Le procès pour insultes, diffamation et atteinte à la vie privée intenté par Driss Ajbali à Yabiladi en guise de réponse à notre article pointant du doigt le coût de ce coordinateur général pour les comptes du CCME, avec notamment des voyages en avion systématiquement réservés en classe affaire prend fin. Les 500 000 DH de dommages et intérêts réclamés dans sa plainte menaçaient l’équilibre financier d’une entreprise employant une quinzaine de salariés.
Cette tentative d’impressionner un jeune franco-marocain, installé au Maroc depuis seulement 6 ans, va rapidement s’avérer être une mission délicate pour l’avenir de M. Ajbali au sein du CCME. Le procès qui devait être assez rapide pour ce type d’affaire s’étend en longueur. D’autres dossiers de diffamation, arrivés après nous, ont déjà été jugés, alors que nous piétinons. Le juge ne semble pas vouloir clore le dossier, et nous invite, à chaque audience, à une conciliation.
Premiers contacts… frileux
Dès la fin du mois de novembre, des intermédiaires me sollicitent pour mettre un terme au procès tout en ménageant une issue convenable pour les deux parties. Il s’agit pour le plaignant de me demander des excuses afin de s’en tirer à bon compte sans risquer de perdre son procès. D’autant que pendant le procès, des preuves ont été apportées de ce qui est avancé dans l’article. M. Ajbali les a d’ailleurs authentifiées devant le juge lui-même. Je ne donne pas suite à ces premiers contacts frileux.
Pour montrer notre détermination nous continuons nos enquêtes mais avant de rendre public les faits les plus graves, nous commençons par la révélation, le 16 janvier 2013, des frais de fleuriste extravagants du CCME. Les épineuses roses ont, semble-t-il, fait mal puisque le 21 janvier, un membre du CCME organise une rencontre «improvisée» entre M. Ajbali et moi-même, à Rabat.
Je ne rentrerai pas dans le détail de cette rencontre puisqu’il n’a consisté qu’en un long monologue de Driss Ajbali. Je sens tout de suite qu’il a subi de fortes pressions pour retirer sa plainte, condition sine qua non pour espérer faire partie d’un prochain CCME. L’essentiel sera dit à la fin : M. Ajbali va consulter son avocat pour trouver une issue amiable à ce procès. Je comprends que le retrait de sa plainte et déjà acté dans sa tête, mais reste à en discuter les conditions.
Une semaine de négociation pour… 2 phrases
Les choses ne tardent pas puisque dès le début de la semaine suivante, je suis contacté à nouveau pour parvenir à la rédaction d’un communiqué commun qui annoncerait le retrait de la plainte de M. Ajbali et donc le terme du procès. Je suis d’abord surpris par l’accélération de cette conciliation et surtout de ne pas voir les exigences du départ remises sur la table : retrait de l’article, divulgation de mes sources, excuses publiques …
Pour les excuses, M. Ajbali n’a pas tout à fait lâché prise puisqu’il demandera que figure une ligne dans le communiqué sur ce point. Je refuse catégoriquement et donne une version du communiqué final qui tout en restant sur un ton prônant l’apaisement, ne cède pas sur l’essentiel. Nous parvenons dimanche, la veille de l’audience à une version finale acceptable.
L’article litigieux est toujours en ligne, sans la version de Driss Ajbali puisqu’il n’a jamais souhaité faire usage de son droit de réponse comme le garantit la loi. Aucun engagement n'a été pris de notre part quant à ne pas publier le reste des documents qui concernent le CCME et qui sont toujours en notre possession. Des documents qui appuieront les doutes émis dans nos précédents articles sur la responsabilité de l’équipe dirigeante, Driss El Yazami, Abdellah Boussouf et Driss Ajbali, quant aux dérapages de la gestion de l’argent public. La nouvelle Constitution n’a-t-elle pas fait de la transparence, de la bonne gouvernance et de la reddition des comptes, des principes fondateurs d’un Maroc démocratique ? A suivre…