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Information...désinformation?
M
22 janvier 2005 21:22
Objet : pour lutter contre la désinformation mondialisée...


Partons d'un événement incompréhensible. Qui connait la Colombie? ...

Qu'est-ce que la Colombie pour un Français? Savent-ils seulement ce qui s'y
passe en dehors de l'enlèvement d'Ingrid Bétancourt? Du narco-trafic?
Savent-ils qu'une oligarchie impitoyable aux ordres des USA gouverne ce
pays où les grands propriétaires fonciers ont leur armée privée soutenue
par celle de l'État qui traque les paysans, les tue...

Savent-ils qu'en décembre 2004, de la Colombie est partie une bande de
terroristes qui a violé la souveraineté de l'Etat Venezuelien et enlevé
Simon Trinidad, un dirigeant des FARC.

Que cette bande de terroristes a agi avec l'accord du gouvernement
colombien et son président Uribe, totalement inféodé aux USA, qui ont fait
de la Colombie la base arrière menaçante de tous les processus
révolutionnaires en Amérique latine. Savent-ils que récemment
l'hebdomadaire Neewsweek (janvier 2005), à partir de documents déclassifiés,
a montré que le président Uribe a été étroitement lié au baron de la drogue
Pablo Escobar? Dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres en Amérique
latine, on retrouve les mêmes ingrédients, terrorisme, liens entre mafia de
la drogue et CIA, gouvernements corrompus émanant d'une oligarchie
maintenant sur le peuple un pouvoir d'un autre âge.

Que ce viol de souveraineté de l'État vénézuélien n'est que la pointe de
l'iceberg. Si les USA n'étaient pas empêtrés en Irak, il y a longtemps
qu'ils seraient intervenus militairement au Venezuela, pour le moment ils
mènent une guerre de basse intensité à partir du territoire colombien, il y
a déjà eu des coups d'État contre Chavez, des tentatives permanentes de
dé-stabilisation comme celles menées depuis plus de 40 ans contre Cuba.
Avec dernièrement l'assassinat d'un procureur.

Pendant ce temps soit notre presse se tait, soit elle crée un rideau de
désinformation devant les luttes populaires et devant le terrorisme US,
elle organise sur le thème des droits de l'homme bafoués des campagnes
mensongères, des leurres. Nous sommes encore et toujours devant le système
de propagande qui en 89 a mobilisé l'opinion publique sur le faux charnier
de Timisoara (Roumanie), alors que l'aviation américaine au même moment
bombardait le Panama et y faisait plus de 3000 morts. Ou encore l'opinion
publique française mobilisée autour du faux poète paralytique Valladeres
cubain (qui n'était ni poète, ni paralytique), tandis que les escadrons de
la mort violaient, torturaient et massacraient plus de 100.000 habitants du
Guatemala. Pas un journal, pas un hebdomadaire pour en parler...

Qui sait contre quoi se battent les peuples?

Peut-être si nous n'étions pas maintenus dans une telle ignorance de ce qui
se passe chez les autres peuples, découvririons-nous que ce contre quoi
nous luttons est semblable. Que la révolte qui enflamme l'ensemble du
continent sud-américain est partie du refus des politiques néo-libérales et
de la tentative nord-américaine d'imposer l'ALCA (en français la ZLEA: zone
de libre échange des Amériques). C'est-à-dire dans le fond, la même
histoire que la notre à nous peuples européens.

Au même moment où les salariés français descendent dans la rue pour lutter
contre le démantelement des services publics, la privatisation tout
azimuth, la mise en concurrence impitoyable de toute notre vie,au même
moment où ils constatent que leurs salaires stagnent, que les prix montent
et que leur pouvoir d'achat se réduit, que le chômage croît, en Amérique
latine les peuples font le même constat, glissent dans la pauvreté.

Au même moment où l'on tente de nous imposer une Constitution européenne
qui organisera légalement la mise en concurrence, l'impossibilité pour les
États-Nations de résister, les peuples sud-américains résistent
victorieusement à l'ALCA, non seulement chaque élection voit le triomphe de
gouvernements qui affirment leur refus du néo-libéralisme et leur refus de
l'ALCA, mais quand la gauche traditionnelle cède comme le PS ici, elle est
balayée.

Un autre projet continental: l'ALBA

Mieux, impulsé par le Venezuela et Cuba, est proposé une autre intégration
du continent sud américain, L'ALBA (bolivarienne) opposée à l'ALCA. Quelles
en sont les principes:

- partir du constat que l'échange dans la mise en concurrence, la rivalité,
ne peut qu'accroître le sous-développement, l'enrichissement des plus
riches et l'appauvrissement des autres. Que s'accrocher au marché mondial
ou au marché régionaux sur de tels principes engendre misère, inégalités et
sous développement de zones entières.

- Si un État ne conserve pas un minimum de leviers, livre son économie aux
multi-nationales, il sera quelle que soit son idéologie contraint de céder
à cette mise en concurrence destructrice.

- De surcroît, il faut conserver le principe d'accords bi-latéraux
mutuellement avantageux. Faire reposer l'intégration bolivarienne sur une
conception non de rivalité mais de solidarité, d'aide mutuelle à partir des
spécificités de chaque pays.

Une politisation sans modèle:

l'ensemble du sous continent américain vit en ce moment même une
politisation accelérée, dont les victoires électorales de ceux qui
résistent au projet néo-libéral ou affirment vouloir le faire, n'est que la
traduction partielle. 2004 a vu ainsi se succéder sur tout le continent les
victoires électorales appuyées sur des forts mouvements populaires.

Partout nous assistons à l'alliance entre mouvements populaires, États
décidés à lutter et intellectuels critiques qui dénoncent la
désinformation. Car la situation de la presse officielle en Amérique latine
est la même que la notre, mais les soulevements populaires apportent un
autre contexte, dans lesquels les médias alternatives (internet, radios
libres) jouent un grand rôle.

Les peuples parlent de l'essentiel, ils ne s'interrogent pas sur qui de
Chirac ou Sarkozy, de Jospin ou Hollande gagnera pour mener la même
politique comme chez nous, ils parlent de leurs emplois, de leurs salaires,
mais aussi de souveraineté nationale, de mise en concurrence néo-libérale,
de pillage de leurs ressources nationales. Ce retour à la souveraineté
nationale s'accompagne d'une connaissance des résistances et les indiens
défilent avec des drapeaux palestiniens ou irakiens. Ils connaissent les
propositions bolivariennes, en discutent.

Quand comprendrons-nous que l'ignorance dans laquelle on nous maintient et
qui fait que nous finissons par être infiniment moins informé que l'indien
dans l'équateur qui lie son sort à la dé-dollarisation, au refus du pillage
néo-libéral et que malgré notre morgue de peuple occidental, nous sommes
devenus des ignorants manipulés....

Danielle Bleitrach

Rendez-vous au 9 rue chevalier Roze à Marseille (métro vieux port) le
vendredi 21 janvier à 18 heures
à l'invitation de Marseille-citoyenne
et d'Attac des quartiers nord, de COMAGUER, de France Cuba
Conférence-débat autour du livre Cuba est une île, avec ses auteurs
Danielle Bleitrach et Viktor Dedaj.
Le thème en est Cuba dans l'Amérique latine.

Extrait de Cuba solidarity project
 
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