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Les Frères musulmans en Egypte, quel scénario vers le pouvoir ?
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28 novembre 2005 11:56
Les Frères musulmans en Egypte, quel scénario vers le pouvoir ?

source:www.jeuneafrique.com

La percée surprise des Frères musulmans aux législatives en Egypte pose le problème du mode de conquête du pouvoir par la voie électorale et démocratique ou révolutionnaire et violente, dont peut s'inspirer la confrérie islamiste, tolérée mais interdite, selon les analystes.

S'ils s'opposent sur ce type de conquête, les analystes s'entendent en revanche pour exclure que ces élections, entachées de fraudes et de violences, se concluent le 9 décembre par une victoire de la plus ancienne confrérie islamiste, fondée en Egypte en 1928. Avec pour slogan "l'Islam et la solution", elle a déjà conquis 76 sièges à l'issue des deux premières phases (sur trois) des législatives, quintuplant ses gains par rapport à l'actuelle chambre, et bousculant le parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND).

Au mieux, les Frères musulmans ne s'octroieront pas plus de 20-25 % de l'Assemblée mais ils sont devenus la seule force d'alternative au PND, hégémonique depuis un quart de siècle.

"Le scénario algérien est impossible en Egypte, le modèle turc serait envisageable, mais c'est une voie égyptienne que nous suivrons", a déclaré Essam al-Eryane, porte-parole des Frères musulmans.

Prudents, organisés, se prétendant modérés, les Frères savent que leur rendez-vous avec le pouvoir ne sera pas pour 2005. C'est l'après Moubarak qu'ils visent.
"Notre objectif est aujourd'hui la participation, pas la victoire", dit encore M. Eryane, un médecin du Caire de la jeune génération des Frères, libéré juste avant les élections.

Plus enclins, par expérience de la répression, au compromis qu'à la confrontation, ils n'ont disputé qu'un peu plus d'un tiers des 444 sièges en jeu.

"C'est un calcul intelligent, ils ne veulent pas menacer frontalement le pouvoir", souligne Hugh Roberts, directeur de la section Afrique du Nord au centre de recherche International Crisis Group, excluant un scénario à l'algérienne.

En 1991, le Front islamique du salut (FIS) avait remporté un éclatant succès électoral en Algérie, obtenant 47 % des suffrages au premier tour des législatives.

L'armée avait alors interrompu les élections, le FIS avait été dissous et l'Algérie avait été plongée dans une guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts.

"Ne comparons pas l'Egypte avec l'Algérie, cela intimide les électeurs" dit M. Eryane, tandis qu'un chef influent de la confrérie Abdel Monem Abul Fotouh se veut encore plus rassurant : "Le pouvoir ? Pas avant 50 ans !"
Pour Amr Choubaki, chercheur au centre stratégique d'Al-Ahram, les Frères ont un agenda de conquête du pouvoir.

"Le paradoxe est qu'aujourd'hui, le PND n'est qu'un appendice du pouvoir, alors que les Frères sont organisés comme un parti, ce qu'ils n'ont pas le droit d'être".

Réprimés mais tolérés, les Frères ont investi les institutions de la société civile, comme les syndicats, en réislamisant la société.

Considérant que la "grande menace pour la démocratie en Egypte est le PND, pas les Frères", M. Choubaki estime qu'ils "pourraient s'inspirer du modèle turc".
Les islamistes turcs ont remporté les législatives de 2002. Depuis, la Turquie est dirigée par un premier ministre islamiste, Recep Tayyip Erdogan.
Selon M. Roberts, "l'exemple turc n'est pas pertinent" faute, en Egypte, "d'un cadre institutionnel laïc auquel les Frères seraient contraints de se plier", ni d'une armée qui en serait la gardienne.

La Constitution égyptienne stipule que la source du droit se trouve dans la Charia, la loi islamique.

Mustapha Kamel el-Sayed, professeur à l'Université américaine du Caire, note que "le scénario à l'algérienne est cette fois exclu".
"Mais un scénario à la turque ne peut être exclu", si les Frères sont reconnus comme parti. "Et à condition que le régime accepte des élections libres, ce qui n'est pas dans ses moeurs".

Pour lui, "le danger existe pourtant", en raison de la "bipolarisation entre le PND et les Frères", après la grande marginalisation de l'opposition non islamiste, dont il impute la responsabilité aux deux formations.








 
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