Né au Maroc, Kamal Youssefi a toujours eu la fibre sociale. En plus de son éducation au sein d’une famille qui valorise l’apprentissage, les sciences et le développement personnel, il a été en contact avec diverses cultures, lors de ses voyages durant l’enfance. Autant de paramètres qui auront façonné son approche dynamique de la vie, où il s’est enrichi aussi de son expérience internationale. Ayant grandi en Allemagne, il s’est ensuite installé en Suisse et affiné sa capacité d’adaptation dans des environnements multiculturels.
Pour lui, l’Allemagne est un pays où l’éducation capitalise sur la pratique plutôt que la théorie. Il y choisit d’ailleurs des études en informatique, axées particulièrement sur les mathématiques appliquées et l’algorithmique, le calcul parallèle et la gestion des données en mémoire.
Voyageant au grès de sa carrière, Youssefi sillonne de nombreux pays : Allemagne, Suisse, Singapour et Etats-Unis. A chaque fois, ses contributions au développement et à la mise en œuvre des technologies émergentes sont significatives. Il a aussi occupé des postes clés dans de grandes entreprises et organisations mondiales, au sein desquelles il a été à la tête des départements de technologiques, pour piloter des programmes d’innovation numérique. Son travail a permis l’exploitation des capacités des technologies émergentes, témoignant de son expertise et de son engagement envers le progrès dans le secteur.
En marge de la deuxième édition de GITEX Africa (du 29 au 31 mai 2024), le plus grand événement technologique et startup en Afrique, Kamal Youssefi a confié à Yabiladi ses souvenirs des rencontres ayant marqué sa carrière. En effet, il a eu le privilège d’interagir avec des pionniers de son domaine et côtoyé des visionnaires de l’informatique : David Chaum, l’inventeur de la monnaie numérique, Robert Cecil Martin, le président de l’Agile Alliance, Leemon Baird, co-fondateur de Hedera Hashgraph, entre autres fins connaisseurs et leaders mondiaux.
Des initiatives Blockchain et DLT
Youssefi a travaillé pour les multinationales allemandes de logiciels SAP et d’automobile Continental AG, The Big 4 Ernst & Young (EY) et le géant suisse Swisscom Group. Il y a collaboré avec des cadres supérieurs sur la Blockchain et la technologie des registres distribués (DLT), couvrant des initiatives stratégiques au niveau international.
En 2016, Youssefi a fait partie d’une task force interne d’EY mandatée par EY Global. Elle a eu pour objectif d’«explorer le potentiel des différentes technologies émergentes et apporter des cas d’utilisation viables qui peuvent être conçus, développés, déployés et commercialisés pour les clients en Europe», nous a-t-il expliqué.
Le serial tech-entrepreneur marocain a contribué au développement d’un portefeuille EY avec une équipe de cinq autres spécialistes, pour «gérer les transactions pour les actifs numériques», se souvient-il. «Les toutes premières transactions que nous avons effectuées ont été la mise en place de l’accès au Bitcoin via ce portefeuille», a-t-il ajouté.
Plus tard, Youssefi s’est lancé dans un nouveau défi dans l’entrepreneuriat. En 2017, il fonde Swisscom Blockchain AG, en partenariat avec Swisscom Group, fournisseur national suisse de télécommunications et plus grand fournisseur d’infrastructure TIC en Suisse.
La coentreprise (JV) avec Swisscom a reposé principalement sur la technologie Blockchain, qui «est un registre partagé et immuable qui facilite le processus d’enregistrement des transactions et de suivi des actifs dans un réseau commercial».
«La Blockchain enregistre, stocke et vérifie les données en utilisant des algorithmes cryptographiques, tout en tirant parti de techniques décentralisées pour éliminer le besoin de tiers. Chaque transaction est enregistrée puis stockée dans un bloc sur la blockchain. Chaque bloc est crypté pour la protection et enchaîné au bloc précédent — d’où, blockchain», a-t-il souligné.
La JV a développé plusieurs solutions blockchain de niveau entreprise et des applications décentralisées, couvrant les portefeuilles numériques, l’identité auto-souveraine, les solutions de paiement et les plateformes de tokenisation d’actifs financiers, outre les «solutions qui gèrent les actifs numériques», nous dit-il encore.
Hedera, une nouvelle plateforme de registre public
En 2018, Youssefi s’est davantage intéressé à une nouvelle technologie DLT, Hedera, «un niveau supérieur à une simple blockchain», a-t-il déclaré à Yabiladi. La même année, en Suisse, il a fondé le Hedera Governing Council, un organe de gouvernance décentralisé composé de jusqu’à 39 organisations mondiales de diverses industries et géographies.
Le conseil est chargé de gouverner le réseau Hedera, en assurant sa stabilité, sa fiabilité et son développement continu. Hedera est un réseau de technologie de registre distribué (DLT) public et autorisé qui fournit une «plateforme hautement sécurisée, rapide et équitable pour les applications décentralisées (dApps)», a-t-il souligné.
Contrairement aux plateformes blockchain conventionnelles, Hedera se base sur une technologie appelée Hashgraph, qui offre plusieurs avantages : rapidité efficacité, sécurité, équité, gouvernance, rapport coût-efficacité, contrats intelligents et tokenisation, stockage de fichiers et service de consensus, a-t-il déclaré à Yabiladi.
Selon Youssefi, la mission du conseil est de guider la croissance du réseau, tout en maintenant un modèle de gouvernance décentralisé. A ce titre, Hedera peut gérer plus de 10 000 transactions par seconde (TPS) pour ses opérations de cryptomonnaie, ce qui est significativement plus élevé par rapport au Bitcoin (environ 7 TPS) et à l’Ethereum (environ 15-30 TPS dans son état actuel), a détaillé Youssefi.
Aussi, la plateforme assure la sécurité «grâce à l’aBFT (Asynchronous Byzantine Fault Tolerance), ce qui la rend hautement résiliente contre les attaques malveillantes, avec des garanties solides d’intégrité et d’équité des données». Elle garantir aussi un certain équilibre, étant donné que «les transactions sont horodatées et ordonnées équitablement, empêchant toute manipulation par une entité unique».
De plus, cette technologie assure «un rapport coût-efficacité, car les frais de transaction sur Hedera sont fixes et très bas, ce qui en fait une plateforme attrayante pour les entreprises et les développeurs». L’efficacité énergétique est également un plus, car le Hashgraph est plus économe par rapport aux blockchains traditionnelles de type proof-of-work (PoW), a ajouté le spécialiste.
The Hashgraph Association
Pour boucler la boucle, en plus de sa position au sein du Hedera Governing Council, Kamal Youssefi a fondé la Swiss Hashgraph Association, désormais connue sous le nom de The Hashgraph Association (THA). L’Association gère les programmes d’innovation et dirige les activités de développement de l’écosystème pour Hedera Hashgraph.
The Hashgraph Association a déjà lancé plusieurs initiatives stratégiques incluant des programmes d’innovation et de création d’entreprises à travers les industries, y compris des activités complémentaires telles que des programmes de développement professionnel et d’apprentissage.
Ces initiatives visent à améliorer l’environnement professionnel pour l’écosystème du Hedera, en créant de nouvelles opportunités commerciales et en maintenant la dynamique positive l’échelle mondiale.
De plus, THA offre des investissements considérables, combinés à des fonctions de soutien pratiques pour autonomiser les pionniers, les innovateurs, les entrepreneurs et soutenir les startups, en plus d’assister les grandes entreprises et les institutions gouvernementales à lancer avec succès leurs propres solutions et applications décentralisées construites sur le Hedera.