Le Maroc aurait conclu des contrats dérivés à Wall Street, afin de se couvrir contre la hausse potentielle du prix du baril de pétrole sur le marché international, révèle le Financial Times, citant «deux personnes proches du dossier».
D’après les mêmes sources, le gouvernement Benkirane «est soucieux d’éviter toute hausse des prix sur le marché local», laquelle pourrait attiser la tension sociale. En effet, l’entrée en vigueur le 16 septembre 2013 de l’indexation des prix des carburants, qui a provoqué une hausse des prix, fâche de nombreux Marocains. D’ailleurs, c’est en pleine grogne sociale que Rabat aurait sollicité le marché financier américain, selon les sources du Financial Times. A noter que cette orientation fait du royaume, le premier pays importateur de pétrole à protéger sa consommation avec des produits dérivés négociés par le gouvernement.
Le Maroc aurait déjà dépensé 50 à 60 millions de dollars pour couvrir ses importations de pétrole
Initialement, les importations marocaines de pétrole étaient couvertes par la Banque marocaine de commerce extérieur (BMCE). Celle-ci travaillait en collaboration avec Barclays, Citi et Morgan Stanley, ont indiqué les mêmes sources, soulignant que ces banques étrangères recevaient des primes de risque. En outre, les transactions réalisées couvriraient une grande partie de la consommation de carburant prévue par le Maroc pour le reste de l’année 2013. La facture s’élèverait à environ 50 à 60 millions de dollars.
Selon le quotidien économique et financier britannique, le gouvernement Benkirane aurait acheté des options d’achat pour le diesel européen, lui donnant le droit d’acheter le carburant à un prix prédéterminé pour le reste de l’année, se couvant ainsi contre une explosion des prix. Ce contrat impliquerait également qu’en cas de baisse des prix, le Maroc ait la possibilité d’acheter à un prix plus bas.
Pressé de toute part
Pour l’instant, le recours du Maroc à Wall Street se fait encore très discret au royaume. Nous avons tenté en vain de joindre le département des Finances pour obtenir d’amples précisions. Toutefois, il faut dire que Rabat est actuellement pressé de toute part. Il doit honorer ses engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI), dont les conseils restent très délicats (suppression des subventions sur les produits de base,…). Déjà pour calmer la tension concernant l’indexation, le gouvernement s’est engagé à verser une compensation aux taxis suite la hausse des prix des carburants.
Aujourd’hui, le gouvernement tente de persuader l’opinion publique que l’indexation est «une décision souveraine et non en réponse aux dictats des institutions financières internationales», comme l'affirmait, la semaine dernière, le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif. Mais le dernier rapport de la revue du programme de ligne de précaution et de liquidité du FMI montre bien que l’Institution a son mot à dire. Elle a d’ailleurs critiqué la lenteur des réformes, mettant ainsi la pression sur Rabat. La machine est lancée pour le projet de loi de finances 2014 dont la lettre de cadrage est déjà entre les mains des ministres. Et il contiendrait toutes les réformes attendues par le FMI (Caisse de compensation, retraites, ...).