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Irak : les regards se tournent vers les sunnites
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1 février 2005 14:39
Irak : les regards se tournent vers les sunnites
LEMONDE.FR | 01.02.05 | 09h15
A présent que l'échéance des élections irakiennes est dépassée, la question du partage du pouvoir - encore sous tutelle américaine - et de l'équilibre entre les différents courants politiques et religieux irakiens se retrouve au centre des préoccupations internationales. Le gouvernement irakien est invité à tendre la main aux sunnites, qui ont peu participé au scrutin et sont jusqu'ici restés à l'écart du terrain politique. L'enjeu est donc également la marginalisation des responsables de la guérilla ou du djihad.
George W. Bush a suggéré, lundi 31 janvier, au gouvernement provisoire irakien de faire en sorte que la minorité sunnite trouve sa place dans le processus politique en cours. De nombreux sunnites n'ont pas participé au scrutin, en signe de défiance ou sous l'effet des menaces d'attentats.

Sous le régime de Saddam Hussein, la minorité sunnite détenait le pouvoir en Irak. Mais la communauté chiite, majoritaire, devrait logiquement dominer la future Assemblée nationale irakienne.

La participation des sunnites à l'élaboration de la Constitution irakienne constitue donc un défi pour le gouvernement provisoire du premier ministre, Iyad Allaoui - un chiite -, et pour le président, Ghazi Al-Yaouar - un sunnite.

M. ALLAOUI INVITÉ À TENDRE LA MAIN

M. Bush s'est entretenu lundi matin au téléphone avec les deux hommes. "Le président et les deux dirigeants sont tombés d'accord pour dire qu'il fallait garantir que le processus politique englobe tous les Irakiens, qu'ils aient voté hier ou non", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan.

M. McClellan a ajouté que les dirigeants irakiens avaient exprimé leur volonté de tendre la main "à tous les Irakiens dans le cadre de leurs efforts visant à garantir que le processus politique n'exclue personne".

"Le processus constitutionnel doit se dérouler de façon à ce que toutes les sensibilités qui existent en Irak participent à l'élaboration de la Constitution", a déclaré de son côté le haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana.

Le président du Parlement européen, Josep Borrell, a lui jugé "vital que l'ensemble des communautés" soient incluses dans la préparation de la future Constitution irakienne.

Même si le résultat définitif des élections ne sera pas connu avant une semaine, les tractations de couloir ont déjà commencé pour négocier la composition du nouveau gouvernement. Les vraies tractations dureront une grande partie de février, une fois que les résultats seront connus et que seront répartis les 275 sièges de la nouvelle Assemble nationale, a-t-il estimé.

La tâche est monumentale, car il faudra prendre en compte la majorité chiite victorieuse, les Kurdes longtemps opprimés et les sunnites, dont les régions sont le fief de l'insurrection.

LES SUNNITES SUR LE TERRAIN POLITIQUE ?

Mais l'incertitude ne porte pas que sur la volonté d'ouverture des leaders chiites et kurdes. De nombreux responsables sunnites - chefs de tribus, membres du Comité des oulémas - ont jusqu'à présent refusé de pénétrer sur le terrain politique, appelant par exemple au boycott des élections.

Certains de ces leaders, liés ou non aux groupes armés nationalistes et islamistes, seront tentés de jouer encore la carte de l'insurrection pour empêcher la constitution d'un pouvoir échappant à leur emprise. Ces groupes pourraient recevoir le soutien d'Etats voisins gouvernés par des sunnites, que la formation d'un gouvernement dominé par les chiites en Irak, aux côtés de la République islamique iranienne, inquiète fortement.

Ainsi, le revers infligé par les Irakiens aux extrémistes islamistes, qui, malgré leurs menaces, n'ont pas réussi à les empêcher d'aller voter par millions, ne devrait pas mettre un terme aux attentats.

Le crash d'un Hercules C-130 britannique, qui a fait dix morts dimanche en Irak, pourrait n'être qu'un avant-goût de la vague terroriste à laquelle les Irakiens s'attendent. Une enquête est en cours pour déterminer les raisons de la chute de cet appareil.

Avant le scrutin, trois groupes fondamentalistes - l'Organisation Al-Qaida au pays du Rafidain (Mésopotamie) de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui, Ansar Al-Sunna et l'Armée islamique en Irak - avaient multiplié les avertissements, menaçant de s'en prendre à la vie des Irakiens qui oseraient participer au scrutin et promis de transformer "les noces électorales" en bain de sang.

Or les menaces n'y ont rien fait. Des millions d'Irakiens se sont rendus aux urnes, la participation aux premières élections multipartites en Irak depuis plus de cinquante ans étant nettement supérieure aux attentes, tandis que les actes de violence ont été relativement contenus, du fait de mesures de sécurité draconiennes à travers le pays.

Ce qui a fait dire à M. Allaoui que ces élections avaient constitué une "défaite des terroristes". "Les terroristes ont été vaincus hier. Les terroristes savent qu'ils ne peuvent pas gagner", a-t-il dit.

PERSISTANCE DU TERRORISME ?

"Il est clair que les groupes djihadistes ne sont pas parvenus à mobiliser les Irakiens et à entraver les élections, comme ils ont échoué en Arabie saoudite et aujourd'hui au Koweït", a estimé Abdelaziz Khamis, directeur du Centre saoudien des droits de l'homme, implanté à Londres.

Mais pour le rédacteur en chef du quotidien londonien Al-Qods Al-Arabi, Abdel Bari Atwan, "le déroulement des élections ne signifie aucunement la fin des groupes djihadistes". "Pour les groupes islamistes, il s'agit de poursuivre la confrontation avec les occupants américains au-delà des élections", souligne-t-il.

Dans un nouveau communiqué mis en ligne lundi, le groupe de Zarkaoui se vante d'avoir empêché l'organisation des élections dans certaines régions d'Irak, notamment sunnites, minimisant l'impact du scrutin sur ses actions dans ce pays.

"Ces élections et leurs conséquences ne feront que renforcer notre détermination à vaincre ce qui est [religieusement] faux, (...) et jusqu'à l'établissement d'un Etat [islamique]", lit-on dans le texte.

L'Organisation Al-Qaida en Irak qualifie de "jeu américain" le scrutin de la veille et s'engage à poursuivre sa "guerre sainte" dans le pays. "Au sein de l'Organisation Al-Qaida pour la guerre sainte en Irak, nous continuerons la djihad [guerre sainte] jusqu'à ce que la bannière de l'islam flotte au-dessus de l'Irak", déclare le groupe dans ce communiqué diffusé sur un site Internet où elle qualifie la démocratie de "non islamique".

"Ce n'est qu'un jeu des Américains dont ils pensent qu'il va les protéger (...). Nous sommes les ennemis de la démocratie et de ce ceux qui la soutiennent, et nous n'accepterons que le pouvoir de Dieu et de Son Prophète, pas celui [du président américain, George] Bush ou [du premier ministre provisoire irakien, Iyad] Allaoui."

Lemonde.fr, avec AFP et Reuters


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1 février 2005 17:20
Les sunnites ont pour, la majorite boycotte les elections...no tears there!
 
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