Comme annoncé, le jugement du procès contre Nadja Benaissa a été rendu aujourd'hui, 26 août, par le tribunal d'instance de Darmstadt, en Allemagne. L'objet : plusieurs rapports sexuels non protégés de la chanteuse pop entre 2004 et 2006, alors que depuis 1999, elle se savait séropositive. Elle n'avait pas parlé de son infection à certains de ses partenaires, et ses rapports avaient eu pour conséquence la transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) à l'un d'entre eux, Ralph S..
Quand ce dernier apprend la séropositivité de Nadja, et, après des tests, la sienne en 2009, il porte plainte et il s'ensuit une affaire très médiatisée, où sans grande discrétion la chanteuse est arrêtée en boite de nuit et mise en détention provisoire, sa séropositivité fait le tour de la presse – et sa fille, âgée alors de 9 ans, apprend l'infection de sa mère en lisant le journal...
Dès l'ouverture du procès le 16 août 2010, la chanteuse allemande dont le père est Marocain et la mère Germano-serbe, a reconnu qu'elle avait commis une «grosse erreur». Lors de la dernière journée du procès, elle reconnaissait que «pour ce qu'elle a fait, il n'y a pas d'excuses».
Les juges ont estimé de même. S'appuyant sur des analyses médicales démontrant qu'avec «une probabilité frôlant la certitude», c'est bien Nadja Benaissa qui a infecté Ralph S. du VIH, ils ont condamné la chanteuse pour «coups et blessures graves» et de «tentative de coups et blessures aggravés». La peine : 2 ans de prison avec sursis et 300 heures de travaux d'intérêt général (TIG) dans un établissement de lutte contre le VIH/SIDA. Cette peine correspond à la peine demandée par le procureur. La défense ne s'était pas prononcée sur une peine, elle avait juste demandé que l'accusée soit jugée sur la base du droit des mineurs. Cela a été refusé, car au moment des faits principaux, Benaissa avait 22 ans.
Selon le quotidien allemand Suedddeutsche Zeitung, la chanteuse aurait entendu le jugement de manière «impassible». Mais ce procès très suivi n'a pas pour autant laissé impassible certaines associations de combat contre le VIH/SIDA, qui elles, déplorent ce jugement. L'argument : le principe de la responsabilité partagée de la prévention lors de relations sexuelles bascule trop sur le côté des personnes séropositives. La stigmatisation des personnes atteintes du virus se renforce, ce qui peut avoir comme conséquence malsaine la peur de faire les tests VIH. Tant que l'on ne sait pas qu'on est séropositif, on n'est pas responsable.
L'Allemagne a-t-elle manqué une occasion de lancer un débat constructif sur le VIH/SIDA ?