Les rues du Maroc ont de nouveau vibré ce dimanche 10 juillet au rythme des manifestations à l’appel du Mouvement du 20 février. A Casablanca, la marche s’est tenue pour la première fois dans le quartier d’ Oulfa, principalement sur le Boulevard Oum Rabi’ à partir de 18 heures. Pendant trois tours d’horloge, des milliers de personnes (20 000 selon les organisateurs, 2 500 selon la police) ont scandés divers slogans, pour exprimer leur opposition au régime, en dépit de la nouvelle constitution approuvée le 1er juillet dernier.
Ces slogans sont presque les mêmes depuis le début des manifestations : «liberté, dignité et pour un Etat de droit», «non à un Etat policier et corrompu», «la chute du gouvernement» ou encore «le peuple veut juger les criminels». La nouvelle constitution «octroyée» a également été décriée, les protestataires exigent toujours une «constitution démocratique». Pour Amine Moqadem, activiste du Mouvement, la nouvelle loi fondamentale «ne permet pas au passage à un environnement démocratique». Mohammed, la quarantaine, enfourche la même trompette. Ce comptable va même plus loin : «Tout le temps, on nous ment. Ce n’est pas maintenant qu’on va les [autorités] croire» avec la nouvelle constitution.
Marche de Casablanca, quartier Oulfa
Parmi les milliers de protestataires, on comptait des militants d’Al Adl Wal Ihsane, du mouvement amazigh, ainsi que des familles des détenus « salafistes». Mais ce dimanche à Oulfa, tous se définissaient d’abord en tant que membres du Mouvement du 20 février. La tenue de la marche à Oulfa n’était pas sans enjeu. C’était une occasion pour les 20 févrietistes de voir si les masses populaires étaient encore derrière eux, après le «Oui» massif au référendum. D’ailleurs ces résultats sont très loin de convaincre les protestataires : «les plus de 98% du +Oui+ justifient notre option d’avoir appelé au boycott car toutes les étapes du référendum ont été corrompues et les résultats ont été traités dans les coulisses du ministère de l’Intérieur», lance Amine Moqadem.
Les manifestations vont donc se poursuivre chaque semaine pour le Mouvement du 20 février. Ses militants devront toutefois faire avec les anti-manifestants. Ces derniers, mobilisés par dizaines à bord des «M'dina Bus» étaient également là pour crier haut fort leur loyauté au roi Mohammed VI. Le clash entre les deux groupes n’a été évité qu’avec la présence massive des forces de l’ordre, dont l’impressionnant dispositif a encadré la manifestation de bout en bout.
Marche de Rabat