De nouvelles révélations sur l’affaire du chantage sur le roi Mohammed VI. Aujourd’hui, le Journal du Dimanche publie des enregistrements de rendez-vous clandestins entre un représentant de la monarchie et Eric Laurent et Catherine Graciet. Le 11 août, un avocat marocain s’est réuni, au bar du Royal Montceau à Paris, avec l’auteur des «Mémoires d’un roi», indique le JDD. C’est alors que le Marocain demande à son interlocuteur :
"Vous voulez quoi?" demande l’avocat.
- Je veux 3.
- Trois quoi, Trois mille? interroge l’avocat.
- Non, 3 millions.
- Trois millions de dirhams?
- Non, 3 millions d’euros".
La discussion est soigneusement enregistrée grâce l’i-phone de l’avocat. Tous les ingrédients du chantage sont présents. La partie marocaine décide alors de prévenir les autorités judiciaires françaises.
Graciet plus méfiante que son confrère
Une deuxième rencontre a lieu avec Eric Laurent. Cette fois l’avocat marocain souhaite connaître les intentions de sa co-auteure, Catherine Graciet : «Vous et madame Graciet, [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier», raconte le JDD. Là c’est Eric Laurent qui intervient pour dire qu’elle sait pour «les trois millions».
Absente des deux premières rencontres, elle entrera en scène au troisième et dernier rendez-vous, jeudi 27 août, jour de l'interpellation par la police parisienne. Elle s'était pourtant montré plus méfiante que son confrère, et a demandé de changer le lieu de la rencontre optant pour le bar de l'hôtel Raphael, rapporte le JDD. La suite est connue, Catherine Graciet a écrit la lettre dans laquelle les auteurs du «Roi prédateur» s’engagent à «ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc», moyennant une avance en liquide de 80 000 euros sur les 2 millions convenus.
Deal financier vs tentative d'extorsion
Samedi 29 août, Me. William Bourdon, l’avocat de Eric Laurent, affirme dans des déclarations à la presse que son client «reconnaît et assume, pour des raisons qui tiennent à un contexte personnel difficile, avoir consenti à rechercher un accord financier dans des conditions totalement étrangères à un chantage ou une extorsion de fonds». Le même jour, l’avocat du Maroc en France, Me. Dupond-Morretti a évoqué son souhait d'aggraver les chefs d'inculpation en ajoutant celui d’ «associations de malfaiteurs».
Eric Laurent et Catherine Graciet mis en examen pour chantage et tentative d'extorsion de fonds risquent jusqu’à cinq ans de prison ans et 75.000 euros d’amende, selon l’article 312-10 du code pénal français.