Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Ibn Hajar Al Asqalani était-il asharite?
a
10 avril 2012 11:50
Assalam alaikoum

Il est désormais habituel d'entendre de la part des soufis asharites que les imams Ibn Hajar ou An Nawawi étaient asharites.
Ils ne veulent pas comprendre que les asharites font bien partie des ahl ul kalam
Et ce n'est pas parce que l'imam ibn hajar amir al muminin fil hadith est tombé dans la tawil à cause de l'ambiance asharite qui régnait à son époque que cela fait de lui un asharite dans la aqidah.

Pourquoi? Car être asharite n'est pas uniquement un qualificatif de la position d'un musulman dasn les Sifatullah

On lit dans fath ul bari (kitab ul imane)
[www.asharis.com]

L'imam Ibn Hajar cite une tête de file des asharites Abu Jaafar as simnaanee disant que la première obligation d'un musulman est de prendre connaissance et de réfléchir et d'acquérir la connaissance (maarifah) d'Allah avec les preuves intellectuelles rationnelles
Ceci est un des problèmes du groupe Mutazilite qui a perduré dasn le groupe asharite.
Ce qui n'est pas du tout accepté par Ibn Hajar et dans le kitab at tawheed, à propos de la parole d'ibn fawrak élève d'abul hassan al ashari

Dans le scan présenté plus haut, Ibn Hajar réfute cela après avoir cité l'imam al juwaynee
Il cite le verset 30:30
30. Dirige tout ton être vers la religion exclusivement [pour Allah], telle est la nature qu'Allah a originellement donnée aux hommes - pas de changement à la création d'Allah -. Voilà la religion de droiture; mais la plupart des gens ne savent pas.

et le hadith à propos de l'enfant qui est né sur la fitrah

Il conclut en disant que ces deux preuves sont claires quant à la fausseté de ce principe des asharite...


Ibn Taymiyyah dans Dar' ut-Ta'aarud (8/6-10) dit:
Le Prophète n'a demandé à personne de contempler la nature (et de déduire l'existence de Dieu avec) mais il a invité les gens à prononcer les deux témoignages (shahada) en premier et c'est ce qu'il a demandé aux compagnons.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 10/04/12 11:50 par as300.
a
10 avril 2012 11:56
Assalam alaikoum

Kitab ul Qadr

[www.asharis.com]

A propos du hadith parlant de celui qui est destiné à l'enfer alors qu'il fait les actions des gens du Paradis, etc...

Ibn Hajar cite les hanafites et les asharites comme des groupes, pas comme un groupe où il s'apprenterait
Il suffit de lire le passage en arabe pour s'en rendre compte....

[www.asharis.com]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 10/04/12 11:58 par as300.
f
10 avril 2012 16:48
Non mais les asharite est tout groupe d'innovation invente des mensonge dans peu de temp il nous dirons que imam malik et Ahmad sont asharite alors qu'il on pas du tout leur croyance...eux il disent qu'Allah est au dessus de son trône au dessus des cieux

Yousoûf Ibn Moûsâ Al-Qattân dit : « On a dit à Abou Abdoullah Ahmad Ibn Hanbal : « Allah est au dessus du septième ciel sur Son Trône, séparé et distinct de Sa création, et Sa puissance et Sa science sont en tout lieu ? » Il répondit : « Oui, Il est sur le Trône et aucun endroit n'échappe à Sa science. »
: Ce récit est rapporté par Al-Lâlakâ'î dans «charh i`tiqâd ahl as-sounna» (3/402). C'est également rapporté par Al-Khallâl dans «as-sounna» d'après son shaykh Yousoûf Ibn Moûsâ Al-Qattan , comme c'est mentionné dans «kitâb al-'arch» d'Adh-Dhahabi (2/247) et dans «al-'oulouww» (p. 176), avec une chaîne de transmission authentique.

 
L'imam Adh-Dhahabi rapporte dans «moukhtasar al-'oulouww» ce qui suit (à la page 140) :
 

 
Traduction :

  Abdoullah Ibn Ahmad Ibn Hanbal rapporte dans «ar-radd 'alâ al-jahmiyya» ce qui suit : «Abou Abdoullah Ibn Nâfi' nous a relaté (et il a cité sa chaîne de transmission) d'après Mâlik  les propos suivants : "Allah est au dessus du ciel, et Sa cience est en tout lieu, rien ne Lui échappe "

a
11 avril 2012 14:16
Assalam alaikoum

Muhammad al Maghribi a un certain nombre de positions limites: je me contente de citer sa position sur le sujet qui nous concerne

Suite à la question au sujet des Gens de la Sunna (ahl al-Sunna), un frère, en commentaire, a posé cette question au shaykh Muhammad al-Maghribî

[Dans votre réponse, vous dites :] « Certains savants de la Sunna soutiennent certains avis qui font partie du dogme des acharites, des mu’tazilites, des kharidjites ou d’autres sectes. On ne doit pas les identifier en fonction de ces erreurs ou déviations, c’est-à-dire qu’on ne qualifie pas un savant d’Acharite juste parce qu’il rejoint les Acharites dans une ou deux questions de dogme. On le juge en fonction de ce qui prédomine chez lui. Des exemples de ce genre sont nombreux (Ibn Hajar, An-Nawawî, As-Suyûtî, Ibn Hazm). »

Serait-il possible de donner des explications en prenant pour exemple le cas de l’imam An-Nawawî, qu’Allah lui fasse miséricorde. C’est-à-dire, tout en prenant son cas, expliquer en quoi il a eu des avis faux tout en restant dans la vérité (al-haqq) en général. Je me pose cette question parce que certains prédicateurs (Al Qardawi…) disent qu’An-Nawawî était acharite, et donc qu’il n’y a pas de problème à prendre la science des acharitres.

WAllahu a’lam.

Le shaykh Muhammad al-Maghribî — qu’Allah le préserve et le récompense ! — a répondu comme suit :

An-Nawawî et Ibn Hajar sont des savants de la Sunna. Leurs sources sont le Coran, la Sunna et l’ijmâ` comme tout savant des Gens de la Sunna. Ils ont fait l’explication de deux grandes références des Gens de la Sunna, à savoir le sahîh d’Al-Bukhârî et le sahîh de Muslim. Que comporte ces deux livres si ce n’est les propos du Prophète – صلى الله عليه وسلم -, les propos des Compagnons et des meilleurs savants des trois meilleurs siècles que le Prophète – صلى الله عليه وسلم – a loués.

Concernant maintenant les Acharites, c’est une secte qui est apparue après les trois meilleurs siècles. Elle est née du Mutazilisme. Abû Al-Hasan Al-Achari était mutazilite, puis il a fondé sa propre doctrine pour adopter à la fin de sa vie le dogme des Gens de la Sunna comme le prouve son dernier livre Al-ibâna.

Les Acharites ont inventé des règles qu’ils ont considérés comme des réalités admises par la raison -qat`iyyât `aqliyya- et ils ont soumis la religion à ces règles. Ce qui est en accord avec ces règles, ils l’acceptent tandis que ce qui n’est pas en accord avec ces règles, ils lui donnent une interprétation de manière à ce qu’il soit conforme à leurs découvertes intellectuelles ou le rejettent s’il s’agit d’un hadith rapporté par une ou deux chaînes de transmission -hadith âhâd- sous prétexte qu’il est affaire de présomption -zannî- et qu’il n’apporte pas la science certaine, chose que réfutent catégoriquement Ibn Hajar et An-Nawawî.

Quelle est la source d’inspiration des Acharites pour inventer ces règles ? C’est surtout la philosophie grecque. Rappelons que, sous l’influence des Mutazilites, le calife Abbasside Al-Ma’mûn fonda à Bagdad « La maison de la sagesse », une académie qui s’occupa de la traduction des manuscrits grecques en arabe, des livres d’astrologie et d’autres. La philosophie grecque et aussi des doctrines païennes des Perses et des Brahma ont contaminé le dogme islamique. Du mélange de la philosophie et du dogme islamique est né ce qu’on appelle `ilm al-kalâm (thélogie dogmatique islamique d’inspiration philosophique).

C’est en s’inspirant du `ilm al-kalâm que les Acharites ont nié l’installation d’Allah sur le Trône, Sa venue le Jour dernier, qu’Il se courrouce, qu’Il agrée, qu’Il rit et ont soutenu que le Coran est une traduction ou une transmission de la parole d’Allah et non la parole d’Allah elle-même, etc. Voilà en gros comment ils justifient leur négationnisme : « Ces attributs sont des accidents -a`râd-. Si nous attribuons à l’Eternel -qadîm- ces qualificatifs, nous ferons de Lui un lieu d’inhérence d’adventices -mahall li-l-hawâdith-. Et ce qui est un lieu d’inhérence d’adventices est Lui-même adventé. Ce qui est impossible concernant Allah ». Dans leur traité de profession de foi on trouve écrit qu’Allah n’est ni un corps, ni un accident, ni une substance, qu’Il est trop transcendant pour qu’Il soit situé dans quelque direction -jiha-, ou pour occuper un quelconque emplacement, que Ses attributs sont éternels résidant dans Son essence, qu’ils ne doivent être ni identiques à Lui, ni autres que Lui, ni non identiques à Lui, ni autres que Lui. Autant de mots que ni le Prophète – صلى الله عليه وسلم -, ni ses Compagnons, ni les tâbi’înes, ni les quatre fondateurs des écoles juridiques (Abû Hanîfa, Mâlik, Ash-Shâfi`î et Ahmad) n’ont employés. On ne trouve ces mots que dans les livres des philosophes athées ou polythéistes.

Ce dogme, ainsi que celui des mutazilites, des kharidjites, des chiites et d’autres sectes, sont incompatibles avec la simplicité de notre religion, réfutables par la raison saine et que la nature humaine -fitra- repousse. Les musulmans, de par leur prime nature, suivent spontanément la voie de la Sunna.

Ibn Hajar a sévèrement condamné le `ilm al-kalâm et le ta’wîl qui se fait sur sa base et a critiqué nommément les Acharites dans son livre Fath al-bârî et dans d’autres livres. Il les a contredit dans des points de doctrine qui sont caractéristiques de leur credo, comme la définition de la foi, la question des actes du cœur, la question de la parole d’Allah. Il a réfuté leur doctrine au sujet du premier devoir qui incombe à l’assujetti. Ils soutiennent que quand l’enfant atteint l’âge de la puberté, il doit faire réflexion sur lui-même et sur le monde qui l’entoure pour conclure enfin qu’il a un Créateur. Il leur a répondu par le hadith : « Tout nouveau-né naît selon la prime nature » et d’autres preuves. Dans son explication du Kitâb at-tawhîd du sahîh d’Al-Bukhârî, Ibn Hajar a critiqué Ibn Fawrak, l’un des maîtres des Acharites, pour ses interprétations métaphoriques, et il fait prévaloir le manhaj des trois premiers siècles.

Le grand théoricien de l’Acharisme est Al-Fakhr Ar-Râzî -m. 606 de l’hégire-, suivi d’Al-Âmidî -m. 631H-, puis d’Al-Armawî -m. 682-. Or en lisant leur biographie dans Lisân al-mîzân d’Ibn Hajar, il est impossible de croire un seul instant qu’il suit leur doctrine. Il a cité les graves déviations d’Al-Armawî et a dit au sujet d’Al-Fakhr Ar-Râzî : « Il a laissé un testament qui prouve qu’il a corrigé sa croyance » !

On peut en dire autant concernant l’imâm An-Nawawî. Il est un savant qui s’est consacré toute sa vie à la science du Hadith, loin des présomptions des philosophes et des théologiens scolastiques -mutakallimûn-. Ses sources, ses références et son mode d’argumentation ne sortent pas, dans l’ensemble, de la voie des Gens de la Sunna. Il a défendu la voie des pieux prédécesseurs et réfuté les mutazilites, les jahmites, les murjiites et les karramites qui sont des sectes qui ont inspiré l’acharisme [1]. Comme Ibn Hajar, An-Nawawî a contredit les Acharites dans des choses qui constituent les principes de leur credo comme la définition de la foi et le fait qu’elle augmente et diminue, le premier devoir qui incombe à l’assujetti et le fait que le hadith âhâd est un argument d’autorité scripturaire.

Il est vrai que l’imâm An-Nawawî a rejoint les Acharites dans certaines questions, notamment la question des attributs d’Allah. Il a donné des interprétations métaphoriques de certains attributs comme la colère d’Allah, Sa satisfaction, Son rire, la descente d’Allah au dernier tiers de la nuit, la venue d’Allah le Jour dernier, la main d’Allah, etc. Il a également remis le sens de certains attributs à Allah -tafwîd- [2].

Une question mérite d’être posée : « Le fait qu’Ibn Hajar et An-Nawawî usent du ta’wîl et du tafwîd comme les acharites suffit-il pour les classer dans cette secte ? ». La réponse est non. Les Acharites recouraient au ta’wîl et au tafwîd quand ils voyaient que le sens explicite des textes de la Révélation contredisait les principes qu’ils se sont imposés au départ et qu’ils appellent des réalités rationnelles catégoriques. En soumettant la religion d’Allah à leurs principes qu’ils ont empruntés de la philosophie grecque et par lesquels ils se sont distingués de l’ensemble de la communauté, fait d’eux des gens de la bid`a. Cela n’est absolument pas le cas d’Ibn Hajar et d’An-Nawawî. Ces deux éminents savants ont usé d’un ijtihad et leur ijtihad les a menés au ta’wîl et au tafwîd. Les arguments sur lesquels ils se sont fondés, leur mode d’argumentation et même le langage qu’ils ont employé sont tout à fait différents de ceux des Acharites, un fossé aussi large que celui qui sépare les Gens de la Sunna des gens de la bid`a. Les arguments d’Ibn Hajar et d’An-Nawawî sont tirés du Coran, des hadiths et des paroles des pieux prédécesseurs, et si An-Nawawî est tombé dans le tafwîd, c’est parce qu’il considérait que c’est la voie du salaf et il a été influencé dans le ta’wîl par son shaykh Al-Mâzirî et Al-Qâdî `Iyyâd. Les arguments des Acharites sont surtout des propos de philosophes et de théologiens scolastiques et on constate chez eux une carence en arguments scripturaires. Le mode d’argumentation de ces derniers consiste à faire prévaloir les arguments rationnels sur les textes de la Révélation -naql- [3], ce qui est l’inverse concernant Ibn Hajar et An-Nawawî. Le langage des Acharites (lieu d’inhérence d’adventices, substance, accident, etc.) est un langage philosophique tandis que le langage d’Ibn Hajar et d’An-Nawawî est un langage traditionaliste caractéristique des Gens du Hadith.

Ibn Taymiyya a dit à propos de ceux qui commettent une bid`a : « S’ils ne font pas de la bid`a qu’ils ont inventée un credo par lequel ils se séparent de la communauté des musulmans et sur la base duquel ils s’allient avec certains et se déclarent des ennemis des autres, cette innovation est considérée comme une simple erreur. Or Allah pardonne aux croyants les erreurs de ce genre. D’ailleurs, beaucoup de pieux prédécesseurs de la communauté et ses imâms ont soutenu, suite à un ijtihâd de leur part, des thèses qui divergent de ce qui est établi par le Coran et la Sunna. Par contre, ceux qui s’allient avec ceux qui sont d’accord avec eux, se font les ennemis de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, créent des divisions au sein de la communauté des musulmans, qualifient leurs adversaires de mécréants ou de pervers dans les opinions personnelles et les questions qui relèvent de l’ijtihâd, considèrent licite de combattre leurs contestataires et épargnent ceux qui les approuvent, ceux-là font partie des adeptes de la division et de la divergence » [4].

Un point mérite toutefois d’être souligné, c’est que les Acharites sont plus proches des Gens de la Sunna que les autres sectes. Ils défendent tous les deux les Compagnons du Prophète – صلى الله عليه وسلم -. Au sein de l’Acharisme, il y a des tendances extrémistes qui sont très imprégnés par le `ilm al-kalâm, manquent d’arguments scripturaires et sont hostiles aux pieux prédécesseurs, et des tendances tellement proches de la voie de la Sunna que la limite devient indiscernable entre elles.

De toute façon, ce qui compte ce sont les réalités et non les noms. Le savant qui sanctifie les textes de la Révélation, qui appuie ses arguments par les propos des pieux prédécesseurs et qui ne fait prévaloir sur eux ni opinions personnelles, ni idées philosophiques, ni dévoilements ésotériques -kashf-, ni passions, ni gustation mystique -dhawq-, ni songe, est un savant sunnite et ce, même s’il rejoint les acharites ou les mutazilites ou autres dans certaines de ses interprétations. L’imâm Adh-Dhahabî a dit : « Quant à celui qui fait partie des imâms de la science les plus éminents, à savoir quelqu’un qui a raison dans beaucoup de questions, qui est connu pour sa rigueur dans la recherche de la vérité, son savoir large, son intelligence manifeste, sa piété, son scrupule et sa conformité à la Sunna, nous devons lui pardonner ses erreurs et ne pas le qualifier d’égaré, l’ignorer et oublier ses bonnes actions. Certes nous ne devons pas le suivre dans sa bid`a ou dans son erreur, mais nous implorons Allah de les lui pardonner. » [5]

Ibn Al-Qayyim a dit : « Parmi les règles de la charia et de la sagesse, il y a celle-ci : celui dont les bonnes actions sont nombreuses et éminentes et qui a rendu d’éminents services à l’Islam, nous devons tolérer ses erreurs plus que nous tolérons les erreurs des autres et nous devons lui pardonner ce que nous ne pardonnons pas aux autres. » [6]

Les Gens de la Sunna traitent les sectes avec équité et justice, acceptent la vérité quand elle vient d’elles et profitent de leur savoir quand il est conforme à la voie de la Sunna tout en mettant en garde contre leurs hérésies et innovations. Ainsi les exégètes arguent de certains propos de Az-Zamakhsharî qui est un mutazilite, surtout ses déductions en matière de l’art de l’éloquence et de la rhétorique.

Les Gens du Hadith acceptent les hadiths rapportés par les mubtadi` si ceux-ci sont dignes de confiance. Dans son étude du cas d’Abân b. Taghlib, l’imâm Adh-Dhahabî a dit : « C’est un fervent chiite, mais il est quelqu’un de sincère. Ce qui nous intéresse c’est sa sincérité et nous lui laissons sa bid`a. Son honorabilité a été attestée par Ahmad b. Hanbal, Yahyâ b. Ma`în et Abû Hâtim. » [7]

Le muhaddith Ahmad Shâkir a dit : « Ce qui compte dans le domaine de la transmission du hadith, c’est la sincérité du rapporteur, sa probité, sa piété et sa noblesse de caractère. Celui qui examine les chaînes d’autorités et le mode de transmission des hadiths constate que beaucoup des gens de l’innovation -ahl al-bida`- sont dignes de foi et on peut leur faire confiance. » [8]

Conclusion :

Qu’on les appelle acharites ou gens de la Sunna, Ibn Hajar, An-Nawawî, As-Suyûtî, Ibn Al-Jawzî sont nos savants et nos références. Bien plus, nous profitons de la science des savants qui sont proches de l’acharisme ou qui se réclament acharites. Ainsi nous profitons de l’imâm Al-Ghazâli en matière d’éthique, d’éducation et dans d’autres domaines, du livre des religions et des sectes de Ashahrastânî, du livre d’exégèse d’Al-Fakhr Ar-Râzî, des livres sur la défense du Coran et son inimitabilité d’Al-Baqillânî, des livres des principes de droit d’Al-Âmidî, etc. Seulement il faut avoir un certain niveau de science pour pouvoir faire le tri entre ce qui est conforme à la Sunna de ce qui ne l’est pas. Le recours aux savants de la Sunna est parfois nécessaire avant de lire ces livres.

[www.alistiqlal.net]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 11/04/12 14:21 par as300.
a
11 avril 2012 14:17
Après cette réponse du shaykh, je lui ai posé cette question : « Mais justement, comment faire la liaison entre certains salafs qui blâmaient farouchement le simple fait de fréquenter les assises des innovateurs et de prendre la science d’eux, ou bien quand ils disaient que « la science, c’est la religion, regardez donc de qui vous la prenez » et entre cette explication que tu as donné ? Wa jazâkAllahu khayran.

Le shaykh — qu’Allah le préserve ! — me répondit comme suit :

Cher frère, tu viens de soulever une question au seuil de laquelle beaucoup de pieds avaient glissé, à savoir celle de la mise à l’index de l’innovateur -hajr al-mubtadi`-, et le fait de ne pas prendre la science de lui est une implication de ce hajr.

Avant de mettre à l’index un innovateur, il faut d’abord s’assurer que c’est un innovateur, c’est-à-dire appartenant à l’une des sectes qui divergent de la Sunna et qui se ramifient à partir de quatre grandes sectes : les kharidjites, les chiites, la qadarites (mutazilites), les murjiites comme ont dit Yûsuf b. Asbât et Abd Allah b. Al-Mubârak [9] et la qualification de quelqu’un d’innovateur est un hukm shar`î (jugement légal), or un hukm shar`î exige des arguments légaux évidents et péremptoires. Quant à qualifier un sunnite d’innovateur sur la base d’une erreur que celui-ci a commise, ou par envie et jalousie, ou rancune, ou pour des raisons personnelles, ou parce que celui-ci n’est pas d’accord avec le shaykh qu’on imite aveuglément, comme ce qui se passe aujourd’hui entre certains salafis, c’est un tabdî` qui n’est pas légitime, qui est loin de la voie des pieux prédécesseurs et qui ne fait que créer des divisions. Dans son exposition du cas de Muhammad b. Nasr Al-Marwazî, l’imâm Adh-Dhahabî a dit : « Si à chaque fois qu’un imâm commet dans une question déterminée une erreur pardonnable, nous nous dresserons contre lui en le taxant de mubtadi` et en le mettant à l’index -hajr-, personne ne sera épargné, ni Ibn Nasr, ni Ibn Mandah, ni même des savants plus éminents qu’eux. Or c’est Allah qui guide les créatures vers la vérité et Il est le plus Miséricordieux des miséricordieux. Qu’Allah nous préserve de la passion et de la rudesse ! » [10]

Il existe une règle fondamentale à retenir à ce sujet, c’est que la légitimité du hajr est circonscrite par des critères légaux qui reposent sur la réalisation des avantages et le repoussement des dommages. Un hajr qui n’attire pas d’avantages et qui ne repousse pas de dommages n’a aucune valeur. Ibn Taymiyya a dit : « Le hajr est une mesure qui dépend de ceux qui le pratiquent : sont-ils forts ou faibles, majoritaires ou minoritaires ? Car le but du hajr c’est de réprimander la personne mise à l’index, le remettre sur la bonne voie -ta’dîb- et dissuader les gens du commun de l’imiter dans sa déviation. Si l’avantage qui réside dans le hajr est dominant, de sorte qu’il entraîne la faiblesse du mal ou sa disparition, il est légitime ; si, par contre, ni la personne mise à l’index, ni ses semblables ne sont dissuadés et que le mal ne fait que proliférer tandis que celui qui pratique le hajr est faible, si bien que le dommage qui résulte de ce hajr est supérieur à l’avantage qu’il apporte, il n’est pas permis de pratiquer le hajr. Dans un cas pareil, le ralliement des cœurs de certains est plus utile que le hajr. » [11]

Autre chose, il faut se mettre dans le contexte et dans l’époque où ce genre de mise à l’index et de mise en garde ont été pratiquées. C’était une époque où les Gens de la Sunna étaient majoritaires et étaient puissants spirituellement et matériellement. L’argument qui enlève toute excuse qui justifie toute bid`a, quelle qu’elle soit, était établi -iqâmatu al-hujja- par des milliers de savants. La société musulmane était saine et pure de toutes les bid`a, les idées philosophiques et les hérésies. Et quand les premiers germes de la mauvaise graine du kharidjisme, du qadarisme, du chiisme, du jahmisme commençaient à apparaître, les défenseurs de la `aqîda, parmi les Compagnons, les tabiines et leurs pieux successeurs avaient réagi et avaient usé du hajr. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les propos sévères contre les mubtadi` de Abd Allah b. Mubârak, de Mâlik, d’Abû Qilâba, de Tâwûs, de Muhammad b. Sîrîn, d’Ahmad b. Hanbal, etc.

Ce contexte n’est qu’un critère parmi plusieurs autres critères dont dépend la légitimité du hajr.

Celui-ci dépend aussi des critères suivants :

de la gravité de la bid`a, fait-elle partie des bid`a qui entraînent la mécréance de leur auteur -mukaffira- (comme celle des bahaites et des qadianites) ou non -ghayr mukaffira-, touche-t-elle la `aqîda ou les actes d’adoration (on ne traite pas le chiite qui insulte les Compagnons de la même manière qu’on traite les fidèles qui prononcent collectivement et à haute voix des invocations après les prières canoniques), est-elle manifeste ou cachée, etc.

du mubtadi`, est-il un muqallid ou un mujtahid -celui qui a donné naissance à une bid`a ne doit pas être traité comme celui qui l’a imité- ? S’agit-il d’un hérétique qui propage sa bid`a, la défend farouchement et l’entretient ou s’agit-il d’un savant qui s’est trompé dans son ijtihâd et est tombé dans cette bid`a ? Qu’est-ce qui prédomine chez lui : est-ce la bid`a ou la Sunna ? Ibn Taymiyya atteste ce principe d’équité en disant : « S’il existe chez un même individu du bien et du mal, de la piété et du péché, de la sunna et de la bid`a, il mérite une part d’alliance et de récompense proportionnelle au bien qu’il comporte et en même temps il mérite une part d’hostilité et de châtiment proportionnelle au mal qu’il comporte. Ainsi un même individu peut comporter en même temps ce qui inspire l’estime et ce qui inspire le dédain, comme le cas du voleur qui est pauvre ; [le juge] lui ampute la main à cause de son vol et en même temps lui donne du trésor de l’Etat suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins. C’est là un principe sur lequel les Gens de la Sunna sont d’accord. » [12]

Voilà, je t’ai donné brièvement ces deux critères, sinon cela prendrait plusieurs pages. Concernant le fait de prendre la science des mubtadi` (je parle du vrai mubtadi`), il est à la base interdit, mais il y a des cas où c’est permis avec toutefois des conditions. Dans son épître sur la mise à l’index du mubtadi` (p.46), le shaykh Bakr Abû Zayd a dit : « Si ce qui constitue une obligation pour les Gens de la Sunna comme l’enseignement, le jihâd, la médecine, l’ingénierie, ainsi que d’autres domaines ne peuvent se réaliser que par l’intermédiaire des mubtadi`, il faut dans ce cas mettre en œuvre l’avantage du jihâd, de l’enseignement, etc., tout en évitant leur bid`a et en faisant attention de ne pas être tenté par eux ou par leur bid`a tant que possible et ce, dans la mesure du nécessaire. Quand les Gens de la Sunna voient qu’il n’est plus nécessaire de recourir à eux, ils doivent revenir à la mise à l’index -hajr- et écarter les innovateurs ». Il a appuyé ces propos par la parole suivante d’Ibn Taymiyya : « Si l’accomplissement des grands devoirs comme l’enseignement de la science, le jihâd et autres ne peut se réaliser que par quelqu’un qui est l’auteur d’une bid`a dont les méfaits sont moins graves que ceux qui résulteraient de l’abandon de ces devoirs, il vaut mieux s’attirer l’avantage qui réside dans ces devoirs tout en tolérant les méfaits moindres qui en résultent que de faire l’inverse. C’est pourquoi la question à ce sujet –le hajr- doit être détaillée. » [13]

Je trouve dommage que des jeunes francophones qui ont des difficultés à lire un texte en arabe ou à formuler une phrase arabe complète sémantiquement et syntaxiquement, puissent s’aventurer dans ce domaine de science qui est subtil, épineux et délicat, à savoir masâ’il al-asmâ’ wa-l-ahkâm (questions des noms et des jugements) telles que le takfîr, le tabdî` et le tafsîq et la réfutation des innovateurs et des hérétiques. Par Sa miséricorde, Allah ne s’est pas adressé dans ce domaine aux gens du commun, mais aux savants et aux juges. Allah a dit : Allah n’impose à une âme que ce dont elle est capable. [14]. Occuper l’esprit des gens du commun par ce genre de questions c’est les jeter dans la tentation en matière de religion. Hishâm b. `Urwa rapporte que son père lui a fait la recommandation suivante : « Si tu parles à quelqu’un au sujet d’une question en science religieuse qui dépasse ses capacités intellectuelles, cela conduira à son égarement » [15]. `Abd Allah b. Mas`ûd a aussi tenu des propos de ce genre. [16]

L’immixtion des gens du commun dans ce domaine entraîne leur division et suscite la haine entre eux, et c’est ce que nous constatons aujourd’hui dans certaines assemblées et dans les forums où les discussions dégénèrent en insultes qui sont parfois choquantes et honteuses. Le shaykh Sâlih Al-Fawzân a dit : « Il ne convient pas aux débutants en sciences religieuses et aux gens du commun de s’occuper de la qualification d’un tel et de tel autre d’innovateur -tabdî`- ou de pervers -tafsîq-, car c’est une voie dangereuse, sachant qu’ils manquent de science et de compréhension profonde dans ce domaine. En plus cela crée de l’hostilité et de la haine entre eux. » [17]

Ce qui incombe aux gens du commun de connaître ce sont les questions de religions dans lesquelles Allah s’est adressé directement à eux en commençant par le tawhîd, la foi, les ablutions, la prière, la zakât, le jeûne, ainsi que d’autres prescriptions de ce genre.

Ce qui leur incombe de connaître dans les questions des noms et des jugements, c’est de recourir aux savants pour leur montrer le mécréant, le mubtadi` et le pervers et la manière de se comporter avec eux et ne pas s’ériger en juges lançant les jugements de leur tête. Sur ce plan, la personne ordinaire doit suivre les jugements sur lesquelles la majorité des savants sont d’accord. S’ils sont d’accord pour qualifier quelqu’un d’innovateur ou pour dire que telle chose est une innovation, elle les suit. والله أعلم

_________________________

[1] Les acharites ont en commun avec les murjiites la question de la foi qu’ils réduisent à un assentiment du cœur. Ils ont rejoint les jahmites dans leur jabrisme qui soutient que l’être humain est entièrement déterminé dans ce qu’il fait et ce, à travers la théorie de l’acquisition -kasb-. Quant à l’influence mutazilite sur le dogme acharite, elle est évidente puisque Abû Al-Hasan Al-Achari était le disciple dévoué d’Abû `Alî Al-Jubbâ’î, le maître du mutazilisme de son époque.

[2] Rappelons que les Gens de la Sunna remettent le « comment de la chose » -kayfiyya- à Allah et non pas le sens. Concernant le verset : Le Tout-Miséricordieux, sur le Trône, istawâ , ils prennent le verbe istawâ dans son sens prépondérant qui est « s’élever », « s’établir », « s’installer » et ne disent pas comme disent les adeptes du tafwîd : « Nous disons « istawâ » mais nous ne savons pas ce que cela signifie. »

[3] Voir Sharh al-kubrâ d’As-Sanûsî et Asâsu at-taqdîs d’Al-Fakhr Ar-Râzî.

[4] Majmû` al-fatâwâ (3/349).

[5] Siyar a`lâm an-nubalâ’ (5/279)

[6] Miftâh dâr as-sa`âda (1/176). (5/279)

[7] Mîzân al-i`tidâl (1/5) (5/279)

[8] Al-bâ`ith al-hathîth, p. 111 (5/279)

[9] Majmû` al-fatâwâ 35/414..

[10] Siyar a`lâm an-nubalâ’ 14/40.

[11] Majmû` al-fatâwâ 28/206.

[12] Majmû` al-fatâwâ 28/206.

[13] Majmû` al-fatâwâ 28/212.

[14] Coran, al-Baqara (S.2), 286.

[15] Jâmi` bayân al-`ilm d’Ibn `Abd Al-Barr : (1/539) n° 888..

[16] Récit rapporté par Muslim (1/10).

[17] Al-muntaqâ min fatâwâ ash-shaykh Al-Fawzân (1/46)..
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook