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Les enfants de Tndouf
U
8 novembre 2005 18:15
L’utilisation des enfants dans les conflicts armés est
formellement interdite. Mais l’Algérie n’en a cure exploite
honteusement les enfants des camps de Tindouf à des fins de propagande politico-mercantile.

Tindouf : l’enfance brisée

Mohamed Sihaddou
Ingénieur en Télédétection
Toulouse/FRANCE







A trois heures de vol du principal siège régional de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance), à Genève, se trouve un des plus grands camps de souffrance des enfants. Ce camp, où les enfants sont privés de leur enfance, est situé en plein territoire algérien, mais inconnu, ou ignoré, de nombreuses organisations de défense des droits de l’enfant. Les enfants subissent un des pires traitements, celui de la séparation de leurs familles dès leur jeune âge pour être envoyés dans des centres d’endoctrinement idéologique et de formation paramilitaire à Cuba et dans d’autres localités algériennes.
Dans le camp principal de Tindouf, sont rassemblés essentiellement des femmes, des vieillards et des petits enfants. Garçons et filles sont envoyés en pension dans un des deux camps-écoles situés à distance et ne reviennent voir leurs parents que pour quelques jours. Après leur séjour dans ces camps de préformation, ils sont envoyés dans les pays dits « amis », notamment l’Algérie et Cuba, pour parfaire leur endoctrinement idéologique et leur formation militaire.
C’est généralement à l’âge de 10 à 15 ans que ces enfants sont arrachés des camps de Tindouf ou pris parmi les «réfugiés économiques» originaires des pays frontaliers de l’Algérie (Mauritanie, Mali, Niger) pour être envoyés dans des centres d’endoctrinement. Un grand nombre de ces enfants ont aussi été enlevés à leurs foyers, avec des menaces, sous le regard affligé et impuissant de leurs parents. Plusieurs adolescents rentrés récemment au Maroc, après leur exil forcé à Cuba, ont rapporté qu’ils avaient été enlevés de force par les milices chargées de l’endoctrinement idéologique et de l’éducation politique.
Une fois recrutés, ces enfants sont envoyés dans des camps d’entraînement paramilitaire et d’endoctrinement initial. Les recrues y passent un stage, au cours duquel rien ne leur sera épargné. Là, ils sont pour la plupart soumis à des traitements violents. Emotion et comportement des enfants ne sont pas tolérés ou systématiquement commandés par les instructeurs et éducateurs idéologiques. L'endoctrinement ou le lavage de cerveau ne laissent pas de place à la critique ou à la discussion. L’endoctrinement et la formation paramilitaire de ces enfants visent en premier lieu à leur inculquer la culture de la haine et à les transformer en ennemis potentiels du Maroc.
Les instructeurs sont pour la plupart des Cubains, des Algériens ou des mercenaires des anciens pays communistes: ils leur enseignent l'idéologie marxiste-léniniste, l'instruction militaire avec le maniement des armes, pour les filles comme pour les garçons, et l'apprentissage de la guérilla.
Le prix affectif payé par ces enfants est souvent très lourd. Maltraités et profondément traumatisés par leurs expériences; plusieurs de ceux d’entre eux qui ont regagné le Maroc continuent d’être hantés par les violences dont ils ont été témoins.
Les enfants de Tindouf sont déportés à des milliers de kilomètres. Cette déportation lointaine leur cause de profondes souffrances, dont la plus terrible est la privation de l'amour maternel. De nombreux enfants déportés souffrent du syndrome du stress post-traumatique. Des séjours prolongés laissent souvent des séquelles de crise identitaire qui se manifestent à tous les niveaux : dans la langue maternelle, envahie de mots venus d'ailleurs (espagnols, algériens), dans la connaissance des traditions et coutumes qu'une éducation étrangère n'a pas pu transmettre, dans les comportements et même dans les habitudes quotidiennes.
En plus des conditions de vie déplorables, l'exploitation mentale et physique peut transformer une jeune personne innocente en un robot sans humeur. Menace, punition, entraînement à l'obéissance et accusations sont les méthodes qu'on utilise.
Les motifs crapuleux de la soi-disant autodétermination et la libération des peuples ont été mis à nu par de nombreuses organisations humanitaires, dont France Libertés, le groupe Petite Fille et l’Alliance Internationale des Femmes auprès de l'UNESCO dans des rapports accablants sur les conditions de ces enfants au terme de leurs nombreux déplacements à Tindouf. La communauté internationale découvre de plus en plus les vraies intentions des dirigeants algériens. L'Algérie prétend que son rôle se limite à la défense des principes du droit international quant à l’autodétermination des peuples et à l’assistance aux « réfugiés »; un prétexte consommé par Alger depuis longtemps. Est-ce que le minimum requis pour supporter l’autodétermination ne devrait pas être que l’Algérie respecte les conventions des Nations Unies en matière des droits de l’enfant et le respect de la dignité humaine?
Les Nations Unies sont appelées à poursuivre et à juger devant la cour internationale de justice les Etats qui utilisent encore aujourd’hui les enfants dans des conflits. S'il importe de protéger ces enfants et de favoriser les programmes de réinsertion et de réhabilitation, il faut également veiller à ne pas répandre une culture d'impunité et s'appliquer à traduire en justice tout responsable de ces atrocités. Le recrutement et l’utilisation d’enfants âgés de moins de 15 ans dans des conflits constituent une atteinte extrêmement grave aux droits humains, ainsi qu’un crime de guerre.
Le gouvernement algérien doit appliquer rigoureusement les normes internationales qui interdisent le recrutement et l’utilisation des enfants à des fins politiques et militaires, et notamment le Protocole se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits. Toutes les organisations des droits de l’Homme dignes de ce nom doivent œuvrer pour mettre un terme à cette politique inhumaine, cruelle et dégradante qui n’a que trop duré. Si la réaction de la communauté internationale et des organisations des droits de l’Homme reste inappropriée et inefficace, les dirigeants algériens continueront d’exploiter sans scrupule les enfants des camps de Tindouf à leurs propres fins matérielles, politiques et géostratégiques.


 
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