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Grand Angle

Décryptage : Abdellah Boussouf veut-il prendre le fauteuil de Driss El Yazami à la tête du CCME ?

Depuis plusieurs mois, c’est Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME, qui semble avoir pris le gouvernail de l’institution consultative. L’homme multiplie les déclarations à la presse, communique au nom du Conseil alors que le dahir de 21 décembre 2007 portant création du CCME a clairement limité ses prérogatives au niveau de la gestion administrative. Décryptage.

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Driss Ajbali & Abdellah Boussouf / DR
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Depuis quelques semaines, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger fait preuve d'un appétit soudain pour les médias. Après la polémique suite à l'intervention au Conseil de l'Europe de Driss Ajbali, le coordinateur général qui aime à se présenter comme directeur du CCME, serait-ce le tour du secrétaire général ? La dernière sortie médiatique de Abdellah Boussouf, un personnage d'habitude discret, a fait jazzer.

Dans un long entretien accordé au quotidien arabophone Al Massae, lundi 9 mars, ce dernier a tenu à préciser que «le Conseil a une mission consultative et de prospective et non exécutive, ce qui est du ressort du gouvernement». Il a en outre déploré «une sorte de confusion dont le but est de conférer un caractère ambiguë à la mission et aux attributions du CCME et son emplacement dans l’espace institutionnel marocain». Et enfin de tirer à boulets rouges sur «le gouvernement [qui] aurait pu consulter le CCME avant de soumettre les projets de loi, même si le Dahir ne l’a pas spécifié, nous avons en effet un sentiment de mépris à l’égard du Conseil».

Si on résume, le secrétaire général d'un conseil qui n'est que consultatif et qui est sous la tutelle de la primature, demande par voie de presse aux ministres et au chef du gouvernement de le consulter (pour autorisation ?) avant tout projet de loi concernant l'avenir du CCME. Abdelilah Benkirane appréciera, lui qui avait insisté pour maintenir le budget 2013 du CCME contre l'avis de nombreux députés qui avaient décidé de le faire passer de 49 à 9 millions de dirhams.

Retour au texte

Et puis à quel titre Abdellah Boussouf, qui n'a qu'un poste de gestion administrative au conseil, interpelle-t-il ainsi le gouvernement ? Justement des MRE mais aussi des personnalités haut placées s’interrogent sur la légitimité d'un Boussouf qui n'est pas président de l'institution. Une question qui a tout son sens lorsqu'on s'intéresse au texte fondateur du CCME. En effet, Abdellah Boussouf dépasse largement le champ de ses compétences que le Dahir royal n° 1.07.208 du 21 décembre 2007 portant création du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger a pourtant clairement défini. «Le secrétaire général est chargé – sous l’autorité du président – de la gestion administrative et financière du Conseil», indique l’article 19 du texte. 

Visiblement, faisant fi de ses prérogatives limitées, le SG du CCME s’est attribué depuis quelques mois, les fonctions de porte-parole du Conseil, une mission pourtant dévolue au président qui est, rappelons-le, «l’interlocuteur officiel auprès des autorités publiques nationales et des conseils similaires ainsi qu’auprès des institutions internationales concernées par le domaine de sa compétence» (article 16 du Dahir royal).

Une odeur de fin de règne

Face aux absences de Driss El Yazami, occupé par le Conseil national des droits de l'Homme, c’est le secrétaire général qui semble vouloir endosser l'habit de président. C'est d'ailleurs Abdellah Boussouf qui a récemment présidé une réunion avec une bonne partie des membres du Conseil qui se sont plaints de la paralysie du CCME depuis plusieurs années, tout en ne manquant pas de dénoncer les agissements de Driss Ajbali. 

Plusieurs membres et observateurs que nous avons rencontrés se posent la même question : l'agitation que vit le CCME serait-elle annonciatrice d’une prochaine refonte de cette institution consultative ? Un désordre que l’actuel secrétaire général tente de contrôler en contentant les uns, et en promettant aux autres pour gagner du temps, et éviter le chaos. En effet, une crise pourrait sonner le glas des ambitions de Abdellah Boussouf pour prendre un jour, la tête du Conseil.

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