Révolu le temps où les grands agriculteurs ne payaient pas de taxes. Le roi Mohammed VI a tranché. Dans son discours du trône d'aujourd'hui, le souverain a précisé que «cette exemption cessera d'être en vigueur à la fin de l'année en cours pour les gros investissements agricoles». En revanche, la même mesure d'exonération restera «en vigueur pour la moyenne et la petite agriculture».
Les 29 et 30 avril, le ministère des Finances organisait, à Skhirat, les assises nationales sur la fiscalité. La rencontre s’est terminée par l’adoption de plusieurs recommandations. L’exonération fiscale dont jouissent les agriculteurs a été reportée à une date ultérieure. Le gouvernement Benkirane, conscient de la sensibilité de la question, en avait esquivé l’examen. Aujourd’hui, le roi annonce que les gros agriculteurs doivent payer les taxes. Une mesure qui entrera en vigueur dès l’année prochaine. Les caisses de l’Etat seront renflouées par l’arrivée de ces nouveaux contribuables, de quoi alléger le déficit de la Caisse de compensation ou celui des régimes de retraites sans toutefois recourir à la solution de facilité : augmenter les prix des produits de première necessité.
Les gros investissements en ligne de mire
Cette mesure de fiscalisation agricole vient réparer une injustice face aux autres secteurs tous imposables. Désormais, les grandes exploitations, notamment celles tournées vers l'export contribueront aux caisses de l'Etat. Les investisseurs étrangers, notamment européens, qui ont profité des terres de la Sodea-Sogeta, devront partager leurs bénéfices avec le fisc.
Dernièrement, le secteur agricole marocain a aussi attiré l'attention des pays du Golfe qui souhaitent investir lourdement pour garantir leur sécurité alimentaire. C’est ainsi qu'en juin 2013, à Genève, le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a reçu des propositions claires de son homologue qatari, Nasser bin Abdallah Al Humaidi. «Nous sommes au Qatar disposés à venir réaliser des projets créateurs de postes d’emploi [dans le domaine agricole] en contrepartie d’une part de la production», avait-t-il déclaré, rapporte La Nouvelle Tribune. Menace sur la sécurité alimentaire du royaume chérifien ou rapport win-win pour les deux pays ? Une chose est sûre, le Maroc apprécie particulièrement le soutien actif des pays du Golfe.
Remerciements aux pays du Golfe
En effet, un des moments phares du discours du trône, les chaleureux remerciements du roi Mohammed VI aux chefs d’Etat de l’Arabie saoudite, du Qatar, le Koweït et les Emirats «suite à la décision d'accorder au Maroc un soutien financier», a-t-il déclaré. Des pays que le souverain, en compagnie d’une forte délégation composée de quatre de ses conseillers et de ministres du gouvernement Benkirane, avait visités en octobre 2012. Fin juin, le royaume a reçu un don du Koweït d'un montant 1,25 milliard de dollars. Il ne fut pas le seul, les Emirats ont accordé la même somme au Maroc. Le rėcent réchauffement des relations entre le Maroc et le Qatar devrait, sans aucun doute, contribuer à un soutien dans le domaine financier, ou agricole de la part de Doha.