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Grand Angle

Cheikh Hamza, une vie consacrée à la zaouïa Boutchichie

Les «Mourides» de la zaouïa Boutchichie, au Maroc et ailleurs, pleurent leur Cheikh Hamza. Le religieux a marqué l’histoire de la confrérie. En 1972, il avait hérité d'une zaouïa aux nombre de disciples limité, dotée de faibles moyens. Quarante-quatre ans plus tard, il laisse à son fils Jamaleddine des centaines de milliers de fidèles, voire plus, et une renommée à l’international. Madagh est aujourd'hui l’une des capitales du soufisme dans le monde musulman.

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Hamza al Qâdiri al Boutchichi est décédé ce matin, 18 janvier 2016, au Centre hôspitalier universitaire (CHU) Mohammed VI d’Oujda, à l’âge de 95 ans. / DR
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Le Cheikh Hamza n’est plus. Le chef charismatique de la zaouïa boutchichie s’est éteint dès les premières heures de ce mercredi au CHU d’Oujda, à l’âge de 95 ans. Vénéré par ses disciples au Maroc et dans les quatre coins de la planète, Hamza al Qâdiri al Boutchichi a su donner à sa structure une renommée internationale. Il avait pourtant hérité, en 1972 suite au décès de son père Abbas, d’une petite structure soufie.

Le nombre des «Mourides», tout comme les moyens, était maigre. Pis, deux années après sa désignation, Abdeslam Yassine claquait la porte, emportant avec lui d’autres membres pour créer Al Adl wal Ihsane. Un mouvement d’opposition politico-religieux au pouvoir en place, en totale contradiction avec les principes fondateurs de la zaouïa.

De l’assignation à résidence aux conseillers du roi

Une défection qui a eu des répercussions néfastes sur le nouveau Cheikh de la «Tariqa Boutchichie». La lettre ouverte d’Abdeslam Yassine «L’islam ou le déluge» adressée à Hassan II en 1974 fut à l’origine de l'assignation à résidence du guide spirituel de la zaouïa. «On m’a interdit de quitter ma maison et la région. Pour aller me faire soigner à Fès et Casablanca, j’ai été contraint de demander l’autorisation des autorités locales», avait-il expliqué dans des déclarations à la presse en 2009.

Ces restrictions imposées au Cheikh ont été levées par la suite, grâce à la médiation de Faqih Erregragui, conseiller du roi Hassan II. Ahmed Bensouda, un autre conseiller royal, devenu par la suite un fidèle de feu Hamza al Qâdiri al Boutchichi, avait joué un rôle capital dans le rapprochement entre la zaouïa et la monarchie.

Convaincu par les sollicitudes de ces deux proches sur les objectifs des Boutchichis, Hassan II a fini par bénir les actions de la zaouïa. Depuis, elle a connu une ascension fulgurante. La petite structure qu’Abbas avait léguée à son fils en 1972 appartient désormais au passé. Madagh est aujourd’hui l’une des capitales du soufisme dans le monde musulman. En témoigne le nombre important de fidèles du Maroc et d’ailleurs qui s’y déplacent pour célébrer l’Aïd Al Maoulid.

La proximité entre la monarchie et la zaouïa se traduit également par des sorties des «Mourides», qui n’hésitent pas à battre le pavé uniquement pour des causes nationales. Ce fut en novembre 2010 à l'occasion de la marche contre le Parti populaire espagnol et en 2011 pour apporter leur soutien sans concession au projet de Constitution présentée par le roi Mohammed VI.

De son vivant, le Cheikh Hamza avait désigné son successeur : son fils Jamaleddine.

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