Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
M. Aouda à Jénine....
t
16 octobre 2006 20:28
salam all

un témoignage pour lequel nous ne pouvons rester indifférent...


Jénine, 5 septembre 2004

Il était environ 15h00, les petites rues du village de Tamoun, situé dans la banlieue sud de Jénine, étaient étrangement vides. J’étais sur le chemin pour rencontrer M. Abdel Sattar Rashid Bani Aouda, un père de huit enfants âgés de 5 à 15 ans. Je devais remplir un questionnaire qui lui permettrait de bénéficier de notre Projet de Parrainage des familles. J’étais vraiment pressé, le jour allait tomber, et je devais ensuite retourner à Jénine. Techniquement, un voyage de 35 km prendrait moins de 20 minutes, mais avec la présence des checkpoints israéliens, où se mêlent contrôles d’identité et fouilles, cela prend des heures.

J’ai frappé à une porte pour demander l’endroit exact de l’habitation de M. Bani Aouda. Je me suis retrouvé devant deux pièces en briques d’argile qui n’excédaient pas 40 m². Les deux pièces, la maison et le plafond étaient fabriqués d’un mélange de différents matériaux dont des sacs en plastique, de l’étau et de l’amiante. J’ai regardé la maison, déconcerté de voir qu’un endroit si délabré pouvait être habité. Une profonde consternation vint supplanter mes appréhensions lorsqu’une question m’interpella : « Que voulez-vous ? » C’était une fille d’environ 6 ans. Elle était pieds nus et portait un chemiser en laine sale et un pantalon dont je ne pourrais dire la couleur tant il était taché. Surpris, je lui demandais : « Qui es-tu ? Et d’où viens-tu ? ». « C’est ma maison. », répliqua-t-elle. « Bienvenue ! Entrez ! », me dit un homme au visage mat, maigre et pauvrement vêtu. C’était M. Aouda. Il a 40 ans. Je lui ai serré la main, elle était aussi froide que l’hiver. J’entrais dans la maison avec une question qui me minait : « 10 personnes peuvent-elles vraiment vivre dans cette toute petite maison ? Peuvent-ils véritablement manger, boire et dormir ici ? » Cette maison était l’implantation idéale pour la pauvreté et le dénuement : pas de courant, quelques matelas fins en éponge et avec cela, une symphonie, un vent sifflant à travers les trop nombreux trous, les battements des sacs en plastique sur le plafond précaire, l’écho des pierres et d’autres objets portés par le vent qui frappaient les tôles en étain.
J’avais le sentiment, et encore aujourd’hui, qu’un vent violent allait arracher le toit et laisser ces nécessiteux sans protection. Huit enfants maigres m’entouraient ; tous paraissaient sous-alimentés et anémiés. Je me suis assis par terre et j’ai commencé à remplir le questionnaire. Il y a quatre ans encore, le père travaillait en Israël. Lorsqu’il a commencé à construire une petite maison pour sa famille, la plupart des travailleurs Palestiniens, dont lui, étaient empêchés de se rendre au travail à cause de la détérioration des conditions politiques et sécuritaires dans la région. C’est pour cette raison que M. Aouda n’a pas pu poursuivre la construction de sa maison ; il l’a donc occupée sans qu’elle n’ait les équipements de base nécessaires, dont un plafond fragile. Ses enfants ont été exposés à plusieurs maladies, particulièrement des symptômes de malnutrition. Sa femme quant à elle ne souhaitait pas s’exprimer. Les drames de la vie ont marqué de chagrin son visage blême. Pourtant, quelques mots sont sortis de sa bouche : « Voulez-vous vraiment nous aider ? Et si vous nous aidez aujourd’hui, qui nous aidera demain ? Ne te déranges pas, mon frère ! Laisses-nous à la Clémence de Dieu. Je jure par Son Nom que nous acceptons notre destin. » « Je dirai que c’est la volonté de Dieu qui fait que je suis ici pour vous aider », lui répliquais-je. Elle me regarda avec des yeux remplis de larmes ; son visage laissait paraître l’anéantissement à force de ressasser un avenir incertain. « Le désespoir et la frustration sont devenus chez nous un mode de vie ; pouvez-vous imaginer que pendant dix jours, nous n’avons mangé que du pain et du thé ? », et avant même de terminer, elle commença à pleurer, affligée. « Je me lève tous les matins et j’allume un feu puisque nous n’avons pas de cuisinière. Je me pose alors cette fameuse question : « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir préparer ? ». Revient la seule réponse : du pain et du thé… Je me souviens du dernier Ramadan. Mon mari travaillait pour un Programme « Travail contre nourriture » et il a reçu un sac de farine, du riz et du sucre comme un acompte. J’ai poussé mes enfants à jeûner, même si je sais qu’ils sont encore trop jeunes, dans le but d’économiser de la nourriture. » Elle continua à se remémorer les moments difficiles : « J’ai l’habitude de me lever avant la prière de l’aube pour préparer le repas d’avant jeûne (Sohour) ; j’avais cherché dans toute la maison des morceaux de pain secs, je les avais trempés dans de l’eau puis je les avais donnés à mes enfants avec du thé.
Lorsque je réveillais Abdel Sattar, il me disait « Je crois que je pourrai jeûner sans prendre le repas de Sohour, mais réveilles-moi pour la prière ». Lorsque vient l’heure de rompre le jeûne, je songe au début de la journée, lorsque je me demandais ce que j’allais bien pouvoir cuisiner pour mes enfants ? J’imagines faire semblant de cuire quelque chose en mettant quelques pierres dans la casserole, comme dans l’histoire passée au temps de Omar Ibn Al-Khattab, mais je me rends compte ensuite qu’il n’y a plus de Omar et ces pierres ne pourront jamais cuire. » Je lui demandais si elle a reçu de l’aide de personnes, elle répondit : « Autrefois, les gens avaient l’habitude de s’entre aider, particulièrement pendant le mois de Ramadan. Mais aujourd’hui, la plupart des personnes sont pauvres et elles ont besoin de quelqu’un qui les aide. »
J’ai regardé les enfants avec questionnement et je me suis demandé combien de temps encore ils pourront tenir avec du pain et du thé ? Ils pourront certainement vivre quelques années mais ils souffriront d’une montagne de maladies à cause de cela. J’ai rempli le questionnaire, regardé ma montre, il était 16h00. J’ai quitté la maison avec beaucoup d’interrogations. Le mois béni de Ramadan approche. Est-ce que ces petits enfants seront assez forts pour jeûner ? Cette famille palestinienne est une parmi des milliers…

Pour sauver ces familles des griffes de la pauvreté, le parrainage est la solution que nous proposons. Contactez-nous pour recevoir une brochure complète sur nos projets en Palestine.

Par Nur El Khaldi, SI Palestine, Jénine

[www.webthon.fr]

salam
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook