Salam _____________________________________________________________________ Joumblatt : Assad est un psychopathe ; il faut armer et unifier l’opposition syrienne Le 27/02/2012
Liban Le chef du Front de la lutte nationale, le député Walid Joumblatt, a qualifié samedi le président syrien Bachar el-Assad de « psychopathe », appelant à « armer et unifier l’opposition syrienne ». Il a également lancé une attaque frontale contre la théorie de l’alliance des minorités et l’exploitation par le régime syrien de druzes et de chrétiens contre la majorité du peuple syrien.
Dans un entretien au quotidien Le Monde recueilli par Laure Stéphan, Walid Joumblatt a indiqué que sa dernière visite à Damas remontait au 9 juin 2011. « La conversation avec Bachar el-Assad fut un peu surréaliste. À une question sur son cousin Rami Makhlouf, le président m’a dit “c’est un fou”. Quand je lui ai demandé ce qui s’était passé avec Hamza el-Khatib, il a affirmé que l’enfant n’avait pas été torturé, mais qu’il avait bien été tué. Comment tient-on ce genre de réponse ? Je ne sais pas, c’est un psychopathe », a dit M. Joumblatt.
Le chef du Parti socialiste progressiste a par ailleurs estimé que la théorie de longue date selon laquelle Bachar el-Assad était un réformiste écrasé par son clan « est le plus grand mensonge jamais inventé ». « Ce “réformiste” n’a même pas supporté, lors du “printemps de Damas”, au début des années 2000, les demandes minimales de changement. Tout le monde s’est retrouvé en prison. Les régimes de dictature ne peuvent pas changer », a noté Walid Joumblatt.
« J’ai rompu (mes contacts avec Damas) et j’en suis heureux. J’ai la conscience tranquille », a-t-il souligné. Walid Joumblatt a reconnu que son rapprochement avec Damas avait été une conséquence des événements du 7 mai 2008. « La tension était très grande au Liban après le 7 mai 2008. Après les affrontements entre druzes et chiites, sunnites et chiites, il fallait amorcer un virage pour la paix civile. Cela passait par le Hezbollah puis la Syrie. J’ai rencontré Bachar el-Assad, le 31 mars 2010. Et puis, le peuple arabe s’est révolté, jusqu’au soulèvement de Deraa, le 17 mars 2011 », a-t-il dit.
Le régime est-il près de s’écrouler ? « Pas du tout ! J’aimerais bien ! a répondu Walid Joumblatt. On assiste impuissants (à la mort des civils). Ce qui se passe à Homs est affreux, il s’agit d’une destruction systématique, dans un silence international complice. Les Occidentaux ont trouvé dans le veto russe et chinois leur meilleur alibi ; ils ne veulent rien faire pour sauver le peuple syrien. Ils sont incapables d’imposer un cessez-le-feu à Homs. Depuis quarante ans, le régime Assad a favorisé la sécurité des frontières nord d’Israël. L’intérêt d’Israël, dans certains milieux occidentaux, prime sur celui du peuple arabe. »
Et le chef du PSP d’ajouter : « Il faut armer l’Armée syrienne libre et essayer d’unifier l’opposition au régime, ne pas trouver des excuses en disant qu’elle est divisée. On sait faire la différence entre la véritable résistance et les cinquièmes colonnes. »
Selon Walid Joumblatt, « la révolte ne s’effondrera pas ». Mais « si Homs tombe, cela facilitera la mainmise du régime sur le couloir stratégique qui mène au port de Tartous. Cela renforcera l’alliance tripartite russo-irano-syrienne ». Au sujet de son appel à « faire le tri » parmi les druzes au regard des événements en Syrie, M. Joumblatt a affirmé : « Je ne parle pas en termes confessionnels. Le régime agite la théorie funeste de l’alliance des minorités. Les druzes sont des citoyens syriens. Ou bien ils sont avec le pouvoir de Bachar el-Assad, ou bien ils sont contre. Les druzes ont un glorieux passé de lutte contre le mandat français. Il est temps de lutter contre la tyrannie du régime syrien qui tue ses citoyens partout. »
Il a enfin stigmatisé la position officielle du gouvernement libanais au sujet de la crise syrienne. « Je ne comprends pas comment on peut se taire sur les massacres de citoyens innocents syriens. Le gouvernement du Liban doit au contraire les dénoncer. Mais je ne lâcherai pas cet exécutif, pour des raisons de nécessité interne, de stabilité », a-t-il encore dit.
Dans un entretien également publié samedi par le quotidien égyptien al-Ahram, Walid Joumblatt a indiqué, en réponse à une question sur la poussée islamiste dans la région et les angoisses des minorités confessionnelles : « La théorie de la peur du mouvement islamiste a été autrefois inventée par le régime syrien, et certains l’ont plus tard attrapée au vol, au Liban et ailleurs. Je ne comprends pas cette théorie, qui est incorrecte. Les druzes et les chrétiens ont historiquement vécu dans cette marée arabo-islamique durant des centaines d’années ; alors pourquoi avoir peur maintenant des musulmans ? Ensuite, nous sommes tous des Arabes. Mais le régime syrien, parce qu’il est lui-même minoritaire, a inventé cette théorie pour exploiter les druzes, les chrétiens et d’autres dans sa bataille pour survivre, et, malheureusement, il y a aujourd’hui certains druzes et chrétiens impliqués dans la répression menée par le régime Assad contre des citoyens syriens à Homs et d’autres régions de la Syrie.
Et d’ajouter, au sujet de cette exploitation des druzes par le régime syrien dans la répression : « Il y a de lourdes pertes au plan humain, parce que le régime syrien œuvre en alliance avec les minorités contre la majorité, qui est arabe sunnite. J’ai donc appelé les druzes dans l’armée syrienne à s’abstenir de suivre des ordres et à refuser de supprimer leurs frères à Homs et dans d’autres régions de la Syrie. J’ai aussi appelé les druzes du Djebel druze à ne pas soutenir le régime face aux révolutionnaires. Je salue également les militants et les activistes alaouites qui rejettent la répression menée par le régime. »
Walid Joumblatt a rendu hommage, dans ce cadre, aux « soulèvements héroïques » dans le Djebel druze. « Il y a des militantes et des militants actifs, à la tête desquels se trouve Mountaha el-Atrache (...) et d’autres que je refuse de nommer par crainte qu’ils ne soient exécutés ou arrêtés et torturés par le régime de Bachar el-Assad. C’est aujourd’hui Chahba qui se révolte, et demain ce sera l’ensemble du Djebel druze », a-t-il souligné.
Ne craint-il pas des représailles contre les Syriens druzes en raison de ses positions ? À cette question, M. Joumblatt a répondu : « Le régime d’Assad menace tout le monde, pas seulement les druzes. Lorsqu’on voit ce qui se déroule à Homs, cette ville vaillante qui est la Stalingrad de la révolution syrienne, l’on se rend compte que ma position est une position de principe, et non sectaire, fondée sur le soutien à la révolution légitime du peuple syrien, qui est aujourd’hui victime de la répression menée par le triptyque Iran-Russie-régime de Bachar el-Assad. Et le monde entier assiste, lui, aux massacres en cours à Homs sans rien faire. Or si le régime syrien écrase Homs, ce sera la chute de la révolution et la Syrie fera un saut dans l’inconnu. »
Le chef du Front de la lutte nationale a par ailleurs qualifié le veto russo-chinois au Conseil de sécurité d’« affront à la révolution du peuple syrien et aux révolutions arabes et syrienne ». « Il semble que la Russie a peur pour ses bases militaires à Tartous et Lattaquié et pourrait avoir peut-être des projets pétroliers, a-t-il déclaré. Quant à l’Iran, s’il veut garder sa seule ouverture sur la Méditerranée, cela passe nécessairement par une réconciliation avec le peuple syrien. Les trois, la Russie, l’Iran et le régime syrien, et peut-être aussi la Chine, ont des intérêts communs compte tenu de l’ampleur des richesses attendues en ressources pétrolières et gazières au large des côtes de la Syrie en Méditerranée, a-t-il indiqué. Serguei Lavrov m’a dit ce qu’il a dit aux autres : “Pas de solution au détriment d’Assad, pas de gouvernement d’union nationale au détriment d’Assad.” Il est ensuite venu à Damas et rien ne s’est produit. Or, sur le terrain, les mesures vont bon train pour annihiler une ville arabe qui s’appelle Homs, dont dépend le sort de la révolution syrienne. Le sort de la révolution dépend de la résistance ou de la chute de Homs, passage vers la Méditerranée. Et le monde entier assiste au carnage à Homs sans bouger le petit doigt », a ajouté Walid Joumblatt.
« L’Occident attend, comme d’habitude, de savoir qui va protéger la frontière nord d’Israël en lieu et place d’Assad. L’Occident organise des conférences qui ne mènent à rien et laisse le régime d’Assad tuer les gens. L’intérêt de l’Occident est que la frontière entre Israël et la Syrie ne soit pas secouée », a souligné le chef du PSP.
Rappelant que, contrairement aux allégations du régime syrien qui prétend combattre Israël, la trêve entre les deux pays tient depuis 1973, M. Joumblatt a estimé que la protection du régime syrien est en faveur d’Israël et non pas en faveur du peuple syrien. « Et l’Occident, avec sa duplicité habituelle, est complice. N’était-il pas en faveur de Hosni Moubarak, Ben Ali, Kadhafi et Ali Abdallah Saleh, avant de suivre les révolutions arabes et de les appuyer au lendemain de leur triomphe contre les dictatures, soutenues et protégées par l’Occident ? » a-t-il ajouté.
Il a en outre adressé, au passage, un camouflet à la Russie : « Elle est pour le moins étrange, la duplicité de certains pays, qui condamnent l’ingérence étrangère, mais fournissent en même temps au régime syrien des armes, du matériel et des experts. »
Estimant que la position du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, « s’oppose aux aspirations du peuple syrien à la liberté, à la dignité et au changement », M. Joumblatt a souhaité que « le Liban reste à l’écart des aventures sécuritaires ou autres ».
Il convient en outre de noter que Walid Joumblatt a reçu samedi à Moukhtara cheikh Ahmad el-Assir, une personnalité islamiste de Saïda politiquement hostile au Hezbollah.
Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/02/12 05:25 par Amsnay.
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Je donne une datte au pauvre, pour en goûter la vraie saveur.
Si Dieu ne nous pardonnait pas , son paradis resterait vide. P.arabes[/color]
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