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Cultures et conflits au Maroc.
O
31 octobre 2003 21:28
Chers amis,

Réfléchir et écrire sur le fait Amazigh n’est pas une entreprise aisée surtout pour un Maghrébin : ce problème est toujours vécu d’une manière extrêmement passionnelle. L’injure, l’anathème, la condamnation péremptoire, voire les réactions racistes, constituent l’essentiel du débat autour de cette question depuis au moins une demi-siècle. Les témoignages précis et directs sont rares et presque toujours fortement tendancieux. Souvent masquée, inavouée ou même niée, la « question berbère » est, dans le champ sociopolitique maghrébin, un fait « Honteux » difficile à suivre, même si, obscurément, tout le monde (pas seulement les politologues et les intellectuels) sait qu’il y a là une force qui est à l’œuvre.

Croyez-moi ce mouvement Amazigh ou cette machine Amazigh avance dans le droit chemin car son pilier est le droit à la différence ainsi que sa protégée( Les droits humains, la charté des nations unis).

Nous avons assisté en cette fin du siècle à la multiplicité des discours au sujet de la culture marocaine et au sujet des conflits qui secouent la société marocaine.

Si nous considérons que la tendance consistant à recourir au patrimoine culturel en vue de répondre aux défis de la situation culturelle qui domine aujourd’hui se nomme PATRIMONIALISTE (terme emprunté à Ahmed Boukous), les Islamistes et les Amazighes appartiennent en fait au même paradigme culturel.

Je ne veux pas traiter de l’échec ou de l’impossibilité d’assurer le concordisme de la pensée Salafiya à la réalité d’aujourd’hui et je ne parlerai pas non plus du mouvement islamiste marocain qui n’est qu’une pale imitation de la pensée d’Ibn Albanna et Ghannouchi.

Je parle ici de l’émergence du refoule AMAZIGHE.

Le discours qui se réclame de l’identité amazighe est une variante du discours patrimonialiste. Ce discours fonde sa légitimité sur un passé antérieur à l’arabo-islamisme et surtout sur sa pérennité. C’est en effet la culture première du Maroc qui s’inscrit dans la réalité d’aujourd’hui.

Le mode d’expression de cette culture est la koine amazighe, sa substance est véhiculée par la tradition orale et les arts produits essentiellement par la population rurale amazighophone.

Ce discours est tout récent dans le champ culturel marocain et il serait prétentieux de le considérer comme un discours cohérent ayant une consistance théorique en raison de l’état encore embryonnaire de celui-ci. Cependant nous pouvons noter la présence de deux grandes écoles de ce discours:

1/la vision nostalgique représentée par Ahardan et al.

2/La vision fondée sur le droit à la différence.

En reprenant Boukous, je décris succinctement ces deux discours.

1/Vision nostalgique:

Cette vision est parée d’une mythologie dont les fondements sont:
1.1 LA LIBERTÉ : amazighe signifie homme libre. Ce dernier à tout temps défendu farouchement sa liberté face à l’envahisseur. L amour de la liberté se déroule sur fond d’amour de la patrie (Tamazgha).

1.2 LA DÉMOCRATIE : L’organisation sociale amazighe repose sar des institutions démocratiques, comme la ZMA3T et les INFLAS, pour se prémunir contre le pouvoir autocratique. L’égalitarisme est un principe socioculturel dans la cummunauté amazighe, il a souvent pris l’aspect d’un radicalisme à travers l’histoire, notamment le donatisme durant la période romaine et les divers intégrismes depuis.

1.3 LA SOLIDARITÉ: La pratique de la TWIZA (tiwizi) est le symbole de l’entraide collective.

1.4 LA RECTITUDE: le respect des valeurs communautaires est un principe assurant la cohésion même de la collectivité dans le respect de la personne et de la propriété.

1.5 LA MEGALOPHOBIE est un trait de l'amzighe. Vivant dans la simplicité imposée par la rareté des ressources qui caractérise la vie rurale, il abhorre la mégalomanie et fustige ce qui n'est pas modeste dans le comportement et le langage.

Cette conception de l’amazighite conduit certains à adopter les positions ethnocentriques qui consistent à sur valoriser l’élément amazighe dans l’appréciation de l’identité culturelle du Maroc en construisant une mythologie réactionnelle ou l’amazighe apparaît comme un être mythique idéalise, à l’état de nature pure et non corrompu par le changement historique.

Enfin l’amazighite devient un absolu auréole d’une marginalité millénaire et dont les fondements doivent être réactivés en vue d’un projet socioculturel alternatif. (faite le rapprochement avec le discours islamiste......similitude évidente ou l’amazighite se substitue aux Coran et la Sunna) Vision mythique teintée de romantisme telle qu’elle ressort des idées d’Ahardane.

À suivre

Je parlerai si le temps le permet prochainement de l’autre variante fondée sur le droit à la différence et à laquelle j’adhère personnellement. La vision mythique à mon avis ne prend pas en charge la réalité actuelle et les défis.
Amicalement.



Message edité (31-10-03 21:29)
k
31 octobre 2003 21:37
Ouday Ayouma,
Vous racontez une histoire qu est difficile pour certain Biladiens. Ils n'ont jamais eu l'occasion de lire une texte comme la votre.

Ouday Ayouma, Iwdana Wa fahmen shi.
Tfahmadayi?
A
2 novembre 2003 15:22
Monsieur

Excellente entrée en matière pour les questions de réappropriation culturelle, d'ajustement politico-culturel dans la compétition mondiale actuelle, autrement appelée "clash des civilisations", émergence des minorités, "exception culturelle", etc.

J'espère vivement que le débat sera lancé, dans la courtoisie, la mesure et la subtilité.

Salutations
O
3 novembre 2003 16:06
Azul /Shalom/Salam,

Suite du post!


La légitimation de la culture amazighe se fonde sur les thèses centrales suivantes en reprenant toujours Boukous.

2.1 La légitimité historique

L’histoire du Maroc est constituée par un élément permanent à savoir la culture amazighe ce qui lui confère une réalité dont les racines remontent à la nuit du temps. Cet argument a une fonction de rappel d’une vérité historique et une fonction de parade au discours qui considère que la question culturelle amazighe est une bid3a, une innovation illicite héritée du colonialisme.


2.2 La légitimité anthropologique

La culture amazighe structure l’inconscient collectif de l’être marocain et fonde la personnalité culturelle de base du pays. Elle est présente de façon manifeste ou latente en tout marocain, dans son langage et dans son comportement affectif et social. Elle est omniprésente dans l’espace marocain par la toponymie et dans notre imaginaire par la tradition orale. Cet argument répond à la thèse qui évacue la dimension amazighe de la constituante de l’identité culturelle du Maroc en la refoulant dans le passé révolu.

2.3 La légitimité sociologique

La culture amazighe forme un constituant de la culture du peuple en exprimant au plan symbolique les conditions de vie des masses rurales. Cet argument confère à la culture amazighe une auréole plébéienne qui a une certaine force dans les variantes progressiste et populiste du discours idéologique censé exprimer les intérêts du peuple.

3.4 La légitimité psychoaffective

La culture amazighe véhicule l’univers maternel et prend en charge le champ de l’intimité et de la communion affective. Cette thèse valorise la culture amazighe comme moyen de l’expression de l’affect, du monde de l’enfance et du giron maternel, par opposition aux langues et aux cultures du dehors, de la communication transactionnelle et du pouvoir dominant.

3.5 La légitimité écologique

La culture amazighe représente une donnée de l’écosystème culturel du Maroc d’aujourd’hui, aux cotes de la culture arabe, de la culture juive, de la culture africaine et de la culture occidentale. Cette thèse considère la culture amazighe comme un patrimoine culturel de la communauté nationale dans son ensemble, une richesse qui n’appartient pas aux amazighophones de façon exclusive, un bien dont la perte risque de déstructurer l’édifice culturel du Maroc dans sa totalité.

L’ablation de cette dimension de l’être marocain aurait l’effet d’un trauma culturel collectif irrémédiable.

C’est pour cela que je m’oppose à la création d’un parti politique amazighe et je suis pour la création d’associations. (Dans ce contexte, je note aussi la sagesse de Yacine fondateur de l’association islamique: Al3adel wa al ihssan)

3.6 La légitimité patriotique

La culture amazighe a été le creuset de l’esprit patriotique, un facteur d’union des communautés rurales contre l’occupant étranger et un moyen de ressayer à la colonisation française et espagnole avant même l’emrgence du mouvement national urbain.

En témoignage la tradition orale qui recèle encore des vestiges de la poésie épique dans le Rif, le Moyen Atlas, le haut Atlas, l’Anti Atlas et le Saghro ou les poètes et les poétesses galvaudaient l’ardeur des combattants contre les forces armées coloniales et stigmatisaient la couardise de ceux qui avaient capitule, ceci à un moment ou les villes et les plaines avaient déjà été pacifiées, c’est à dire assujetties à l’ordre colonial.

En d’autres termes, la culture amazighe a payé le tribut du sang pour la défense de la patrie, elle mérite de ce fait les honneurs du patriotisme.

Cette thèse veut rendre caduc l’argument qui soutient que la promotion de la culture amazighe est inspirée par la politique neo-coloniale et serait ainsi une exhumation du Dahir Berbere dans le but de diviser le peuple marocain en deux entités antagoniques, les Amazighes et les Arabes.

2.7 La légitimation démocratique

Le droit à la différence culturelle et linguistique fait partie intégrante des droits de l’Homme dans leur acception universelle. Il résulte de ce principe qu une société qui se proclame démocratique se doit de reconnaître la langue et la culture amazighes comme une composante de la culture marocaine.

Cet argument tire sa force du droit international et s’inscrit dans la tendance qui a consiste jusqu ici à exclure arbitrairement la donnée amazighe sous prétexte que la différence est source de désunion et de discorde nationales.

Il appert de l’expose de ces thèses qu’elles ont pour fonction de fonder la légitimité de la langue et de la culture amazighes dans le champ culturel du Maroc en constituant une base epistemologique d el action menée en vue de la reconnaissance et de la promotion de cette langue-culture.

On se rend compte ainsi que la quête de l’identité amazighe ne constitue pas seulement une préoccupation intellectuelle, elle est aussi largement une quête identitaire et une préoccupation existentielle qui tentent de faire face au processus d’assimilation qui est à l’oeuvre dans les communautés amazighophones, processus résultant de la dépendance économique et culturelle des régions rurales à l’égard des centres de décision meterielle et symbolique, dont le site se trouve en ville.

Fin du message.

Amicalement
O
4 novembre 2003 02:32
Azul/Shalom/Salam,

Le travail de Boukous comme il est déjà dit se fonde sur les postulats de Bourdieu:

1/ Toute formation sociale et économique constitue un marché des biens symboliques dans lequel il y a des produits qui s’échangent sous forme de biens hiérarchises en fonction de la valeur sociale qui leur est attribuée dans le cadre de la compétition qui les oppose sur ce marché.

2/ En théorie, la langue et la culture légitimes, celles imposées par le pouvoir institutionnel, représentent les produits symboliques dominants. Cependant la dynamique du marché des biens symboliques est telle qu’il s’avère nécessaire de distinguer des sous champs comportant des enjeux globaux et des enjeux partiels, le marché des biens symboliques englobe un certain nombre de sous-marches dans lesquels les lois de formation des prix des produits peuvent ne pas être conformes à celles qui régissent le marché global.

En effet, les biens symboliques qui sont produits et échanges dans certains secteurs périphériques de la formation sociale reçoivent des valeurs particulières dans le cadre de ces sous-marches et se trouvent dans un rapport de relative autonomie à l’égard des lois du marche global.

3/ Les actants sociaux disposent d’une compétence et d’un habitus. La compétence est un système de règles régissant la forme et la substance des objets symboliques. Elle rend ces sujets aptes à produire et à évaluer ces objets.

L’habitus est un système de dispositions acquises dans la structure sociale qui permet aux sujets de gérer et de coter la pratique symbolique au niveau de la production et de la réception conformément aux normes du marche des biens symboliques.

4/ La compétence et l’habitus constituent le *capital symbolique* des sujets, lequel capital est déterminé par des facteurs sociaux tels le cursus scolaire et l’histoire sociale des actants sociaux.

Ce capital est la résultante de l’acquisition, de la production et de l’échange de biens symboliques, en retour, ces biens contribuent à positionner les actants dans la hiérarchie sociale selon la qualité et la valeur de ces biens sur le marche des biens symboliques. Il s’ensuit que les biens offerts sur cette marche n’ont pas la même valeur et de ce fait ne procurent pas les mêmes privilèges à leurs détenteurs.

Boukous a donc travaillé en s’appuyant sur ces 4 postulats de Bourdieu et permettez moi de vous dire qu’il a défriché le terrain d’une manière sérieuse pour donner une trame de lecture. Cependant comme tout travail destiné à VERIFIER une thèse mise au point en Kabylie et en France, la précision demeure floue mais les grandes lignes apparaissent clairement notamment en se referant aux travaux de chercheurs marocains.


Même si Boukous ne prescrit rien pour résoudre les problèmes de la société, il donne un tableau clinique assez valable pour aider ceux qui cherchent à agir sur la société.

Il a mis en évidence l’amazighité, la marginalisation de la culture amazighe, l’échec du salafisme, l’échec des grandes idéologies unificatrices et l’affrontement islamisme versus amazighité d’un côté et islamisme versus pouvoir d’un autre côté.

La disparition de la production culturelle des Zaouïas et leur supplantation par les mouvements islamistes et piétistes, l’incapacité de l’état à s’engager sur un sentier de développement pour dépasser les contraintes sociales et enfin en filigrane. Boukous impute tous les problèmes au manque de la liberté essence de tout développemen
n
4 novembre 2003 12:35
merci Ouday pour ce cours! mais je n'aime pas le mot CONFLITS du titre!!

le génie du maroc est de ne pas tomber dans le conflit à la façon algerienne!

shalom!
 
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