Dans sa croisade – parfois injustifiée – contre l’insécurité, l’Etat français souhaite passer à un autre stade. Remplacer les unités territoriales de quartier (UTeQ), créées en 2008 par Michèle Alliot-Marie par des Brigades spéciales de terrain (BST). Il ne s’agit pas seulement d’un changement d’appellation. Les futures BST seront constituées de «fonctionnaires expérimentés, travaillant en tenue d'intervention, dont le mot d'ordre sera: le terrain, le terrain et encore le terrain», a précisé le ministre.
Les éléments de la BST ne seront pas non plus des «policiers d'ambiance ou des éducateurs sociaux» ni des «grands frères inopérants en chemisette qui font partie du paysage», a-t-il ajouté. Comme quoi, la BST ne ressemblera en rien aux actuelles UTeQ. Selon lui, la création des BST, est motivée par l’idée de «mettre fin à la délinquance et rétablir la confiance avec la population», et ce, grâce à une «action ciblée dans le temps en s'inspirant de l'emploi du temps des délinquants».
Au total, 26 de ces unités nouvelles seront mises en place d'ici la fin de l'année. Les brigades se déplaceront en fonction des délinquants, a encore martelé le ministre. L’annonce de la création de cette police, vient conforter les déclarations du 30 juillet dernier de Nicolas Sarkozy à Grenoble. Il avait promis une «guerre nationale» contre les «voyous», menacé de déchoir de la nationalité française pour certains délits ou crimes.
Avec de tels discours, l’appellation de la police voulue par Brice Hortefeux est cependant plus que mal choisie. Elle ne se veut nullement «anodine», comme l’a rappelé le ministre de l'Intérieur. Mais s’il faisait référence à leur mission d'intervention dans les quartiers sensibles, Brigade spéciale renvoie également à des unités de la police française, qui, durant la seconde guerre mondiale, travaillaient en étroite collaboration avec les polices allemandes et traquaient les résistants, les dissidents au travail obligatoire, les prisonniers évadés.
Si le soi-disant combat contre l'insécurité prend une telle ampleur qu'un ministre de l'Intérieur n'arrive même plus à discerner les limites de bon goût qu'impose l'histoire, à quand la fin de la dérive sécuritaire pratiquée en France ?