'insurrection libyenne se trouvait lundi à une centaine de kilomètres de la ville natale de Moammar Kadhafi, Syrte, dont la chute déverrouillerait la route vers l'ouest et Tripoli. Les forces rebelles ont regagné tout le terrain que la contre-offensive gouvernementale leur avait fait perdre avant le début des frappes internationales, il y a un peu plus d'une semaine.

Face à cette progression fulgurante, la Russie a critiqué l'intervention militaire contre les forces de Kadhafi, estimant qu'elle sortait du mandat de la résolution 1973 des Nations unies, en favorisant l'insurrection alors qu'il s'agit officiellement de protéger les populations civiles.

Celui qui commande les opérations à l'OTAN, le général Charles Bouchard, a assuré que cela restait le seul objectif, mais le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a accusé les forces internationales "d'essayer de pousser le pays vers la guerre civile" en "se battant directement avec les forces armées" gouvernementales.

L'insurrection a rapidement repris plusieurs centaines de kilomètres de territoires inhabités ainsi que deux complexes pétroliers stratégiques situés le long de l'autoroute côtière.

Mais l'un des généraux passés à l'opposition restait prudemment optimiste lundi. "Syrte ne sera pas facile à prendre", a expliqué Hamdi Hassi dans la petite ville de Ben Jaouad, à 30km du front. Cependant, "grâce aux frappes de l'OTAN sur les armes lourdes (du gouvernement), nous nous battons quasiment avec les mêmes armes, sauf que maintenant nous avons des roquettes Grad et pas eux", a-t-il ajouté.

Des navires américains postés en Méditerranée ont continué à tirer des missiles de croisière Tomahawk à longue portée dimanche et lundi, portant le total à 199 depuis le début des frappes le 19 mars, selon deux responsables de la Défense ayant requis l'anonymat.

Les forces aériennes internationales ont pour leur part effectué 110 sorties dimanche soir et lundi matin, dont 75 fois pour des frappes qui visaient notamment des dépôts de munitions ainsi que les défenses aériennes et les forces terrestres -véhicules et chars- du gouvernement Kadhafi, selon un troisième responsable américain.

Le général Hassi a affirmé que des combats se déroulaient lundi aux portes du hameau de Nofilia, à 100km de Syrte, mais que la route menant à la ville était truffée de mines.

Des témoins à Syrte ont déclaré lundi qu'il y avait eu des frappes aériennes dans la nuit et tôt le matin et que des habitants s'enfuyaient. Des soldats d'une brigade dirigée par l'un des fils Kadhafi, Al-Saadi, prenaient position avec des miliciens aux entrées Sud et Est de cette ville portuaire de plus de 100.000 habitants, qui abrite aussi une importante base militaire aérienne.

Au fil des années, Moammar Kadhafi a fait de Syrte une sorte de capitale bis où se tiennent des sommets arabes et africains, mais la domination exercée par la tribu des Kadhafa dont il est issu alimente un fort ressentiment dans d'autres tribus, dont celle des Firjan, souvent réprimés, que l'insurrection tente de rallier à sa cause.

Syrte occupe une position stratégique, à mi-chemin environ entre l'est tenu par l'insurrection, et l'Ouest sous contrôle de Kadhafi.

Tripoli se trouve à environ 400km au nord-ouest de Syrte avec, à mi-chemin, Misrata, troisième plus grande ville libyenne après la capitale et la "capitale" rebelle de Cyrénaïque, Benghazi. Dernier bastion tenu par l'opposition dans l'Ouest, Misrata est toujours assiégée par les forces pro-Kadhafi qui l'ont lourdement bombardée lundi, selon des témoins.

Selon un membre de la commission des médias à Misrata, Rida al-Montasser, neuf jeunes hommes avaient été tués et 23 autres blessés par des roquettes dimanche soir. Le port aurait également été bombardé. L'agence de presse turque Anatolie a annoncé qu'un ferry turc transportant 15 travailleurs médicaux, trois ambulances et du matériel médical faisait route vers Misrata pour soigner quelque 1.300 personnes blessées dans des attaques.

Pendant ce temps, les frappes aériennes internationales continuaient, selon l'agence de presse d'Etat libyenne, JANA. Elles auraient notamment visé la ville de Sebha, à 650km au sud de Tripoli, dans une zone désertique restée largement fidèle au colonel Kadhafi et d'où sont acheminés par avion les Touaregs du Mali et Niger qui combattent aux côtés des forces gouvernementales.

Selon JANA, des maisons ont été détruites, le ministère britannique de la Défense disant de son côté avoir bombardé des dépôts de munitions autour de Sebha.

Sur le plan diplomatique, les rebelles ont remporté une victoire symbolique lundi: le Qatar, qui participe à l'intervention aérienne internationale, est de venu le premier pays arabe à les reconnaître comme les représentants légitimes de la Libye. AP
[tempsreel.nouvelobs.com]
 
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