Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
une autre point de vue.....mais cette fois celle qui touche le fond du probleme
l
25 octobre 2004 20:24
Et si l'on décolonisait, pour de bon
par Mohamed Chafik

Diverses analyses faites récemment du dossier sahraoui appellent quelques remarques quant au vrai fond du problème. Il y a lieu de penser tout d'abord que, si les dirigeants de l'Afrique du Sud sont allés jusqu'à comparer le sort du peuple sahraoui à celui du peuple palestinien, c'est que, probablement, ils ne savent de l'histoire de l'Afrique du Nord rien de plus que ce que les politiciens algérois ont bien voulu leur dire et répéter.
Ces politiciens, souvenons-nous en, ont été portés au pouvoir par le nassérisme divaguant des années soixante, puis confortés dans leur attitude de suffisance par le baâthisme paranoïaque des années soixante-dix. Ils continuent de s'aveugler sur le fait que l'islamisme destructeur est le fils légitime du panarabisme en détresse. Ivres du sentiment de puissance que leur procure une rente pétrolière en exponentielle croissance, ils se défoulent en de frénétiques gesticulations visant à intimider périodiquement un pays frère depuis longtemps pris en grippe pour des raisons ressortissant à la psychanalyse. Se répandant sans cesse en menaces et invectives, ils en oublient d'écouter les geignements de leurs propres compatriotes taraudés par bien des tourments.
Malheureusement, comme les instances internationales ne semblent entendre que ceux qui crient le plus fort, elles se trouvent amenées à ne percevoir des problèmes locaux ou régionaux que leurs parties émergentes. La diplomatie étant l'art d'accommoder au faux-semblant le pis-aller, elles ne s'inquiètent sérieusement des vraies causes d'un douloureux événement que lorsqu'il est déjà trop tard. Essayons donc de les aider en allant au fond des choses, quitte à offusquer nos adeptes du non-dit et du pas-à-dire, très nombreux, hélas, et influents.
L'Organisation des nations unies, l'Union africaine, l'Afrique du Sud ou tout autre pays mal instruit des tenants et aboutissants des affaires nord-africaines, devraient se faire à l'idée que les Imazighen, c'est-à-dire les Berbères, ne sont pas résignés à se considérer comme une ethnie en voie d'extinction. Loin s'en faut. Ils se sentent mal à l'aise, où qu'ils se trouvent au Maghreb.
Universalistes par penchant naturel ou par nécessité, ils tiennent pour négligeables les différences entre les races.
Mais, en l'étape actuelle de leur histoire, ils s'estiment, à juste raison, opprimés culturellement, et plus ou moins discriminés politiquement et économiquement. La nature austère de leurs contrées et les vicissitudes d'une saga millénaire leur ayant forgé un tempérament d'endurance et de patience, ils souffrent sans trop se plaindre depuis près d'un demi-siècle, après avoir porté la partie la plus lourde du joug colonial européen. Comme surpris dans leur bonne foi et leur confiance en des coreligionnaires affichant une piété sans faille en apparence, c'est au fil de plusieurs décennies qu'ils ont pris conscience du déni de justice dont ils sont victimes. Mais, très vite, ils ont compris l'importance du symbolique. Ils se veulent désormais les champions du dur combat pour la sécularisation de la vie publique et rechignent de plus en plus clairement à admettre que l'Afrique du Nord, le berceau de leur civilisation et le réceptacle des flux civilisateurs qui les ont imprégnés, puisse un jour se nommer Maghreb arabe. Pour l'heure, ils tiennent à ce que toutes leurs démarches restent pacifiques et menées en interne.
Or, des signes de nervosité se manifestent par-ci et par-là chez les militants de la cause amazighe, au fur et à mesure que l'affaire du Sahara occidental semble poser problème à l'humanité tout entière, après n'avoir été, aux yeux des Imazighen, qu'un simple malentendu entre dirigeants marocains et algériens sans atomes crochus les uns pour les autres. La communauté internationale, très peu avertie du fait berbère, ne pouvait pas prêter toute l'attention voulue aux détails de la dénomination République Arabe Sahraoui dont s'est affublé le Polisario. Et voilà qu'on cherche sérieusement à lui faire envisager la possibilité d'entériner la création d'un Etat se disant d'emblée arabe sur un territoire à haute valeur symbolique au regard de l'émotion presque religieuse qu'inspire aux berbères leur histoire médiévale. C'est en effet le grand Sahara occidental qui a été le témoin privilégié de la naissance de la dynastie almoravide, celle-là même qui, au XIe siècle, esquissa le premier tracé de ce qui fut appelé à devenir rapidement la carte de l'Afrique du Nord politique, englobant le Maroc, la Mauritanie, l'Algérie, la Tunisie et la Libye, c'est-à-dire la majeure partie des régions berbérophones un ensemble auquel les Européens ont longtemps donné le nom dépréciatif de Barbaria, passant outre à l'avis du grand Montaigne disant en ses essais qu'«il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage».
Le journaliste anglais Toby Shekkey, du Financial Times, interviewé par l'hebdomadaire marocain le Journal, estime que «...Le refus de Rabat d'accorder aux Sahraouis le choix entre intégration et indépendance a engendré la frustration de la communauté internationale...». Si l'on devait parler de frustration, ne serait-il pas plus objectif et plus pertinent de penser à celle, bien plus réelle et mieux ressentie, du peuple amazighe ?
Il est des ressentiments qui, pour être intériorisés, n'en deviennent que plus dangereux. Les Imazighen en sont réduits à se sentir étrangers chez eux, en des territoires dont ils n'ont jamais spolié personne, et qu'ils ont toujours défendus avec vaillance. Au fait, pourquoi le Maghreb dit arabe n'arrive-t-il pas à se former ? C'est précisément parce qu'il n'est pas arabe, et ne peut le devenir ni par la force ni par la ruse.
Jusqu'à ce jour, bien que lésés en plus d'un partage dans la convivialité qui caractérise apparemment leurs rapports avec les Maghrébins se donnant des origines arabe, les Berbères, qu'ils soient marocains, algériens, tunisiens, libyens ou mauritaniens, ont su raison garder. La création d'une république arabe sahraouie aurait valeur à leurs yeux d'une étape décisive dans la marche forcée vers l'arabisation imposée à l'Afrique du Nord depuis cinquante ans.
Suffisamment atteints dans leur amour propre ethnique, et même humiliés de plusieurs manières dans leurs vies collectives et individuelles, au quotidien, ils tentent, sans y arriver vraiment, de signifier à la conscience mondiale, si soucieuse de mener à bien les dernières tâches de décolonisation, qu'ils sont eux-mêmes colonisés, de façon archaïque, mais terriblement efficace. Il existe bien des peuples que les instances internationales ont soutenus à bout de bras pour leur permettre de se réapproprier des territoires ancestraux dont ils ont été expulsés en des temps immémoriaux. Les Imazighen n'en demandent pas autant. S'ils n'ont jamais eu vocation à vraiment coloniser, ils n'ont jamais non plus durablement cédé à quelque colonisateur que ce fût. De ce fait, ils n'ont jamais abandonné la terre qui a bercé leur devenir. Et ils tiennent à en rester les maîtres, en tant qu'Imazighen, dans la mesure où l'ethnocide programmé, dont ils subissent déjà les effets, n'aura pas le temps d'être mené à bout.
L'histoire témoigne de leur acharnement à résister et à se défendre, et Dieu sait s'ils ont eu à faire face à des armées déferlantes ou à des hordes d'envahisseurs affamés. Mais, ouverts aux idées, ils ont accueilli sans réserve toute influence civilisatrice; aussi ont-ils contribué à l'élaboration des grandes cultures méditerranéennes, celle des Egyptiens, leurs cousins, celle des Grecs, des Latins, des Chrétiens et des Musulmans. Leur adhésion à tout mouvement en quête d'universalité aura-t-elle été la cause d'une certaine stagnation de leur propre civilisation ? Leur envie irrésistible de connaître l'autre et de chercher à le comprendre a fait qu'ils ont peu œuvré pour valoriser leur propre patrimoine culturel, pourtant riche de potentialités et proche de l'humanisme. Dans l'antiquité, ils se sont signalés par la vigueur de leur pensée, qu'ils ont exprimée en grec, puis en latin. Au Moyen-Age et au début des temps modernes, ils se sont fait remarquer par leurs approches rationalisantes des problèmes de l'esprit. Au siècle dernier, ils ont écrit en anglais, en français, et même en néerlandais. Mais il y a seulement une trentaine d'années qu'ils ont commencé à publier en leur propre langue des romans, des pièces de théâtre et des poèmes dignes d'être mentionnés en tant que productions écrites.
Il était temps; car il se trouve que les particularismes se bousculent déjà au portillon de la culture universelle dont la venue a été tant rêvée. Les identités sont sommées en quelque sorte de disparaître, ou de s'affirmer suffisamment pour être habilitées à participer au débat fédérateur, ou, le cas échéant, à se positionner dans le clash des civilisations, qui, semble-t-il déjà, fait des victimes. Contrairement à la mauvaise réputation qui leur a été faite par les colonialismes français et espagnol, les Berbères n'aspirent qu'à la paix; mais ils ne sont pas peuple à abdiquer son droit à l'existence, en tant qu'entité ethnique et culturelle. En silence, ils ruminent leurs frustrations, mais sont prêts à se battre loyalement. Toby Shelley, lui qui se veut faiseur d'opinions et analyste patenté des sentiments des autres, lui le citoyen d'un pays ayant droit de veto au Conseil de sécurité, a-t-il sérieusement interrogé l'histoire et la géographie de l'Afrique du Nord? Que sait-il du passé et du présent des «Berbers» de son dictionnaire? (Quel dommage pour l'humanité que des médias toujours pressés et prompts à formuler des jugements à l'emporte-pièce la guident dans ses choix et décisions ! Les dictatures du sensationnel, du superficiel, du faux et du mensonge, sont déjà en place).
Il est vrai que Toby Shelley n'est spécialiste que du Moyen-Orient et... du Sahara (marocain), deux régions si proches l'une de l'autre, à l'évidence; les panarabistes algérois lui en ont donné la preuve. Eux-mêmes ne s'enivrent-ils pas de vapeurs de pétrole à la manière de leurs congénères d'Irak et d'ailleurs ? Voici trente ans qu'ils s'évertuent à forger de toutes pièces le premier élément d'une future république arabe unie populaire socialiste et superpuissante, suffisamment tout au moins pour pouvoir phagocyter (ô le beau rêve!), dans l'ordre, la Mauritanie, la Libye, puis la Tunisie, en attendant que mûrisse... le reste. Les arabes auront ainsi démontré qu'ils sont plus forts et plus unis ailleurs qu'ils ne le sont chez eux.... Et la berbérité? Quelle barbarité?... Vous plaisantez!... D'abord Al-Barbar sont des arabes; et ensuite ils n'existent plus.
Il existe bien pourtant un peuple amazighe kabyle humilié et voué à la misère; un peuple amazighe aurasien acculé au mercenariat militaire; un peuple amazighe mozabite persécuté pour ses croyances religieuses; un peuple amazighe chenoui au territoire sans cesse quadrillé et ratissé; un peuple amazighe senoussi contraint de s'adonner à la petite contrebande pour pouvoir survivre; un peuple amazighe gourari mourant de soif dans le désert et surveillé de très près; et aussi un peuple amazighe targui spolié de tout. Les Touaregs n'ont-ils pas été, de toute leur existence et jusqu'en 1920, totalement indépendants ? Et voici ce que dit de l'Aurès la vraie histoire de l'Algérie, pas celle qu'ânonnent des écoliers en pleurs: «Peuplé de Berbères, l'Aurès, véritable bastion est une terre d'irrédentisme, opposé à toutes influences extérieures... Les Français ne colonisèrent jamais vraiment l'Aurès, où éclata en novembre 1954 la guerre de l'indépendance algérienne». Mais les Français se sont bien vengés en livrant à des arabistes brailleurs de slogans les fiers peuples amazighes, targui, aurasien, kabyle, et autres. Ces peuples ont-ils été réellement décolonisés?... Oui, MM. Annan, Baker, et Mbeki, l'Afrique du Nord n'est pas encore décolonisée! Regardez-y de plus près.

anouarcharif's
26 octobre 2004 02:03
RIEN á DIRE

ENCORE BRAVO MOHAMED CHAFIK , tu touche toujours le fond !

eT merci pour le Journal Al bayane , le seul Journal partisane qui donne une occasion pour la pensee libre des ideoleologies racistes et fachistes : arabisme et pana-arabisme


h
26 octobre 2004 02:46
Chapeau bas Mr Chafik.
le Maroc au coeur. Ah ! Que lentement la vérité fait son chemin dans les esprits...
b
29 mars 2005 19:20
à relire...
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-   Un grand peuple sans âme est une vaste foule-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
T
29 mars 2005 19:42
Il se trouvent ces temps-ci que des théoriciens de la dernière classe osent se prononcer sur les origines des peuples du maghreb.
Ainsi au dernier sommet "Arabe" (ou dirais-je sommet de vision totalitaire Egypto-Syrienne) ce fashiste nazi de Kaddafi a osé se prononcer sur les berbères les qualifiant comme d'origine arabe !
Doit-on t'apprendre à la fermer monsieur le vulgaire Kaddafi ! toi qui a souillé le sang de ton peuple par la honte et le mépris ?
[color=green]_-/\[/color][b]Trojan Horse[/b][color=green]/\-_[/color]
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook