Oui, mais se taire, ne pas dire que ça ne va pas alors qu'on est une majorité à le vivre simplement parce que ça dérange la tranquillité ou les illusions de certains, n'est pas la solution, ça étouffe et ça augmente les maladies et les frustrations. Ca ne va pas. Je suis de la première génération et je ne me sens pas à l'aise et en sécurité ici. Mais qd j'entends qqu'un qui est là depuis la 4e génération dire aussi ça, ça me choque terriblement. Je viens d'écouter Jamel Debbouze, né ici, se prononcer sur le débat sur l'identité nationale et il a raison à 300 % : jusqu'à qd faudra-t-il justifier notre "francité", expliquer notre présence ici, faire ses preuves encore et encore? On peut se sentir français, on ns verra toujours comme l'étranger, l'immigré, celui qui doit se justifier d'être français. Je le vis, je le vois tous les jours. J'ai une bonne tête et je suis une femme, on ne me prend pas pour une racaille, mais à chaque fois qu'on m'approche j'ai droit à des réflexions sur les étrangers pour voir de quel côté je suis ( je vous laisse imaginer les réflexions) et à chaque fois j'ai ce sentiment d'être redevable de ne je sais quoi, ou de devoir gagner, attester ma légitimité.
Lorsque j'ai un souci pour mon fils et que je veux le régler, c'est l'opposition d'emblée et il faut batailler ; quand c'est son père ou sa mère qui règlent le pb, ça ne traîne pas et comme par hasard les âmes sont de bonne volonté, je l'ai vérifié à maintes reprises. Tant que j'étais enfant, j'ai cru sans remettre en question ce que me disaient mes profs, que j'étais égale et que j'avais les mm possibilités et droits. Au fur et à mesure des années, je déchante de plus en plus. Les faits sont là et c'est plus que lassant. Donc, non, il ne s'agit pas de se plaindre comme si tout ça est le fruit de notre imagination ou alors nous souffrons tous d'hallucination collective et il ne s'agit pas de cracher dans la soupe, nous sommes là, nous travaillons, nous vivons tranquillement sans nuire à personne, sans nous afficher. Alors pourquoi devrions-nous accepter cette pression? Les seuls qui ne semblent pas trop souffrir de ça, sont ceux qui vivent en communauté.
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