Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Poèmes-textes....
o
6 mars 2010 01:58
LE BAISER DE LA TERRE

Je vous appelle
Je serra vos mains
Je baise la terre sur vos
sandales
Et je dis:
Ma vie vous appartient.
Je vous offre la lueur de mes yeux,
La chaleur de mon coeur;
Car la tragédie que je vis
Est aussi la vôtre.

Je vous appelle
Je serre vos mains
J'ai refusé la honte dans mon pays
Je n'ai pas courbé les épaules
J'ai fait face à mes bourreaux
Orphelin, démuni, pieds-nus,
J'ai porté mon sang dans mes mes paumes.
Jamais je n'ai baissé mes drapeaux.
Intacte ai-je gardé l'herbe sur les tombeaux
De mes ancêtres.

Je vous appelle
Je serre vos mains ...

TAWFIQ ZYYAD
o
6 mars 2010 02:57
Murale

extraits

Voici ton nom,
Dit une femme
Puis elle disparut dans la spirale du couloir.

(…)

Un jour je serai ce que je veux.

Un jour je serai une idée qu’aucun glaive ne porte
A la terre désolée, aucun livre …
Une idée pareille à la pluie sur une montagne
Fendue par la pousse d’un brin d’herbe.
Et la force n’aura pas gagné,
Ni la justice fugitive.

Un jour je serai ce que je veux.

Un jour je serai oiseau et, de mon néant,
Je puiserai mon existence. Chaque fois que mes ailes se consument,
Je me rapproche de la vérité et je renais des cendres.
Je suis le dialogue des rêveurs.
J’ai renoncé à mon corps et à mon âme
Pour accomplir mon premier voyage au sens,
Mais il me consuma et disparut.
Je suis l’absence. Je suis le céleste
Pourchassé.

Un jour je serai ce que je veux.

Un jour je serais poète
Et l’eau se soumettra à ma clairvoyance.
Métaphore de la métaphore que ma langue
Car je ne dis ni n’indique
Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.
Je suis de là-bas.
Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination …
Je suis qui je fus, qui je serai
Et l’espace infini me façonne, puis me tue.

Mahmoud Darwich
o
6 mars 2010 03:41
AVEU

Ami, qui peut porter secours?
contre le mal d'amour,
Y a-t-il un homme solidaire?
qui peut entendre le pleur
de celui qui dévoile
le secret de son cœur.

Ce qu'en amour j'ai subi
m'a ôté toute patience,
je n'ai livré mon désir
qu'au seuil du désespoir,
Quand le vin et l'ivresse
ont trahi mon secret.

Car les plus vins les plus purs
emportent les aveux du coeur.
Buvons à la bien-aimée,
elle est tout mon bonheur.

Anonyme Andalou (vers XI siècle)
o
6 mars 2010 03:46
ETRE

Je suis Dieu, je suis Créature
Je suis Seigneur et Serviteur

Je suis Trône, natte étendue,
Enfer et Paradis

Je suis Eau, je suis Feu,
Je suis Air et Terre nue.

Je suis Quantité, je suis Qualité,
Ce qui se trouve et ce qui se perd.

Je suis Essence et Apparence,
Je suis Proximité et Eloignement.

Toute dualité est mienne,
Je suis humain, je suis Divin.

L'Emir Abdelkader
o
6 mars 2010 04:57
EAU ET VENT

Bien-aimée,
Je n'ai ni moyen ni pouvoir,
la sentence du Seigneur
régente l'univers.

Toute ma vie
comme eau dans les rivières,
je fus, comme vent errant
dans le désert.

Quand je mourrai,
que mon linceul soit,
les feuilles de la vigne,
Dans un verger,
parmi les grappes,
enterrez-moi.

Quand je mourrai,
versez du vin sur mon corps,
un vin jeune, caressant et joyeux,
pur, enivrant et merveilleux.

Omar Khayyam
o
6 mars 2010 04:59
ADVIENDRA

Adviendra
ce qui doit advenir,
c'est là-bas
qu'aura lieu notre amour.

Belle, elle m'est apparue,
je ne sais où,
elle est venue vers moi,
Belle comme un interdit,
elle m'est apparue.

Emportez-moi
dans toutes les langues,
Pour que m'entende
ma bien-aimée, qu'elle voit
comme je suis ancestral
et de ce temps.

Je suis peuples d'amants,
Prêtez-moi votre vie
pour attendre ma bien-aimée,
Pour l'aimer,
La retrouver
maintenant et à jamais.

Ounsi Al Haj
o
6 mars 2010 05:11
ERRANCE

Je vois la vie,
trésor qui chaque nuit diminue,
les jours ne diminuent point,
le temps s'épuise.

Les jours te montreront
ce que tu ignorais:
celui que tu n'as pas pourvu
d'aucune nourriture,
à qui tu n'as donné aucun vêtement de voyage,
ni jamais donné rendez-vous,
t'apportera la nouvelle,
Ô toi qui me blâmes:
au combat je suis présent,
aux plaisirs également,
me rendras-tu immortel?
Si tu ne peux pas repousser ma mort,
laisse-moi l'affronter
avec mes moyens.

Ainsi, je ne cesserai de boire,
de savourer le plaisir,
de gaspiller mes biens
et mon héritage.


TARAFA (543-569) Auteur d'un des 7 plus célèbres poèmes (mouallaqaât) qui auraient été écrit à l'or et suspendus à la pierre noire de la Mecque avant l'islam. Né à Bahreïn d'une famille chrétienne, ce païen rebelle mène une vie de bohème et d'indifférence attiré par les tavernes et autres lieux de plaisir 13 siècles avant Rilbaud,
rejetant la morale dominante. Poète oral et illettré surnommé "le jeune homme assassiné", "le poète de vingt ans", il porte lui-même la sentence de sa mort sans savoir le lire et se fait tuer à 26 ans sur ordre d'un souverain offensé, victime de ses outrages.
o
6 mars 2010 05:18
LE TEMPS

J'étreins l'épi du temps,
ma tête tour de feu
Quel est donc ce sang
enraciné dans le sable,
et quel est ce déclin?
Éclats du présent,
Qu'avons-nous à dire?
Mon âme a oublié
l'objet de ses passions, oublié
son héritage caché
au foyer des images,
elle ne se souvient plus
de ce que la pluie raconte,
de ce que l'encre des arbres écrit
Qu'est-ce qui me sépare
de moi-même?
Serais-je plus d'un?
Mon histoire serait-elle ma chute,
et ma terre promise, mon bûcher?
Serais-je plusieurs?
L'un interrogeant l'autre:
qui es-tu, et d'où viens-tu
Serait-ce la folie?
Instruis-moi donc folie, guide-moi.

Adonis
o
6 mars 2010 05:18
LA FIEVRE

Ma visiteuse, par pudeur,
ne me rend visite
que dans l'obscurité.
J'ai étendu devant elle
habits et matelas,
elle les a dédaignés
pour s'installer dans mes os,
Quand le matin la répudie,
ses larmes coulent sur moi,
quatre sources mêlées.
Tel un amoureux,
je guette sa venue,
et pourtant sans désir.
Épreuve de ma vie,
n'ai-je pas toutes les preuves?
Comment es-tu donc passée
au travers de cette foule?
Tu as saigné un blessé,
sur lequel il ne reste plus de place
ni pour les lames
ni pour les flêches.

AL Moutanabbi (915-965)
o
6 mars 2010 05:23
Le tortionnaire s’est réveillé
Près de lui
sa femme dort encore
Il se glisse furtivement hors du lit
revêt sa tenue de jungle
et sort
Sur le chemin du réduit
où l’attendent ses instruments
et ses victimes du jour
il pense aux choses ordinaires de la vie
les prix qui grimpent
la maison qui sera trop exiguë
quand viendra le cinquième enfant
les pluies qui tardent de nouveau cette année
le dénouement du dernier feuilleton qui passe à la télé
Il pointe au bureau des entrées
se dirige vers le réduit
ouvre la porte
Les corps sont recroquevillés dans la pénombre
toussotements
puanteur
Lève-toi fils de p. u t e !
crie-t-il
en lançant une ruade
au plexus du premier prévenu
que son pied rencontre

Abdellatif Laabi
N
6 mars 2010 11:45
Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne ...

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
O vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle!
Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle!

(Baudelaire)
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
6 mars 2010 11:47
J'aime le souvenir de ces époques nues ...

J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes,
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!

Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvantement.
O monstruosités pleurant leur vêtement!
O ridicules troncs! torses dignes des masques!
O pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,
Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain!
Et vous, femmes, hélas! pâles comme des cierges,
Que ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du vice maternel traînant l'hérédité
Et toutes les hideurs de la fécondité!

Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux peuples anciens des beautés inconnues:
Des visages rongés par les chancres du coeur,
Et comme qui dirait des beautés de langueur;
Mais ces inventions de nos muses tardives
N'empêcheront jamais les races maladives
De rendre à la jeunesse un hommage profond,
- A la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
A l'oeil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et qui va répandant sur tout, insouciante
Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs!
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
6 mars 2010 12:00
Citation
oryct2010 a écrit:
ADVIENDRA

Adviendra
ce qui doit advenir,
c'est là-bas
qu'aura lieu notre amour.

Belle, elle m'est apparue,
je ne sais où,
elle est venue vers moi,
Belle comme un interdit,
elle m'est apparue.

Emportez-moi
dans toutes les langues,
Pour que m'entende
ma bien-aimée, qu'elle voit
comme je suis ancestral
et de ce temps.

Je suis peuples d'amants,
Prêtez-moi votre vie
pour attendre ma bien-aimée,
Pour l'aimer,
La retrouver
maintenant et à jamais.

Ounsi Al Haj


j'aime !
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
o
6 mars 2010 12:09
Citation
NoirDésir a écrit:
Citation
oryct2010 a écrit:
ADVIENDRA

Adviendra
ce qui doit advenir,
c'est là-bas
qu'aura lieu notre amour.

Belle, elle m'est apparue,
je ne sais où,
elle est venue vers moi,
Belle comme un interdit,
elle m'est apparue.

Emportez-moi
dans toutes les langues,
Pour que m'entende
ma bien-aimée, qu'elle voit
comme je suis ancestral
et de ce temps.

Je suis peuples d'amants,
Prêtez-moi votre vie
pour attendre ma bien-aimée,
Pour l'aimer,
La retrouver
maintenant et à jamais.

Ounsi Al Haj


j'aime !

[www.deezer.com]
o
6 mars 2010 12:55
[ A l'amour]
Amour, Oiseau de l'invisible!
Laisse donc le bleu éternel et la fièvre de l'absence.
Viens chez moi que nous préparions le dîner.
Je ferai la cuisine, tu verseras le vin
Et choisiras ce que bon te semble de chansons qui nous rappelleront
La neutralité du lieu et l'anarchie des sentiments.
Si on te dit que tu appartiens à l'espèce des djinns ... Crois-le!
Si on te dit que tu es une variété de grippe... Crois-le!
Regarde-toi et déchire ton voile. Mais
Tu es là, tout près, familier, aimable, qui épluches les oignons.
Après le dîner, tu choisiras un vieux film sentimental
Et nous verrons comment les deux héros, là-bas,
Sont, ici, deux spectateurs
---------------------------

Le premier matin après ce siège,
Une jeune fille s'en ira vers mon amour
Vêtue d'une chemise bariolée et d'un pantalon gris,
Le moral transparent comme les abricots en mars:
Toute cette journée nous appartient,
Toute, mon amour, ne t'attarde pas,
Un corbeau pourrait se poser sur mon épaule...
Et tu croqueras la pomme en attendant l'espoir,
En attendant ton aimé qui,
Peut-être n'arrivera pas.
--------------------------------------

"Lui ou Moi",
Ainsi débute la guerre. Mais
Elle s'achève par une rencontre embarassante,
"Lui et Moi"

*

"Je suis elle pour l'éternité",
Ainsi débute l'amour. Mais
Il s'achève par un adieu embarassant:
"Moi et elle".
--------------------------------------

Il trouve le temps pour chanter:
En attendant, je ne parviens pas à t'attendre;
Je ne peux lire Dostoïevski,
Écouter Oum Kalsoum ou la Callas
Ou d'autres encore. En t'attendant, les aiguilles
De ma montre tournent à rebours,
Vers un temps sans espace.
En t'attendant, je ne t'ai pas attendue,
J'ai attendu l'éternité.
--------------------------------------

Il lui demande: Quelle fleur aimes-tu?
Elle répond: J'aime les œillets ... s'ils sont noirs.
Il dit: Où m'emportes-tu
Quand les œillets sont noirs?
Elle dit : Au foyer de la lumière en moi,
Et dit : Et plus loin ... plus loin ... plus loin ...

Mahmoud Darwich
État de siège (extraits)
N
7 mars 2010 22:20
Non, quand bien même une amère souffrance

Non, quand bien même une amère souffrance
Dans ce coeur mort pourrait se ranimer ;
Non, quand bien même une fleur d'espérance
Sur mon chemin pourrait encor germer ;

Quand la pudeur, la grâce et l'innocence
Viendraient en toi me plaindre et me charmer,
Non, chère enfant, si belle d'ignorance,
Je ne saurais, je n'oserais t'aimer.

Un jour pourtant il faudra qu'il te vienne,
L'instant suprême où l'univers n'est rien.
De mon respect alors qu'il te souvienne !

Tu trouveras, dans la joie ou la peine,
Ma triste main pour soutenir la tienne,
Mon triste coeur pour écouter le tien.

(Musset)

---

un de mes poemes preferes ... In love
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
o
8 mars 2010 01:12
Rue de Seine


Rue de Seine dix heures et demie
le soir
au coin d'une autre rue
un homme titube... un homme jeune
avec un chapeau

un imperméable

une femme le secoue...

elle le secoue

et elle lui parle
et il secoue la tête
son chapeau est tout de travers
et le chapeau de la femme s'apprête à tomber en arrière
ils sont très pâles tous les deux
l'homme certainement a envie de partir...
de disparaître... de mourir...
mais la femme a une furieuse envie de vivre
et sa voix
sa voix qui chuchote
on ne peut pas ne pas l'entendre
c'est une plainte...
un ordre...
un cri...
tellement avide cette voix...
et triste
et vivante...
un nouveau né malade qui grelotte sur une tombe
dans un cimetière l'hiver...
le cri d'un être les doigts pris dans la portière...
une chanson
une phrase
toujours la même
une phrase
répétée...
sans arrêt
sans réponse...
l'homme la regarde ses yeux tournent
il fait des gestes avec les bras
comme un noyé
et la phrase revient
rue de Seine au coin d'une autre rue
la femme continue
sans se lasser...
continue sa question inquiète
plaie impossible à panser
Pierre dis-moi la vérité
Pierre dis-moi la vérité
je veux tout savoir
dis-moi la vérité...
le chapeau de la femme tombe
Pierre je veux tout savoir
dis-moi la vérité...
question stupide et grandiose
Pierre ne sait que répondre
il est perdu
celui qui s'appelle Pierre...
il a un sourire que peut-être il voudrait tendre
et répète
Voyons calme toi tu es folle
mais il ne croit pas si bien dire
mais il ne voit pas
il ne peut pas voir comment
sa bouche d'homme est tordue par son sourire...
il étouffe
le monde se couche sur lui
et l'étouffe
il est prisonnier
coincé par ses promesses...
on lui demande des comptes...
en face de lui...
une machine à compter
une machine à écrire des lettres d'amour
une machine à souffrir
le saisit...
s'accroche à lui...
Pierre dis-moi la vérité

Jacques Prévert
o
8 mars 2010 10:11
QUE SERAIS-JE SANS TOI

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.


Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Je sais je sais Tout est à faire
Dans ce siècle où la mort campait
Et va voir dans la stratosphère

Si c'est la paix


Éteint ici là-bas qui couve
Le feu court on voit bien comment
Quelqu'un toujours donne à la louve

Un logement


Quelqu'un toujours quelque part rêve
Sur la table d'être le poing
Et sous le manteau de la trêve

Il fait le point


[...]

C'est la paix qui force le crime
À s'agenouiller dans l'aveu
Et qui crie avec les victimes

Cessez le feu

Aragon

[www.youtube.com]
o
8 mars 2010 10:15
JE CHANTE POUR PASSER LE TEMPS

Je chante pour passer le temps
Petit qu'il me reste de vivre
Comme on dessine sur le givre
Comme on se fait le coeur content
A lancer cailloux sur l'étang
Je chante pour passer le temps

J'ai vévu le jour des merveilles
Vous et moi souvenez-vous-en
Et j'ai franchi le mur des ans
Des miracles plein les oreilles
Notre univers n'est plus pareil
J'ai vécu le jour des merveilles

Allons que ces doigts se dénouent
Comme le front d'avec la gloire
Nos yeux furent premiers à voir
Les nuages plus bas que nous
Et l'alouette à nos genoux
Allons que ces doigts se dénouent

Nous avons fait des clairs de lune
Pour nos palais et nos statues
Qu'importe à présent qu'on nous tue
Les nuits tomberont une à une
La Chine s'est mise en Commune
Nous avons fait des clairs de lune

Et j'en dirais et j'en dirais
Tant fut cette vie aventure
Où l'homme a pris grandeur nature
Sa voix par-dessus les forêts
Les monts les mers et les secrets
Et j'en dirais et j'en dirais

Oui pour passer le temps je chante
Au violon s'use l'archet
La pierre au jeu des ricochets
Et que mon amour est touchante
Près de moi dans l'ombre penchante
Oui pour passer le temps je chante

Je passe le temps en chantant
Je chante pour passer le temps

Aragon

[www.youtube.com]
o
8 mars 2010 10:21
LES MAINS D'ELSA

Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fuit de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement..

Aragon
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook