A 22 ans, Mehdi arbore un fier sourire, un incroyable optimisme et une silhouette athlétique. A première vue, rien ne laisse soupçonner que ce jeune homme vient d’affronter une grave maladie. Pourtant, il a du faire face à un sarcome, autrement dit, une tumeur maligne qui se forme aux dépens des tissus. Un cancer qui n’a jamais entaché sa joie de vivre malgré les conséquences irréversibles sur la carrière sportive qu’il envisageait.
Quand avez-vous su que vous étiez malade ? En septembre 2011, j’étais footballeur. A 17 ans, j’allais me professionnaliser. Je jouais au Perreux et je venais de signer un contrat, j’allais juste passer à Orléans. Mais on m’a détecté un ostéosarcome. Puis, j’ai développé une encéphalopathie médicamenteuse suite à la chimiothérapie qui était toxique pour le cerveau. Depuis, j’ai plein de petites lésions dans la partie blanche de mon cerveau.
Quels ont été les premiers symptômes ? J’ai commencé à avoir une douleur au niveau du genou gauche. Elle me semblait banale. Je me suis dit que ce n’était pas grave et qu’elle était certainement liée à un faux mouvement. Mais cette douleur n ‘a fait que s’intensifier au fil des mois, jusqu’au jour où j’ai pris conscience que c’était grave. Je devais attraper le bus pour aller en cours, mais c’était impossible, car je ne pouvais plus courir. Les nuits, je n’arrivais plus à dormir tellement j’avais mal. On ne pense jamais au cancer. J’ai pensé à mes ligaments, j’ai fait une radio pour vérifier l’état de mes genoux. Normalement ce type de tumeur ne se voit pas à la radio à ce qu’on m’a dit, mais il y avait une sorte de tâche qui dépassait des tissus, et j’ai fait des examens plus approfondis à l’hôpital Henri Mondor. C’est là qu’on m’a envoyé à l’institut Gustave Roussy.
Comment vos proches ont-ils réagi ? Ma mère a mal réagi au début. C’est normal, elle était effondrée. Ensuite, à l’hôpital, on a rencontré des proches de patients et cela nous a beaucoup aidés. Nous avons été deux dans ma classe à avoir le même cancer à deux semaines d’intervalle. C’est rare et à peine croyable. Mes amis et ma famille m’ont énormément soutenu moralement. Et j’ai gardé espoir, sachant que le taux de rémission est de 80% pour les jeunes de mon âge.
Vous vouliez devenir footballeur professionnel. Qu’en est-il aujourd’hui ? Aujourd’hui j’ai une prothèse dans la jambe gauche, si bien que j’ai du faire une croix sur ma carrière. Je sais bien que la voie à laquelle je me destinais est définitivement fermée pour moi. En revanche, je vais de l’avant, et il m’arrive souvent de jouer au football avec des copains.
Avez-vous envisagé un soutien psychologique pour vous accompagner dans cette épreuve ? Non. J’ai préféré axer l’accompagnement sur mon avenir professionnel. J’ai eu plusieurs rendez-vous avec une association pour trouver des solutions pour mes études. Actuellement je fais un BTS d’assistant manager, mais du fait de l’encéphalopathie, j’ai parfois du mal à me lever et il m’arrive de ne pas pouvoir aller en cours et de faire des crises d’épilepsie. Dans la mesure où tout le monde est au courant, cela ne pose pas de problèmes. En mai prochain, je pars à Londres jusqu’à fin juin pour y poursuivre ma formation.
Est-ce que vous faites un effort sur vous même pour rester aussi optimiste ? C’est plutôt assez naturel, d’autant que je suis convaincu que dans toute situation négative, il y a toujours un peu de positif. Par exemple, j’ai rencontré ma petite amie à un spectacle de fin d’année à l’hôpital, à un moment où j’étais entièremnet chauve. Comme quoi, ça peut marcher avec les filles même quand on n’a pas de cheveux. En ce moment je suis en rémission. Il y en a pour dix ans. Certes, c’est long, mais ce que je vois, c’est que je devrais être sorti d’affaire en 2021.
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