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Bouteflika interviewé par la presse tunisienne
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8 juillet 2005 23:18
EXCLUSIF : Pour la première fois dans la presse tunisienne, Le président algérien Abdelaziz Bouteflika parle de la Tunisie, de l’UMA et du conflit du Sahara

Depuis son élection à la magistrature suprême en 1999, le Président algérien s’est attelé à l’immense tâche de sortir son pays d’une guerre civile qui cache son nom, de redonner l’espoir à une jeunesse marginalisée et de relancer une économie en difficulté. Malgré toutes les critiques qui lui ont été adressées, force est de constater que Bouteflika est en passe de réussir son extraordinaire pari. Après six ans de pouvoir, le Président algérien se confie, pour la première fois, à un journal tunisien. Il analyse en exclusivité, pour les lecteurs de Réalités, le bilan de son action, le partenariat tuniso-algérien, la crise de l’Union du Maghreb Arabe, le conflit du Sahara et l’avenir du Maghreb et du Monde arabe à l’aune des nouvelles données mondiales.



Monsieur le Président, nous commencerons par les relations bilatérales entre l’Algérie et la Tunisie : quelle évaluation en faites-vous ?

Les relations bilatérales sont excellentes. Depuis ma visite en Tunisie et celle du Président Ben Ali en Algérie, elles ont connu un nouvel élan. Nos pays et nos peuples frères se connaissent depuis très longtemps. Ils ont partagé les mêmes épreuves et les mêmes espoirs. Ils sont animés de la même volonté de consolider leurs liens historiques et de développer leur coopération dans tous les domaines, non seulement dans le cadre bilatéral mais dans la perspective plus large d’édification de l’Union maghrébine.

Nos opérateurs économiques se connaissent également et s’apprécient. Ils ont réussi depuis de nombreuses années à tisser des liens qui iront en se renforçant grâce à l’excellente qualité des relations politiques et aux grandes potentialités d’échanges et de partenariat que recèlent nos économies.

Dans le monde d’aujourd’hui, qui est en perpétuelle mutation, il est de l’intérêt de nos deux pays de continuer à travailler à l’établissement d’une relation exemplaire et d’œuvrer à impulser toujours davantage la coopération bilatérale mais aussi le processus d’édification maghrébine. Beaucoup de choses ont été réalisées, mais beaucoup reste à faire. A cet égard, nous devons évaluer les expériences antérieures et apporter les correctifs nécessaires afin de faire mieux et plus. C’est ce que nous nous efforcerons de faire, le Président Ben Ali et moi. Et ce à quoi nos gouvernements devront s’atteler.

Cependant, malgré l’état excellent des relations entre les directions des deux pays et leur volonté d’aller de l’avant sur la voie d’un véritable partenariat global et malgré les acquis réalisés, on a le sentiment que ce qui a été fait est encore en deçà des possibilités de nos deux pays et des attentes des deux peuples. Comment comptez-vous faire pour pallier ce déficit ?

On ne peut pallier ce déficit qu’en continuant à travailler afin de lever les contraintes d’ordre législatif ou réglementaire qui entravent l’initiative des opérateurs économiques. Nous devons œuvrer à mettre ces opérateurs en confiance et à les encourager à construire des partenariats durables. Nous n’y parviendrons qu’à travers des démarches innovantes, guidées par le souci d’édifier un espace de créativité et un véritable pôle économique capable de générer une dynamique d’ensemble à l’échelle du Maghreb.


Depuis votre élection à la Présidence de la République, l’Algérie a réalisé de nombreux acquis. Le pays est actuellement pacifié et le terrorisme est réduit à l’état résiduel. Bientôt, les Algériens seront appelés, par voie référendaire, à se prononcer sur un projet d’amnistie et de réconciliation nationale. Quelle est la portée de cette initiative historique ?

La réconciliation nationale est une exigence politique majeure. Elle vise à établir un accord entre les Algériens sur les fondements essentiels de la République et de l’Etat de droit, tout en les libérant des pesanteurs tragiques d’une crise nationale qui n’a épargné personne. Cette initiative vise également à restituer aux valeurs sur lesquelles s’est cristallisée depuis des temps immémoriaux la société algérienne, leur place légitime et essentielle dans la régulation des relations et des pratiques sociales, politiques, culturelles.

La portée de cette initiative historique est donc à dimension multiple. Elle ambitionne de résoudre les problèmes cruciaux du présent en résorbant les dérapages du passé et en s’adossant aux exigences du futur. La modernisation du pays dans un monde en mouvement ne peut s’opérer en rangs dispersés. Les Algériens devront retrouver leurs repères et réapprendre à vivre et à travailler ensemble dans le respect des valeurs communes qui fondent la société, la République et l’Etat de droit.

Les générations nouvelles ne pardonneraient pas à leurs aînés de leur léguer des contentieux aussi lourds qui ne pourront que paralyser le pays et le tirer vers le bas dans un monde qui aura progressé sans nous.

Cette initiative rencontre cependant quelques réticences, voire des oppositions. Qu’en pensez-vous ?

Oui, il existe certaines réticences et même certaines oppositions. Elles s’expliquent par la complexité de la situation induite par la tragédie nationale. Les blessures ne sont pas encore cicatrisées. Les Algériens ont été affectés dans leur chair. La barbarie a atteint des limites inimaginables. Il est alors difficile de demander à celles et à ceux qui ont été directement affectés d’accepter que la page soit simplement tournée.

Et pourtant, il est vital pour nous d’arrêter la spirale des violences et des vengeances; c’est un sacrifice supplémentaire qui doit être accepté pour préserver notre société et l’avenir de nos jeunes.

La réconciliation nationale ne vise évidemment pas à banaliser le crime ou à éteindre la responsabilité morale, devant Dieu et devant l’histoire. Elle ne vise pas non plus à placer la victime et le coupable sur un même plan.

La réconciliation nationale est une libération de la société algérienne des démons qui ont entraîné le pays dans la décadence politique et morale.

Elle vise en définitive à réhabiliter le débat démocratique ainsi que les valeurs de paix et de tolérance qui sont celles de l’Islam et appartiennent aux traditions de notre société.

Toujours en ce qui concerne l’Algérie, certains pensent que les réformes économiques, pourtant nécessaires, n’avancent pas au rythme souhaité, réformes qui existent dans d’autres pays qui ont choisi la même voie. Les finances de l’Algérie (qui sont excellentes) en sont-elles la raison ?

Effectivement, les réformes économiques avancent à un rythme trop lent à notre gré. La raison n’en est pas dans la situation financière du pays mais dans les pesanteurs psychologiques et administratives que connaissent nos rouages étatiques, et également dans les difficultés créées par les évènements tragiques vécus par le pays.

De plus, on sait que tout changement suscite des réticences, des peurs face aux incertitudes du lendemain. C’est pourquoi, comme pour la réconciliation nationale, il faut expliquer, convaincre. L’Algérie n’a pas d’autre choix que de mener à bien ses réformes et de réaliser la réconciliation nationale. Ce sont là des choix de société que nous devons gérer avec détermination et persévérance.

L’Algérie est l’un des rares pays arabes où la liberté de la presse est une réalité. Cependant, certains observateurs, tant algériens qu’étrangers, pensent que cet acquis est “ entamé ” par des restrictions, des procès… ?

Il n’y a absolument aucune restriction en ce qui concerne l’exercice de la liberté de la presse. Les journalistes écrivent ce qu’ils veulent. Mais ici comme partout ailleurs, le journaliste doit obéir à un code de déontologie qui définit les limites de ses franchises et l’astreint à des règles morales très strictes. C’est ainsi partout dans le monde, y compris dans les plus vieilles démocraties. Chez nous comme partout ailleurs, le journaliste est et restera respecté tant qu’il respectera lui-même les obligations de sa profession, en dehors de laquelle il redevient un citoyen ordinaire soumis aux mêmes lois que le reste de la société.

Le report du Sommet maghrébin de Tripoli a été vécu comme une grande déception. La raison en est le conflit du Sahara et le contenu du message que vous avez adressé à Mohamed Abdelaziz et dans lequel vous réaffirmez l’appui de l’Algérie au Polisario. Comme concevez-vous l’évolution de ce conflit et ses effets sur le processus maghrébin ? Comptez-vous entreprendre des initiatives pour relancer l’UMA ?

La question du Sahara Occidental revient chaque fois dans le débat comme s’il s’agissait d’une question nouvelle ou mal connue. Ce problème est pourtant vieux de plusieurs décennies. Il s’est posé en même temps que celui de Timor, Brunei, Belize… dans le cadre de la décolonisation.

Sa solution réside dans l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination. Telle a toujours été la décision de l’ONU, évidemment soutenue par l’Algérie, mais également acceptée par le Maroc, qui a soudainement changé de position après le dépôt du rapport Baker au Conseil de Sécurité. La position de l’Algérie n’a jamais varié et ma lettre au Président du Polisario n’a fait que le réaffirmer.

Le processus maghrébin n’a donc rien à voir avec ce contentieux qui oppose le Maroc au Front Polisario. Je l’ai dit et répété à maintes occasions. L’Algérie est profondément attachée à la construction de l’UMA. Mais celle-ci ne peut faire l’objet d’un chantage d’autant plus inacceptable que la question du Sahara Occidental ne concerne que le Maroc, le Front Polisario et l’ONU.

Je n’ai pas besoin de dire que nous restons profondément attachés à la mise en marche de l’UMA et nous avons donné amplement les preuves de cet attachement lorsque, pendant plus de dix années, l’Algérie en a assumé la Présidence et a tenté vainement et à plusieurs reprises d’en organiser un Sommet à Alger. Nous restons donc fidèles à cette ligne de conduite et favoriserons tout ce qui peut amener une relance de l’UMA.

Dans la situation de blocage où se trouve l’UMA, pratiquement depuis sa création, ne pensez- vous pas que le moment est venu de soumettre ce projet à tous les peuples de la région par voie référendaire afin qu’ils décident de sa relance effective et réelle ou de sa dissolution au lieu du statu quo actuel qui discrédite l’institution et rejaillit négativement sur l’ensemble de la région ?

Je suis convaincu que la constitution d’un Maghreb arabe uni fait partie de l’aspiration de tous les peuples maghrébins. J’en suis en tout cas certain en ce qui concerne le peuple algérien. Il n’est donc pas besoin d’un référendum pour s’en assurer.

Les dirigeants des pays maghrébins sont également sincères lorsqu’ils expriment leur attachement à un Maghreb arabe uni. Les difficultés apparaissent lorsqu’il faut donner corps à cette idée abstraite et la traduire dans les faits par des accords concrets et la mise en place d’institutions durables. Ces difficultés ne peuvent malheureusement pas trouver de solution à travers un référendum étendu à l’ensemble des peuples de la région et c’est pour cela que votre suggestion est impraticable malgré ses apparences logiques mais trompeuses.

Les relations algéro- marocaines ont connu des hauts et des bas ces dernières années. Comment voyez- vous l’avenir de ces relations ?

Le niveau de nos relations bilatérales dépend évidemment de la volonté politique de chacune des parties. En ce qui nous concerne, je réitère notre volonté de construire avec nos frères marocains une relation durable fondée sur le respect mutuel, la confiance, la coopération et le partenariat dans tous les domaines. J’ai toujours proposé que la question du Sahara Occidental reste du domaine de l’ONU et qu’on l’exclue du contentieux entre nos pays, ce qui permettrait de développer notre coopération dans tous les autres domaines, et cela représente déjà un vaste champ d’action dans lequel pourraient se consolider notre partenariat et notre fraternité.

Certains observateurs disent que l’Algérie entretient aujourd’hui des relations privilégiées avec l’OTAN. Cela ne risque-t-il pas d’approfondir les divergences inter- maghrébines ?

Tous les pays méditerranéens coopèrent avec l’OTAN et je ne vois pas en quoi seraient privilégiées les relations de l’Algérie avec l’OTAN. Nous sommes pour la paix et la stabilité dans la région et dans le monde. L’Algérie est en train de moderniser son armée, et accepte pour cela toutes les aides extérieures. Je signale du reste que les autres pays de la région entretiennent des relations avec l’OTAN.

Le Monde arabe vit aujourd’hui à l’heure des appels aux réformes, qu’elles viennent de ses sociétés civiles ou des puissances étrangères. Quelles sont les propositions de l’Algérie, présidente en exercice de la Ligue des Etats Arabes ?

L’Algérie est convaincue que le Monde arabe doit se réformer de lui- même, faute de quoi un changement lui sera imposé de l’extérieur. A cet égard, l’exemple de l’Irak est éloquent. L’Algérie n’a évidemment pas à s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays arabes, mais en tant que membre de la Ligne Arabe dont elle assure la présidence, elle essaie de tout faire pour moderniser cette organisation et en démocratiser le fonctionnement jusqu’à en faire une possible locomotive des réformes dans le Monde arabe.

Dans le cadre du Processus de Barcelone, l’Union Européenne propose aux trois pays du Maghreb Central de mener avec eux une “ expérience pilote ” au titre de ce qu’on appelle “ la coopération renforcée ”, l’enjeu étant la réalisation de grands projets sous- régionaux qui vont favoriser l’intégration économique du Maghreb. Que pensez- vous de cette initiative et comment voyez- vous sa concrétisation ?

Toute initiative susceptible d’activer la coopération en Méditerranée et un développement équilibré au Maghreb est évidemment la bienvenue. S’agissant de la concrétisation, elle doit se faire dans la concertation et de manière consensuelle.

Cela dit, une telle initiative, conjuguée avec celles qui sont susceptibles d’être prises dans le cadre du dispositif juridique de l’UMA, est de nature à impulser le processus de construction maghrébine. Elle nous interpelle en tout cas dans la mesure où, si nous ne nous attelons pas à faire nous-même l’UMA, l’initiative finira par nous échapper et nous nous verrons imposer des démarches sur lesquelles nous n’aurons peut- être aucune prise.

Croyez- vous à un partenariat stratégique entre l’Union Européenne et le Maghreb en tant que groupement sous- régional et quelle est votre vision de ce partenariat, sachant que l’Union Euro- péenne a déjà proposé la mise en œuvre d’une politique de voisinage qui s’adresse à tous les pays de la rive sud de la Méditerranée ?

L’un n’exclut pas l’autre. Le Maghreb peut parfaitement coopérer avec l’Europe tout en s’insérant dans le cadre d’une politique de voisinage. Le problème ne réside pas dans le schéma théorique, il est dans l’application.

Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’aucun projet euro-maghrébin susceptible de garantir absolument nos intérêts ne peut être mis en œuvre si les Maghrébins eux- mêmes perdent l’initiative et ne décident d’abord de mettre en application leur propre projet, celui de l’UMA, Nous ne pouvons être des partenaires fiables et respectables que si nous sommes unis dans l’application des décisions que nous avons prises depuis maintenant plus de dix ans.

Le rejet des Français puis des Hollandais du texte constitutionnel européen, ensuite le report de la date du référendum en Angleterre a été le début d’une crise au sein de l’Union Européenne. Quelle est votre évaluation de la situation et de ses effets sur le partenariat euro- maghrébin ?

Les résultats en France et dans les Pays-Bas du référendum sur la Constitution européenne ont manifestement ouvert une crise au sein de l’Union Européenne. Je suppose que les responsables européens sauront en tirer les conséquences et trouver les mesures à prendre pour dépasser les difficultés actuelles. Je ne me permettrais évidemment pas de risquer une opinion sur l’évolution des choses, mais nous sommes intéressés à la manière dont les Européens sortiront de leur crise car, dans une grande mesure, nos intérêts sont liés, surtout depuis notre association avec l’Union Européenne. Je ne pense pas en tout cas que nos liens avec l’Union Européenne seront affectés en quoi que ce soit par cette situation.

Réalités

[www.realites.com.tn]
V
8 juillet 2005 23:28
j'eviterai d'intervenir ce ce qu'il a encore dit au sujet du sahara pour ne pas déroger à la charte du forum , et pour ne pas provoquer nos hotes algériens

sinon , pour le reste de l'interview , c'est le bla bal habituel des politiciens , on aura pu remplacer Boutef par M6 , et Algerie par le MAroc , ca aurait été la meme chose .......à part pour la question du sahara winking smiley

cordialement
a
8 juillet 2005 23:43
Moi ça me montre la haine et la jalousie envers le Maroc qui ne changerait jamais.

je réitère notre volonté de construire avec nos frères marocains une relation durable fondée sur le respect mutuel, la confiance, la coopération et le partenariat dans tous les domaines.

Mais en ce qui concerne les 404 détenus marocains, eh bien ils resteront dans nos prisons, c’est notre hospitalité a-nous.

Quel serpent!! Quelle bassesse !

merci yasmine98 pour l'article




Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/07/05 04:37 par almotanabi.
Almot
k
9 juillet 2005 01:42
selam oui sauf que notre cher Roi na pas ouvert sa bouche au sommet arabe a alger pour demander devant la ligue arabe la liberation immediate de nos 404 freres marocains emprisonnés dans le sud algerien!
a
9 juillet 2005 04:39
merci beggie d'abord car j'ai vus que j'ai poster 408
et je suis tout a fait d'accord avec toi
salaam,
Almot
 
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