Le conseiller au Cabinet royal Omar Azziman a demandé des explications au ministre de la Justice, Mustapha Ramid, concernant les familles bloquées dans leur processus de kafala depuis l’année dernière, fait savoir l’agence de presse espagnole EFE dans une dépêche publiée mercredi 10 avril. En effet, Mustapha Ramid avait émis, en août dernier, une circulaire interdisant la kafala aux couples étrangers installés hors du Maroc. D’après le ministre, il est quasi-impossible de vérifier le respect des règles de kafala par les kafils installés à l’étranger. Cette orientation a interrompu de nombreuses familles européennes en voie d’adoption au Maroc. Le département de la Justice avait par la suite précisé que les MRE ne sont pas concernés.
Après plus de deux mois d’appel au secours
Depuis janvier dernier, une quarantaine de familles espagnoles sollicitent l’intervention du roi Mohammed VI dans cette affaire. Mais aucune autorité n’avait jusqu’alors réagi. Pas plus tard que mardi dernier, ces familles, dénonçant une «situation de désespoir et de drame humain» ont de nouveau interpellé les autorités marocaines pour qu’une solution soit trouvée, rapporte Les Inspirations Eco. «Les enfants n’ont jamais mis les pieds dans la rue, ils ignorent ce que c’est qu’une voiture. Ces enfants nous considèrent comme leur unique famille et nous ne pouvons pas les abandonner une deuxième fois», affirme ce groupe de familles.
L'affaire traine encore. Pourtant en février dernier, une issue semblait avoir été trouvée, notamment pour les familles espagnoles. En effet, le directeur général de la coopération juridique internationale espagnole, Angel Llorente, avait proposé à M. Ramid d’obliger les parents espagnols à se rendre une fois par an au Maroc pour vérifier le respect de la kafala, ou de confier cette vérification aux juges des mineurs espagnols. Mais depuis, le ministre tarde à donner son accord.
Au Maroc, le nombre de kafala prononcées chaque année avoisinerait les 2 000. Mais ce nombre a certainement dû chuté l'année dernière, suite aux nouvelles exigences du ministère de la Justice. Si les Espagnols ont de quoi tenir grâce à l’appui de leurs autorités, ce n’est pas tout à fait le cas des Français désirant adopter au Maroc. «Ce qui se fait en Espagne pourrait aussi se faire en France, mais le problème en France, quand on fait une kafala, on n’a pas d’agrément, car ce n’est pas considéré comme une adoption entière», expliquait récemment Kamel Marhdaoui de l’association Kafala.fr. La question a même été abordée lors de la rencontre des juristes franco-marocains à Marrakech le mois dernier, sans que des propositions concrètes ne soient faites. De son côté, Kafala.fr se bat pour obtenir, des gouvernements marocain et français, la création d’un «agrément kafala» spécifique.