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Algérie : Les prix d'un rêve irréalisable
a
18 février 2007 19:08
Alger - Rabeh Bouterfa


Les excédents financiers collectés ces dernières années des revenus pétroliers ont encouragé les dirigeants algériens à se rappeler leur éternel rêve de «puissance régionale». C’est dans cette perspective qu’ils ont ouvert, en même temps, plusieurs fronts. Les risques d’échec sont plus importants que les chances de succès.


Les déclarations qui ne manquent pas de provocation, émanant de la majorité des ministres algériens ces derniers temps, montrent que le pouvoir en place n’arrive plus à se maîtriser. «Si le prix du baril du pétrole à 60 $, les a rendus arrogants, le rêve de participer à un cartel gazier avec les Russes les rapprochent de la folie des grandeurs». Telle est la remarque faite récemment par un ancien Premier ministre algérien en présence d’un Général à la retraite qui faisait un jour la pluie et le beau temps dans le pays. Pour ce dernier, les adversités qu’avait «acheté» le pouvoir, notamment depuis un peu plus d’un an aussi bien sur le plan régional maghrébin qu’international, ne ramèneront certainement pas des fins heureuses. Ceux qui ouvrent les fronts partout doivent mettre fin à ces aventures risquées, conclut-il. De leur côté, les analystes politiques soulignent que l’Algérie n’avait jamais vu, depuis l’indépendance en 1962, un tel nombre de litiges et de tensions avec les Etats voisins et lointains. Le pire, selon ces experts, c’est que les responsables ne sont pas conscients de la gravité de la situation. Ce qui incite à s’interroger sur les raisons pour lesquelles les plus avisés du système, l’éminence grise de la Grande muette comprise, s’abstiennent d’arrêter cette dérive politique. Les cercles proches de celle-ci laissent entendre que le moment n’est pas encore venu, d’autant que les lignes rouges sont loin d’être franchies. Ce n’est pas de l’avis des personnalités de l’opposition tels que les anciens Premiers ministres, Miloud Hamrouche ou Ahmed Benbitour, qui considèrent que se battre sur plusieurs fronts, en même temps, est une sorte de «guerre d’usure» pour l’Algérie. Celle-ci, qui n’est pas encore sortie de l’ornière, même si l’on fait entrer dans la tête de ses dirigeants, actuellement au pouvoir, qu’elle est retournée en force sur la scène internationale, et que, renforcée par ses revenus pétroliers, son «matelas de devises», et surtout, son surarmement en cours, elle pourra faire face à tous ceux qui s’opposeront à son éternel rêve de puissance régionale.

Des fronts partout

La tension qui monte chaque jour d’un cran entre la Libye et l’Algérie prouve que le conflit du Sahara n’est pas le seul que cette dernière ravive dans la région. En effet, depuis environ un an, on assiste à des «accrochages» médiatiques entre Tripoli et Alger. Tantôt à cause des Touaregs qui, selon les autorités algériennes, jouent un rôle perturbateur aux frontières avec le Mali, sur demande et soutien du Colonel Kadhafi en personne. Tantôt, en raison du sabotage par ce dernier de la tenue du sommet de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) du fait qu’il s’est rangé aux côtés du Maroc dans l’affaire du Sahara. Ou bien, et c’est ce que les deux parties, hésitent à évoquer explicitement, à cause du conflit frontalier qui couve entre eux depuis des années sans arriver à un tracé qui met fin aux bombes à retardements. Ce qui, semble-t-il, monte aujourd’hui à la surface. Les responsables algériens avaient déclaré, en automne dernier, qu’ils ne permettront pas à la Libye de «pomper les nappes d’eau» situées dans les régions frontalières. Un autre haut responsable avait évoqué, il y a plus d’un an, lors de son passage à Paris, l’existence de l’uranium dans le couloir, objet du litige avec la Jamahiriya libyenne. Ce responsable a laissé entendre que son pays ne pourra pas resté les bras croisés et voir Kadhafi mettre la main sur cette matière première stratégique. Dans ce contexte, la récente déclaration dans ce sens du ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khélil, n’était pas spontanée. Mais, c’était plutôt un message dans lequel il anticipait sur cette richesse que possède son pays, sans pour autant la localiser.

Le responsable algérien a indiqué, dans le cadre de sa révélation portant sur l’intention de son pays de lancer son programme nucléaire à des fins civiles, que son pays «possède des ressources d’uranium». Dernier accrochage médiatique, l’accusation par le ministre algérien de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, d’avoir instauré le visa aux ressortissants maghrébins, ce qui n’aidera pas à la construction maghrébine. Vingt quatre heures plus tard, Tripoli a répondu que cette mesure ne s’applique pas aux Tunisiens, et ont laissé comprendre implicitement qu’elle ne s’appliquera pas aussi à d’autres, sauf bien entendu aux Algériens. Au même moment, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abderrahmane Chalgham, n’a pas hésité à ironiser en déclarant : «celui qui refuse d’ouvrir ses frontières avec le Maroc, facilite vraiment l’instauration de l’édifice maghrébin?»

Sans compter le front, d’une moindre importance certes, ouvert avec l’Arabie Saoudite après la fermeture par les Autorités algériennes de leur école, le pouvoir en place créa les provocations envers les occidentaux, y compris les Américains. La marche arrière effectuée vis à vis de la loi sur les hydrocarbures, suivie par les amendements et l’application de la Taxe sur les profits exceptionnels (TPE) des compagnies étrangères prouvent que les dirigeants algériens veulent montrer que leur pays est une puissance régionale, et à ces grands de ce monde de reconnaître ce fait. Dans ce même ordre d’ouverture des fronts, les autorités algériennes sont allées jusqu’à dissoudre la joint-venture algéro-américaine, Brown Root & Condor (BRC), il y a un mois, ce qui a fait monter la tension d’un cran, notamment après l’accord conclu entre le géant russe, Gazprom et le groupe algérien Sonatrach. Dans ce contexte, les observateurs estiment que ce virage du pouvoir algérien visant à passer un message à l’administration américaine n’aura pas les retombées souhaitées : la reconnaissance de la suprématie de l’Algérie dans son environnement régional.

Parallèlement, les Français qui n’ont pas encore avalé le refus, à la dernière minute, de la signature du Traité de paix et d’amitié par Alger, et, par la suite, montrer qu’elle veut diversifier ses partenaires au détriment de Paris, prennent maintenant le pouvoir de Bouteflika comme cible. De plus, les Français n’apprécient guère l’ingérence d’Alger dans leurs élections présidentielles. Alors que la candidate, Ségolène Royal et les Socialistes, ont fait savoir qu’ils veulent faire des relations franco-algériennes une «référence» entre le Nord et le Sud, son principal concurrent, Nicolas Sarkozy, a fait, lundi dernier, l’éloge des Harkis qui sont morts pour la France. Dans les hautes sphères en France, on affirme que le pouvoir algérien n’ira pas très loin en ouvrant ce front avec la France.

Dernier front en date qui s’est ouvert, c’est avec l’Espagne. Madrid qui n’a guère appréciée le chantage algérien, notamment dans le domaine des hydrocarbures et l’achat d’armement en contre partie d’une position soutenant le Polisario, commence déjà à contrecarrer les projets algériens. Les Espagnols qui craignent une dépendance significative envers le gaz algérien se sont lancés d’ores et déjà dans une opération pour rectifier les erreurs du passé. On apprend que Madrid s’apprête à promulguer une loi visant à endiguer la percée de la Sonatrach algérienne sur son marché. L’initiative est venue du Parti socialiste espagnol, au pouvoir. Il prend pour alibi, la fermeture du marché algérien devant l’investissement espagnol dans le secteur des hydrocarbures. Au niveau de la classe politique espagnole, on n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme à l’égard du danger concernant la sécurité énergétique du pays, notamment après l’axe construit avec le russe Gazprom.



La Gazette du Maroc
t
19 février 2007 16:29
Dernier front en date qui s’est ouvert, c’est avec l’Espagne. Madrid qui n’a guère appréciée le chantage algérien, notamment dans le domaine des hydrocarbures et l’achat d’armement en contre partie d’une position soutenant le Polisario, commence déjà à contrecarrer les projets algériens.



c´ est vraiment grave ce chantagesad smiley(
19 février 2007 17:13
Citation
telev a écrit:
Dernier front en date qui s’est ouvert, c’est avec l’Espagne. Madrid qui n’a guère appréciée le chantage algérien, notamment dans le domaine des hydrocarbures et l’achat d’armement en contre partie d’une position soutenant le Polisario, commence déjà à contrecarrer les projets algériens.



c´ est vraiment grave ce chantagesad smiley(


Mais non ! c'est de la diplomatie de haut vol voyons ! (tm)
"Avec un H majuscule"
a
19 février 2007 17:30
Je vous rappele qu'officiellement l'Algérie n'est pas concerné par le conflit du Sahara Occidental smiling smiley
L
19 février 2007 23:50
Citation
andi espoir a écrit:
Je vous rappele qu'officiellement l'Algérie n'est pas concerné par le conflit du Sahara Occidental smiling smiley

tout à fait, on y pense bien fort !!! et peut être qu'on sera convaincu winking smiley
z
20 février 2007 00:07
Dans le meme sujet, une intervention qui resume toute la situation que vivent le Maroc et l'Algerie de la part d'un algerien:




Les dictateurs construisent leur pouvoir sur la haine du voisin, fut-il un frère.

La preuve? Au zénith de la guerre de libération, toute la région d’Oujda a servi de base pour l’ALN et a subit à maintes reprises les représailles de la France. Je le sais parce que je suis un Algérien né a Oujda qui a connu une enfance riche, paisible et heureuse au Maroc.

Je me rappelle toujours, durant mon enfance, ces cuirassés terrifiants Français qui s’approchaient à la tombée de la nuit des côtes de Saidia pour bombarder les frontières. Nos parents nous cachaient et nous réconfortaient durant ces bruits terrifiants de bombardement de la flotte Française. Les moudjahidins blessés étaient envoyés passer leur convalescence a Oujda chez nous pendant des mois et chez des familles modestes.

Tout ce petit peuple des deux cotés de la frontière a saigné ensemble durant la guerre, s’entre-aidait, commerçait paisiblement et ignorait la frontière. Aujourd’hui ce petit peuple (des deux cotés) maudit le départ des Français qui se sont montrés plus humains et plus rationnels car au zénith de la guerre de libération, les Français exigeaient un simple laisser-passer et n’ont JAMAIS fermé cette frontière aux civils.

Au lendemain de l’indépendance, Ferhat Abbas, Boudiaf et les sages d’Algérie furent écartés et les tontons macoutes arrivistes makhlouînes qui se sont terrés au chaud à Oujda durant TOUTE la guerre ont subitement dressé des barbelés qui traversent même la cuisine des chaumières d’Ahfir et d’autres Douars de la région. Des pauvres fermiers se sont ainsi retrouvés subitement séparés de leurs…puits d’eau (!?!) tellement ces mâglâtes ne savent pas gouverner avec sagesse et prudence. Ces arrivistes makhlouînes étaient tellement ignares qu’ils ne savaient même pas que la mission primordiale d’un gouvernement c’est de créer le bonheur collectif du petit peuple.

Pour pouvoir voir de mes propres yeux ce t’behdil, ce cilima et cette h’chouma qui durent encore de nos jours, je me suis présenté l’an dernier en personne au consulat d’Oujda et a la Frontière de Zoudj-bghâl (c a d les deux mulets…ce nom me fait rire et ô comme il nous convient sur mesure) avec un passeport US et un passeport Algérien. Les Marocains me disaient «avec votre passeport US, nous sommes dans l’obligation de vous faciliter la traversée de nos frontières et même avec votre passeport Algérien vous êtes libre de traverser cette Frontière de Zoudj-bghâl ».

Pour que je puisse « nouassal el keddâb el bab e’Dâr » et savoir qui est le vrai trouble-fête dans tout ce bordel, je me suis ensuite présenté en personne au consulat d’Oujda. La rencontre a été tumultueuse car j’étais furieux quand notre consul m’a dit « je ne peux pas vous donner une b'ermissiou et tronsgrissi la diciziou de son ikssilonce (narri narri) Abdelazziz Bouteflika…il faut que vous alliez d’Oujda a Casa et que vous preniez un vol vers Alger pour aller a Tlemcen ?!?…c’est à dire 60 km d’où j’étais?!? (mais...ou es-tu mon oreille gauche ?!?) »…

C’est l’équivalent de faire Casa, New York, Hong Kong, Dubail pour aller…(tenez-vous bien)…a Oujda!!!. Je me suis senti comme le seul être au monde en train de regarder son pays de la fenêtre de son hôtel parce qu’on lui a refusé l’entrée dans son pays avec son passeport Algérien ?!? Autrement dit, notre frontière est fermée avec un gros cadenas (du jamais-vu) pour ne pas laisser les Algériens…euh….rentrer chez eux ?!?

De mon retour aux USA, je voulais tellement écrire au président et lui dire « M. le président Bouteflika, a-ouili a-ouili, pourquoi n’arrêtez-vous pas ce t’behdil !! NOUS AVONS UNE FRONTIERE QUI N'EXISTE QUE POUR INTERDIRE L’ENTREE A SES PROPRES CITOYENS ET POUR SE PROTEGER CONTRE SES PROPRES CITOYENS!?!?!?…narri narri, c’est du comique…c’est du jamais vu !!…c’est une autre grave “erreur de logiciel” commise par nos dirigeants qui ont tellement manigancé contre notre voisin qu’ils ont finit par péter un plomb !!!

Cette anomalie n’a jamais existé nulle part ailleurs durant toute l’histoire humaine !!! Imaginez ça…c’est l’équivalent d’un château qui ferme le soir ses portes pour interdire l’entrée…euh…a….ses propres habitants ?!?

Même au zénith de la guerre d’Algérie et même au zénith de l’acheminement des armes pour l'A.L.N. par Oujda, cette frontière n’a jamais été fermée aux civils par la France parce qu'eux, ils avaient du “gougou dans la calabessa” et savent gouverner avec prudence et sagesse comme l’a fait le plus sage et le plus aimé des rois, le regretté MohammedV !!!!



Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/02/07 00:16 par zaki7.
L
20 février 2007 01:15
J'ai lu avec le détachement et l'humour ....malgré quelques notes de dépit de l'auteur



Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/02/07 22:02 par La Boetie.
20 février 2007 19:32
GRAND Merci à ZAKI 7

pour avoir posté la situation décrite par un... algérien.

J'ai beaucoup aimé, cette vérité qui sort de la bouche/plume de ce voisin.
 
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