Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Histoire. Le Che, le Polisario et nous
2
6 novembre 2005 11:17
Magnifico”, livre récemment paru, ses années passées aux côtés de Che Guevara et Fidel Castro. Au passage, il évoque les rapports tissés avec leur allié algérien et son futur protégé, le Polisario. Révélations.


“El Magnifico est son surnom lorsqu'il prend part, aux côtés de Fidel Castro et Che Guevara, à la révolution cubaine. Juan Vivès, de son vrai nom, formé par la suite par le KGB et membre du tristement célèbre G2 (services secrets cubains) nous emmène dans les coulisses du
régime castriste qu'il a servi durant une vingtaine d'années avant de s'exiler en France en 1979. Ce témoignage (un peu tardif, il faut le reconnaître) apporte des révélations pour le moins surprenantes. Il nous apprend que l'ETA, les FARC et le Polisario sont une création de la Havane, que Castro serait pour beaucoup dans la mort du Che, qu'Arafat était un pion et des cubains et des soviétiques. “Arafat fut filmé, dès son deuxième voyage à la Havane, dans des situations compromettantes avec des membres de son escorte… à partir de ce moment là, on le fit chanter sans arrêt”. Juan Vivès prend également le temps de démonter pièce par pièce, l'image du personnage mythique qu'a été le Che et sa capacité à diriger. L'ouvrage est bondé de détails sur cette période. Seul hic : il repose sur la parole d'un homme. Mais Vivès est conscient de sa radicalité. “Ce livre, je le sais, est une condamnation à mort”. Qu'importe, vu d'ici, ce témoignage est plein d'enseignements, sur la genèse du Polisario en l’occurrence, l'implication de l'Algérie et, subsidiairement, une thèse à propos de l'assassinat de Ben Barka. Extraits.

Polisario
Quand nous fûmes arrivés (en 1963) dans les locaux de la présidence, Ben Bella voulût que nous rencontrions des groupes qui étaient en lutte contre le colonialisme espagnol… Le Che prit la question en main et nous nous documentâmes sur cette histoire. La lutte pour l'émancipation du Sahara espagnol durait depuis plus de cent ans, sous des formes diverses. En 1957 et 1958, l'Espagne, la France et le Maroc avaient organisé une opération de répression pour étouffer toute velléité d'indépendance. Cette opération avait reçu le nom de code d'“Ouragan”… Une fois la documentation consultée, nous demandâmes plus de détails au KGB… Le Che décida qu'on les aiderait à former un mouvement de libération à caractère politique qui aurait son siège en Algérie, et le MLS (Mouvement de libération du Sahara) vit le jour… Le Che informa la Havane que les cadres de ce mouvement seraient envoyés à Cuba pour se former aux théories marxistes. La question était de savoir comment concilier tout ça avec la religion musulmane. Le Che nous fit un exposé sur le socialisme arabe de Nasser ; c'est sûr que les contradictions paraissaient évidentes, mais cela n'empêcha pas des centaines de Sahraouis de s'envoler pour Cuba afin d'y recevoir une formation comme cadres politiques, d'autres comme étudiants et même des enfants qui furent arrachés à leurs familles pour faire leur scolarité sur l'île de la jeunesse…
Fidel comprit que le mouvement politique ne suffisait pas. Des camps d'entraînement militaire s'ouvrirent à partir de cette date (1970) en Algérie, et, entre 1971 et 1972, le MLS changea de nom pour laisser la place au Front Populaire pour la libération de Saguia El Hamra et de Rio de Oro (front polisario)… L'histoire retiendra donc que les deux plus anciennes organisations armées de la planète, l'ETA et le Polisario ont été développées par Cuba et la seconde en particulier par le Che en personne. J'ai moi-même aidé les Sahraouis dès le début, quand leur combat prenait la forme d'un mouvement politique et plus tard aussi dans le cadre de la lutte armée… Aujourd'hui, le Polisario s'est islamisé, et des centaines de membres d'Al-Qaïda ont rejoint ce mouvement après leur défaite en Afghanistan, mais ça c'est une autre histoire.

Ben Barka
Je ne peux affirmer précisément si l'assassinat de Ben Barka, futur président de la Tricontinentale, fut ou non une vengeance du Maroc face à l’ingérence de Cuba et de l'Algérie dans ses affaires intérieures. En tout cas, à la suite de cet assassinat, Fidel fut pris d'une de ces colères dont il a seul le secret, et il jura que le Maroc serait une terre de vengeance.

.......
.......
[www.telquel-online.com]
La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook