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Parcours de femmes : Nassima Prudor
s
24 août 2006 12:19
Nassima Prudor, le choix d'enseigner l'islam
Portrait

Depuis vingt ans déjà, Nassima Prudor arpente la France pour enseigner l'islam. A travers ses cours et ses conférences, elle s'est enrichie d'une expérience exceptionnelle au contact direct avec le terrain, dans la discrétion et sans médiatisation. Nous sommes allés à la rencontre de cette musulmane de science, témoin prévilégié du nouveau siècle.

Nassima Prudor Ce n'est pas trop de dire que madame Prudor « a de la bouteille ». Elle possède aujourd'hui une expérience rare du contact direct avec les musulmans de France. La quarantaine radieuse, conférencière et enseignante en théologie islamique, elle a néanmoins perdu ses illusions sur l'homo islamicus, son premier sujet d'étude. Ses illusions, oui! mais pas ses forces. En sillonnant la France, depuis deux décennies, elle a été sollicitée sur tous les fronts et a mené nombres de combats pour la défense d'une image de la femme musulmane à la fois pieuse, digne et responsable.

Le sens de l'indépendance

Ce destin de militante commence à Paris, au début des années quatre-vingts. Nassima, dans la fraîcheur de ses vingt ans, débarque d'Algérie, pour y effectuer des études de langues étrangères dans la capitale. Elle fréquente les universités de la Sorbonne et de Jussieu, mais l'atmosphère glacée des études parisiennes ne lui convient guère. Elle découvre alors la Grande Mosquée de Paris (GMP) où les besoins religieux sont criants.

Armée d'une formation de sept années en théologie dogmatique (aquida) passées à l'université de Biskra, parlant couramment l'arabe et le français, Nassima va être sollicitée par la GMP, où ses compétences seront les bienvenues. Elle y enseignera le samedi, puis le dimanche, pendant près de cinq années, en relais avec Malika Dif, autre conférencière que l'on ne présente plus.

Nassima est avant tout écoeurée par le spectacle qu'offrent les « Arabes de France ». “A l'époque, dit-elle, il n'existait pas de conscience communautaire. On parlait davantage de la communauté maghrébine ou arabe que des musulmans.” Une communauté maghrébine déjà marquée par les stigmates de la pauvreté, de la délinquance et de l'exclusion sociale. Autant de maux que Nassima va décider de combattre en se fixant le but ambitieux de : l'éducation morale de ses frères et soeurs. “Je voulais crier très haut : l'Arabe, ce n'est pas cela, ce n'est pas le voleur et le camé (drogué)”. Au fil du temps, ce cri de révolte s'exprimera dans un discours plutôt religieux.

A la GMP, madame Prudor est en contact avec un public de personnes, qui souhaitent se convertir à l'islam ou célébrer un mariage. Elle n'hésite pas à les orienter vers le Pr. Muhammad Hamidullah, qui officiait à la mosquée Ad'dawa dans le 19e arrondissement de Paris, rue de Tanger, à proximité du boulevard de Stalingrad.

Cette démarche, et les conseils que Nassima prodigue aux nouveaux venus à l'islam, vont finir par déplaire à la direction de la GMP. “On est venu me dire : “Il ne faut pas dire que c'est “haram” (illicite) quand un couple vit ensemble, hors du mariage. On ne peut pas rendre la vie difficile aux gens. Comprenez ! J'ai répondu : “merci monsieur”, et je leur ai dit salam alekum.” C'est ainsi qu'en 1984, Nassima Prudor quitte la GMP pour la mosquée Ad' dawa qu'elle fréquentait déjà.

Dès 1983, le Cheikh Larbi Kéchat, recteur de cette mosquée l'avait remarquée à la GMP et l'avait sollicitée pour donner des cours à Ad'dawa. Elle avait la charge du programme d'enseignement des femmes qui fréquentaient la mosquée. Elle assurera cette responsabilité jusqu'en 1993.

La rupture avec la GMP illustre l'un des traits de caractère de madame Prudor: son sens farouche de l'indépendance qui s'accompagne d'une défiance à l'égard de toute administration, car Nassima ne conçoit son travail comme ne devant être que “fissibillilah” (réservé exclusivement à Dieu).

Au sein de la mosquée Ad'dawa, elle officie à l'ombre du Pr Hamidullah, savant de renommée internationale, auteur, d'une célèbre traduction du Coran et d'une biographie du Prophète, faisant toujours autorité. Pour Nassima Hamidullah “était un être lumineux, qui était là, sans l'être. Il ne passait que par sa science. Il ne parlait à personne. Lorsqu'il s'exprimait, on ne l'entendait pas. Il chuchotait. Il venait faire ce qu'il devait faire, les conversions et les mariages, et il redisparaissait.”

Certaines rencontres marqueront l'enseignante. “Une des élèves que j'avais dans le 5è arrondissement (ndr, la Grande Mosquée de Paris), m'avait suivie à Stalingrad (ndr, la mosquée Ad'dawa) au moment de mon départ. C'était une japonaise. Au bout du deuxième cours, elle est venue me voir pour déclarer sa conversion. Je lui ai dit que c'était trop tôt. Je lui ai donné une pile de livres, dont un livre de Hamidullah, “Initiation à l'Islam”. La troisième fois, nous étions dans le métro et elle me dit, tout en pleurant : “ça y est. Je l'ai trouvé. J'ai trouvé Allah. Je suis convaincue. Je veux me convertir, faire ma prière et porter mon foulard.” Le mercredi suivant, elle s'est convertie avec Hamidullah. Elle s'appelait Kaouri. Il l'a prénomma Khaoula. Puis, lorsque nous sommes sorties, elle m'a agrippée le bras et elle m'a dit : “Vous savez Nassima, Allah a envoyé le Coran aux Arabes pour les éduquer !”. Je lui ai dis : “Tu as raison !”.

La vie à la mosquée Ad'dawa n'est pas toujours un long fleuve tranquille. “A ce moment-là, les responsables de la mosquée Addawa étaient aux prises avec des femmes du mouvement Ahbache. On m'avait demandé de les faire sortir de la mosquée.” Nassima refusera, car elle estime que l'on lui demande d'assumer une responsabilité sans lui en confier l'autorité. Elle décide plutôt de proposer à la mosquée deux heures de cours destinées aux femmes, qu'elles leur donnera sur son temps personnel. “Ils ont accepté et rapidement les cours ont eu du succès, avec pas moins de quatre-vingts élèves par cours. »

De 1993 à 1996, s'ensuivra un départ à Nice, pour des raisons familiales. Nassima y enseignera dans une modeste mosquée située à Saint-augustin. Mais à Nice, comme ailleurs, l'islam reste prisonnier d'une version traditionnelle maghrébine, sur fond de querelle algéro-tunisienne.

En 1997, madame Prudor rentre à Versailles où elle prendra une année sabbatique pour se reconstruire et reprendre des forces. Au bout de quelques mois, ses fidèles retrouvent sa trace. Elle enseignera une année au Centre d'études et de recherche en sciences islamiques (CERSI), puis deux ans à la mosquée d'Argentueil.

Depuis 2004, elle partage son temps et son travail entre la mosquée de Bondy et celle de Villeparisis. Inlassable éducatrice, elle traverse également la France, de conférence en conférence au gré des invitations et des préoccupations, loin des feux médiatiques. Partout où elle est passée, c'est avec dévouement et une persistante certaine que Nassima Prudor a su mener son enseignement.

Des clés pour le coeur

Lorsqu'on l'interroge sur les évènements de ces cinq dernières années, en France (CFCM, loi anti-voile, montée de l'islamophobie), Nassima, loin de toute victimisation, sait renvoyer les musulmans à leurs responsabilités.
“Les véritables causes à l'origine de cette situation sont à rechercher dans l'ignorance des musulmans, arrivés il y a trente ans en France, qui pratiquaient un islam purement traditionnel ou, pire encore, n'avaient pas de bon comportement. Beaucoup ont été seulement préoccupés de devenir Français et, à cette fin là, on effacé toute trace de religiosité islamique, jusqu'à fêter Noël. Tant que l'on n'a pas nettoyé le coeur pour y installer l'amour d'Allah, on ne peut pas croire que l'on puisse être bien avec soi ou avec les autres.”

Nassima juge néanmoins injuste et discriminatoire la loi sur la laïcité car elle prive les musulmanes de leur liberté alors même qu'on laisse les autres jeunes filles s'habiller comme elles le désirent.

Pour autant, Nassima juge optimiste l'évolution spirituelle de la communauté musulmane. Même si beaucoup reste à faire. “Mon souhait est d'atteindre les coeurs car Allah l'Exalté n'est pas loin, contrairement à ce que nous pensons. Le seul public que je vise est celui qui recherche Allah l'Exalté et veut nourrir son coeur de Sa lumière. Je donne des clés à ceux qui veulent les prendre.” Derrière ce choix, se profile une pensée chère à l'imam Al Ghazali dont madame Prudor est une fidèle lectrice. “La véritable urgence est cette réforme du coeur qui doit nous pousser à adorer Allah, non par contrainte, mais par amour. C'est seulement ainsi que nous atteindrons la voie de l'excellence.”

Lundi 20 Mars 2006
Fouad Bahri

Source : [www.saphirnews.com]
s
28 août 2006 10:16
l
28 août 2006 11:32
Salam,

Très intéressant cet article.

Ce que dit cette femme (à la fin de l'article) est très vrai :

“La véritable urgence est cette réforme du coeur qui doit nous pousser à adorer Allah, non par contrainte, mais par amour. C'est seulement ainsi que nous atteindrons la voie de l'excellence.”

On parle tellement de ce qui haram, de ce qui halal, comment faut s'habiller, se coiffer, se laver, manger, dormir, marcher, parler etc ... qu'on oublie des fois le pourquoi de tout ça.
s
1 septembre 2006 10:30
Tout à fait libellule, c'est justement la partie qui concerne l'éducation.
Le prophète paix et salut sur lui a passé 23 années à éduquer des compagnons au caractères variées pour leur enseigner les nobles caractères.

smiling smiley
s
6 septembre 2006 12:05
s
10 septembre 2006 12:30
Deuxième up
s
13 septembre 2006 13:38
Dernier up
a
31 mai 2007 11:50
Re dernier up
[color=#FF0099]Inchallah,:L: bientôt Maman ^^:A:[/color]
H
31 mai 2007 12:47
Citation
srnit a écrit:
up

salam

ça veut dire quoi up ...

je suis contente de connaître nassima car elle nous apprend à adorer Allah avec nos coeurs et non par peur de lui et cela nous fait du bien car on est dans une société qui ne nous facilite pas l'éducation de soi.
combien de fois récitons la Fatiha dans la journée ? si on compte les prières obligatoires ça fait 17 fois... mais combien de fois avons nous réellement le coeur tourner vers Allah... alors que c'est lui qui nous donne la vie !!!

ya soubhanallah ...

bonne journée
La foi est l'espoir de la vie...
A
31 mai 2007 12:54
Citation
libellule06 a écrit:
Salam,

Très intéressant cet article.

Ce que dit cette femme (à la fin de l'article) est très vrai :

“La véritable urgence est cette réforme du coeur qui doit nous pousser à adorer Allah, non par contrainte, mais par amour. C'est seulement ainsi que nous atteindrons la voie de l'excellence.”

On parle tellement de ce qui haram, de ce qui halal, comment faut s'habiller, se coiffer, se laver, manger, dormir, marcher, parler etc ... qu'on oublie des fois le pourquoi de tout ça.

Bravo à toi et cette grande femme qui a choisi d' honorer l' islam.
H
1 juin 2007 11:23
Salam aleikoum wahrmatoulay wabarakatou,

Quelqu'un d'entre vous sait - il ou donne des cours Nassima PRUDOR SVP barakallahoufikoum
B
1 juin 2007 11:43
Citation
Hninti a écrit:
Salam aleikoum wahrmatoulay wabarakatou,

Quelqu'un d'entre vous sait - il ou donne des cours Nassima PRUDOR SVP barakallahoufikoum

Salam aalikoum


pose la question à Hajourtech

[www.yabiladi.com]
smiling smiley
[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
o
15 mars 2011 13:34
La Mosquée ADDA'WA est le Croissant Fertile.
Le Docteur Larbi KECHAT en est le NIL.
Il y a ceux qui en ont profité, et en sont reconnaissants. Il y a ceux qui en ont profité, mais n'en sont pas reconnaissants. Et il y a ceux qui ne veulent pas en profiter, et mettent des épines sur le chemin de ceux qui s'y dirigent.
Encore un autre site où je découvre les déclarations fortes( Responsabilité vis-à-vis de Dieu) de notre sœur Nassima Prudor que j'ai connue au sein de cette même mosquée.
En lisant ses propos, l'expression qui m'était venue instinctivement à l’esprit, était: «cracher dans la soupe". Mais ma raison m'a dit que pour répondre à notre sœur, je devrais employer des termes à la hauteur d'une enseignante en théologie islamique , armée d'une formation de sept année en théologie islamique.
Ainsi, j'ai pensé au mot " AMANAH": La Amanah, cette immense vertu que ne peux supporter des Hommes chétifs.
Comment un Homme chétif pourrait-il expliquer le sens de cette vertu à son élève qui a pour seul soucis d'être intègre "amine" afin de préserver les droits de Dieu et ceux des Hommes.
Parmi toutes les significations qu'implique le mot AMANAH, j'aimerais souligner la sacralité des propos des réunions privées et confidentielles.
Notre "AQUIDAH" nous interdit de répandre les secrets des réunions privées et de rapporter les conversations qui s'y échangent.
Le plus grave est, lorsque pour une raison ou pour une autre, nous détournons ces informations de leur réalité, ou bien, nous donnons "aux chasseurs de failles" l'occasion de le faire.
De cette façon, nous commettrons un grand crime vers lequel pousse la haine: la calomnie des innocents, que l'Islam considère comme le pire des mensonges.
Le Prophète (B S D S L) a dit:" Pour tout Homme qui répand sur un musulman un mot dont il est innocent, uniquement pour le discréditer dans la vie d'ici bas, Dieu se doit au jour de la résurrection de le fondre dans le feu jusqu'à ce que s'épuise ce qu'il a dit sur ce musulmans".
L'Imam Mouhemmed AL GHAZALI a dit:" L'Homme au cœur sain compatit devant la douleur des gens et souhaite d'en être préserver. Quant à la manie de se réjouir en rapportant les scandales d'autrui, de dévoiler les secrets protégés, et mettre les autres à nu, ceci n'est pas le comportement d'un vrai musulman. Voilà pourquoi l'Islam interdit la médisance, car c'est un exécutoire pour une haine renfermée et pour un cœur dépourvu de miséricorde et de bonté
E
15 mars 2011 17:12
quand une parole vient de la bouche d'une femme c'est toujours agréable et facile a comprendre mais il faut des années d'etudes pour affranchir le pas et d'etre accepter dans un milieu d'hommes ,elle a tout dit renvoyer les musulmans à leurs responsabilités. toujours se focaliser sur les apparences alors qu'on oublie d'emblée son coeur d'amour
[b]o"La grandeur d'une civilisation se voit à la manière avec laquelle elle traite ses animaux" GANDHI[/b]
16 mars 2011 09:56
Soit!Tout est dit!Ca me déchire le coeur!
 
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