« Innocence des musulmans » : La justice américaine ordonne le retrait du film de Youtube

C’est l’un des rares «films» au monde ayant réussi à faire énormement parler de lui malgré sa médiocrité cinématographique. «L’Innocence des musulmans», un montage vidéo anti-islam, réalisé en 2012 par Mark Basseley Youssef, un copte égyptien résidant en Californie, peut enfin être supprimé de Youtube. La justice américaine vient d’ordonner son retrait du site de partage de vidéos américain appartenant à l’entreprise Google.

La décision a été prononcée hier, mercredi 26 février, par une cour d’appel fédérale, rapporte l’AFP. Celle-ci a cassé la décision d’un tribunal de première instance qui avait refusé, en septembre 2012, son retrait.

Une des actrices derrière la plainte

C’est une actrice du dit film, Cindy Lee Garcia, qui est à l’origine de la plainte. Après la sortie de la vidéo, le 11 septembre 2012, elle avait assuré avoir été trompée sur les intentions réelles du réalisateur, et avait demandé à la justice américaine d’ordonner son retrait au titre de son droit d’auteur. Aujourd’hui, l’actrice enfin voit sa requête acceptée. Dans sa décision, la cour d’appel a estimé que Mark Basseley Youssef avait «outrepassé les droits implicites d'utilisation de la performance de l'actrice».

Les juges ont aussi reconnu que «des dommages irréparables pourraient être commis en l'absence d'injonction (de retirer la vidéo), car (la plaignante) faisait l'objet de menaces de mort».

Selon l’AFP, Cindy Lee Garcia avait initialement été embauchée par Mark Basseley Youssef pour tourner dans un film intitulé «Desert Warrior», ou «Le guerrier du désert». Mais celui-ci n’était pas sorti. A la place, l’actrice découvre son visage dans un tout autre film : «L'innocence des musulmans». Les scènes qu’elle avait alors tournées, avaient été détournées et doublées avec des dialogues anti-islam.

Des morts 

Le film amateur, «avec son doublage grossier, ses fausses barbes et ses décors de pacotille», décrivait, en effet, le prophète Mohamed et les musulmans en général comme «immoraux et violents». «Si répondre à un casting pour un film amateur à petit budget mène rarement à la gloire, cela fait tout aussi rarement d'une actrice l'objet d'une fatwa», a relevé Alex Kozinski, l'un des juges de la cour d'appel, en référence à la fatwa lancée par Ahmad Fouad Ashoush, un imam salafiste égyptien ayant appelé les musulmans à tuer tous les protagonistes du film.

A l’époque, le chef du Hezbollah libanais avait aussi appelé «toute la nation islamique à se mobiliser en réaction au film». Idem pour Al Qaeda au Maghreb islamique qui appelait au meurtre des représentants diplomatiques américains dans le monde musulman. Des violences avaient alors éclaté dans plusieurs pays dont l’Egypte, le Pakistan, l’Afghanistan et la Libye où l’ambassadeur américain ainsi que 3 autres fonctionnaires du consulat de Benghazi avaient trouvé la mort.