Benkirane ne va pas porter plainte contre Hamid Chabat. Le chef du gouvernement, soutenu par son bras droit et confident, Abdellah Baha, évite ainsi d’emprunter la voie de l’escalade contre son ennemi politique.
Et pourtant le SG de l’Istiqlal n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Dans la soirée du 21 juillet au parlement, Chabat, prenant la parole au nom de son parti pour commenter le bilan à mi-mandat de l’exécutif, avait saisi l’occasion pour accuser ouvertement le PJDiste de nouer des relations avec l’Etat islamique (ancien Etat islamique en Irak et au Levant), le Front Al-nosra, deux organisations très actives sur les fronts syrien et irakien, et le Mossad israélien. Des propos qui ont fait, immédiatement, rire Benkirane.
L’islamiste n’a pas cédé à la pression de ses frères
Le 23 juillet toujours au parlement, c'était au tour du chef du gouvernement de répliquer. Se disant très surpris des «accusations» de l’istiqlalien, Benkirane avait déploré que de tels «mensonges» soient l’œuvre d’une personne placée à la tête d’une grande formation politique.
Mais la décision de Benkirane n’a pas été facile à prendre. Il s’est heurté à la volonté de certains membres du secrétariat général du PJD, y compris des ministres au sein de son propre cabinet. Ces derniers lui ont fortement conseillé de poursuive l’istiqlalien en justice pour «insultes et diffamation».
Les partisans de la solution radicale avaient précisé, dans leur requête, que Chabat ne s’est pas uniquement pris à la personne de Benkirane mais aussi à l’institution de la présidence du gouvernement. Pour eux tourner la page sur cette affaire pourrait avoir des conséquences sur l’image du Maroc à l’international. Ils craignent en effet que les propos du député et maire de Fès aient un impact négatif sur les projets d’investissement étrangers au royaume.
En tout cas Hamid Chabat ne s’était pas montre aussi grand seigneur envers Benkirane. Il n’avait pas hésité à déposer une plainte contre le chef du gouvernement pour «diffamation» à la suite de déclarations remontant à fin décembre 2013. Ce jour là, à l’occasion d’une séance mensuelle sur la politique générale à la Chambre des Chambre des conseillers, le SG du PJD avait accusé certains responsables de l’Istqilal d’être «coupables du délit de fuite de capitaux», avançant même qu’il était en possession de la liste contenant leurs noms.