Les électeurs musulmans français expriment une vive inquiétude à l'approche des législatives anticipées, craignant une possible victoire du Rassemblement national (RN). Ils redoutent une législation discriminatoire visant leur communauté.
Sarah, âgée de 23 ans et membre du collectif Khlass les clichés, souligne que le RN pourrait instaurer des «lois islamophobes» restreignant leurs libertés individuelles, notamment en matière de pratiques religieuses et d'habillement. Cette appréhension est renforcée par les positions antérieures du parti sur l'abattage rituel et le port du voile qu’il souhaite interdire.
Les manifestations d'hostilité envers les musulmans se multiplient, illustrées récemment par un défilé d'ultra-droite à Lyon scandant des slogans xénophobes : «on est des nazis putain», «islam hors d'Europe». La stigmatisation croissante des musulmans est une préoccupation majeure, comme le déplore Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, affirmant que la perception publique assimile souvent immigration et islam.
Face à cette situation, certains citoyens musulmans envisagent sérieusement de quitter la France pour échapper à un climat perçu comme de plus en plus hostile. Maryam, devant la Grande Mosquée de Paris, exprime une inquiétude croissante : «Dès que j’allume la télé, c’est dramatique, c’est islam islam islam, on confond avec l’islamisme, on met tout le monde dans le même sac». Un sentiment d'isolement et de malaise partagé par de nombreux individus qui se sentent de plus en plus isolés et incompris.
Malgré ces tensions, beaucoup gardent espoir grâce à la coalition des partis de gauche pour contrer la montée de l'extrême droite. Toutefois, le taux d'abstention parmi les électeurs musulmans reste préoccupant. Selon une enquête réalisée par l'Institut français d'opinion publique (Ifop) pour le journal La Croix, 59 % des électeurs musulmans français se sont abstenus lors du premier tour des élections européennes, le dimanche 9 juin. Des appels sont lancés par les responsables religieux pour encourager une participation active aux urnes.
Ce contexte électoral délétère est marqué par une polarisation politique exacerbée, où les minorités religieuses se sentent de plus en plus vulnérables et marginalisées.