Il ne sera pas aux championnats du monde d’athlétisme, dans quelques jours, à Osaka au Japon. C’est une affaire entendue. Il aurait, bien sûr, aimé y participer. Aujourd’hui, il rêve de Pékin et des Jeux olympiques. Un rêve pour Oscar Pistorius. Un cauchemar pour la fédération internationale d’athlétisme. Certes, il n’est pas possible pour ce coureur sud-africain d’envisager un podium individuel. En revanche, une médaille avec le relais 4 x 400 m n’est pas inenvisageable. Oscar Pistorius n’est pas un athlète comme les autres. A vingt ans, il a accumulé un nombre incalculable de records du monde, mais dans les compétitions handisports réservées, comme leur nom l’indique, aux handicapés.
Atteint d’une maladie congénitale, Pistorius est né sans péronés et a été amputé, à l’âge de onze mois, des deux jambes. Ce qui ne l’a pas empêché de s’adonner avec succès au sport, water-polo, rugby, enfin athlétisme où ses performances sur le tour de piste ne sont pas loin d’égaler les valides. Il court et se déplace grâce à deux prothèses, deux lames de carbone qui le font ressembler à un voltigeur. Qui n’est plus un handicapé, selon ses adversaires, mais un privilégié. Je schématise, bien sûr. Imaginez qu’il réalise ce que personne n’a réussi avant lui : aller plus vite dans la seconde moitié du 400 mètres que dans la première. Une fois lancé, précisent-ils, la vitesse d’Oscar devient hors normes humaines. Du jamais vu. Il ne court plus, il vole…
La fédération internationale est très embarrassée. Elle pourrait se souvenir qu’en 1904, l’Américain George Eyser avait remporté six médailles dont trois d’or, en gymnastique, avec une jambe de bois. Ou qu’en 1984, à Los Angeles, la Néo-Zélandaise Neroli Fairhali, paraplégique, avait participé aux épreuves de tir à l’arc. Aujourd’hui, on commence également à voir des malvoyants courir avec des voyants. Mais, argumentent ceux qui sont contre la présence de Pistorius aux Jeux, leur handicap ne pouvait être invoqué comme avantage.
Voilà un débat, vous l’avez compris, qui déborde largement le cadre du sport. Et qui, in fine, pose avec une terrible acuité la question du sport spectacle. Partagé entre l’idée de voir un homme dépasser son handicap et, dans le même temps devenir bête de stade pour les voyeuristes en tout genre, j’avoue avoir beaucoup de difficulté à me forger une opinion.
GP de Grande-Bretagne: l'athlète Oscar Pistorius, doublement amputé, disqualifié sur le 400 m face à des valides
L'athlète Oscar Pistorius, amputé des deux jambes, a présumé de ses forces en s'alignant sur le départ du 400 mètres face à athlètes valides dimanche à Sheffield. Le Sud-Africain a été disqualifié après s'être classé septième sous une pluie battante.
Pistorius, qui court avec des membres inférieurs en carbone, a couru la distance en 47,65 secondes lors du Grand Prix de Grande-Bretagne, loin derrière le vainqueur Angelo Taylor qui a couru en 45,25 secondes. Pistorius a été sanctionné pour avoir franchi sa ligne de couloir.
Le spectacle a été d'autant moins palpitant que le favori de la course, le champion olympique de la discipline Jeremy Wariner, a trébuché avant de s'arrêter quelques mètres plus loin.
Pistorius qui tente de convaincre la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) de le laisser participer aux Jeux Olympiques de Pékin l'année prochaine, a terminé dernier des sept concurrents restants.
Après la course, Pistorius a reproché à l'IAAF de faire des commentaires "désobligeants" sur les Paralympiques.
Un responsable se serait ainsi opposé à la participation de Pistorius aux compétitions de valides au motif que cela pourrait inciter les athlètes à courir avec des jetpacks (équipement qui permet à celui qui en est équipé de voler, NDLR) sur le dos.
"Il serait beaucoup plus productif de faire les tests avec moi plutôt que contre moi", a déclaré l'athlète doublement amputé. "Pour une fédération qui se permet de faire des commentaires désobligeants sur les Jeux Paralympqies, le moins qu'ils puissent faire c'est de me donner l'opportunité de mener mon combat et travailler avec moi plutôt que contre moi. Ce ne sont pas des commentaires très professionnels qu'ils ont faits."
Pour se qualifier pour les Jeux Olympiques de Pékin, le Sud-Africain doit courir en 46,3 secondes avant juillet 2008 -et obtenir l'accord de l'IAAF. Même si son échec était prévisible, cette disqualification n'augmente pas ses chances de convaincre une IAAF sceptique quant au bien-fondé de son éventuelle participation aux Jeux Olympiques.
Pistorius est détenteur des records du monde des 100, 200 et 400 mètres dans la catégorie des doubles amputés. Il a récemment fini deuxième des championnats d'athlétisme d'Afrique du Sud des valides.
L'IAAF a voté une règle en mars qui interdit à un athlète de participer à une réunion d'athlétisme, s'il bénéficie d'une aide artificielle. Elle a depuis révisé sa position et voulait se servir de cette course de Sheffield pour vérifier si le Sud-Africain est aidé par ses jambes en lames de carbone. AP
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Sport The Associated Press - 16/07/07 à 03:16:29 - 476 mots
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