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«J'étais en train de dormir, les CRS ont défoncé ma porte»
M
21 avril 2006 10:26
Nadim n'était pas chez lui quand ses voisins se sont fait expulser par les forces de l'ordre hier. Il accompagnait sa fille à l'hôpital. A l'aube, des dizaines de CRS ont enfoncé chaque chambre du 35 bis rue Dunois, un immeuble insalubre du XIIIe arrondissement de Paris, proche d'un autre, boulevard Vincent Auriol, détruit par un incendie à l'été 2005. «J'étais en train de dormir, confie Anapaulina, qui vit là depuis trois ans. Les CRS ont défoncé ma porte et m'ont entraînée dehors. Je n'ai même pas eu le temps de prendre mes affaires !»

L'immeuble de huit étages est à l'abandon depuis 2001. A cette date le propriétaire, un bailleur privé, a coupé l'électricité, l'eau, puis le gaz, «alors que les installations ne présentaient aucun danger», précise Patrick Samzun, membre du comité de soutien aux habitants du 35 bis rue Dunois. La majorité des familles ont alors choisi de quitter leur logement. «Depuis, cet immeuble est devenu une plaque tournante pour ceux qui cherchent un toit», dit un membre du cabinet de la mairie du XIIIe. Cinquante-sept personnes, selon le comité de soutien, y vivaient encore.

Lors de l'opération, cinq sans-papiers qui se trouvaient dans l'immeuble ont été menottés puis embarqués par les forces de l'ordre. Hier soir, quatre d'entre eux étaient toujours en rétention. Les autres habitants ont été dispersés par la préfecture, en banlieue, à Fleury-Mérogis, Saint-Maur ou Evry, où ils ont reçu un maigre «bon de logement d'un mois dans un hôtel», raconte un représentant de la mairie du XIIIe. Le comité de soutien, en partenariat avec le Comité des sans-logis et la fondation Abbé-Pierre a également organisé le relogement dans des hôtels d'une dizaine de personnes «mais à titre provisoire, malheureusement», déplore Patrick Samzun.

Nadim est également en situation irrégulière. Il habitait l'immeuble avec sa femme et ses deux enfants depuis quelques mois. «Moi et ma famille, on fait comment, maintenant ? Toutes nos affaires sont à l'intérieur ! On n'a plus rien !» lâche-t-il. Nadim ne peut pas les récupérer. «Des contrôles d'identité sont effectués. S'il essaie de monter dans son appartement, il va se faire arrêter sur le champ», explique-t-on au comité de soutien.

D'ailleurs, le ton monte assez vite quand les forces de l'ordre empilent des parpaings et des sacs de ciment devant l'immeuble. «Ils vont tout murer. On ne peut rien faire», soupire Catherine Beaumont, du comité de soutien. Une femme africaine, exaspérée, ramasse un bout de parpaing et le lance en direction des CRS. Ils chargent, deux, trois coups de matraque partent. Des renforts sont appelés. Deux camions des forces de l'ordre bloquent rapidement l'accès à l'immeuble.

Les habitants en situation régulière, rassemblés devant l'entrée, récupèrent leurs affaires au compte-gouttes. Oussama sort avec un matelas, puis une table de nuit et une valise. Youssou, qui craint de ne pouvoir récupérer ses effets, tente de forcer le barrage de policiers, sans succès. Sur une photo, on voit ses deux filles avec Jacques Chirac lors d'une cérémonie officielle. «C'est une honte ! C'est ça, la France ?» crie-t-il.


libération
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