Le torchon brûle de nouveau entre le Bahreïn et l’Iran. Samedi 26 juillet, Manama a rappelé son ambassadeur à Téhéran «pour consultation». Mais contrairement à ce qui s’était passé en 2009, le Maroc a préféré observer cette énième crise entre les deux voisins sans émettre le moindre commentaire.
Il y a six ans, Rabat avait réagi tout autrement. Le Maroc s’était empressé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran en riposte à des déclarations de responsables de la Garde révolutionnaires considérant la petite monarchie du Golfe comme faisant partie de leur territoire.
L’ambassadeur du Bahreïn tente de forcer la main du Maroc
Mais apparemment les Bahreïnis ne se satisfont pas de l’attitude adoptée par leur allié marocain. Preuve en est le communiqué publié aujourd’hui par leur ambassadeur accrédité à Rabat. Le diplomate parle de «provocations iraniennes» contre son pays et accuse son grand voisin de «semer la ‘‘Fitna’’ au Bahreïn» et d’encourager les opposants à y commettre des «actes de vandalisme». L’ambassadeur fait référence à l’annonce par le ministère bahreïni de l’Intérieur , le 25 juillet, concernant l’opération déjouée par la marine de son pays visant à introduire des matières explosives et des armes en provenance d’Iran, soulignant que deux chiites ont été arrêtés.
Malgré cette sortie médiatique de l’ambassadeur, à Rabat l’heure est toujours au silence. Le ministère des Affaires étrangères a jusqu’à présent évité d’aborder cette sensible question. Dans le même temps il n’a pas hésité à exprimer ses condamnations de l’attaque terroriste au Cameroun portant la signature de l’organisation Boko Haram et l’envahissement de la mosquée Al Aqsa à Al Qods par des groupes extrémistes juifs.
Pourtant, en octobre 2014, Salaheddine Mezouar avait indiqué lors d’un point de presse que le Maroc était disposé à aider militairement le Bahreïn au cas où Manama en exprimerait le besoin. Et en novembre 2012, les deux pays avaient même conclu un accord de coopération sécuritaire. Si le Maroc préfère sans doute ne pas exprimer publiquement sa position sur ce conflit, c’est qu’il ne souhaite surement pas hypothéquer les chances de la fragile reprise des relations diplomatiques avec l’Iran.
Ce silence marocain sur un dossier qui touche directement Téhéran est le deuxième du genre en l’espace de deux semaines. Le royaume n’a en effet pas encore commenté l’accord du 14 juillet à Vienne sur le dossier du nucléaire iranien entre le groupe 5+1 et l’Iran. Et pourtant l'Arabie saoudite, allié majeur du Maroc, a vivement dénoncé cette décision.