Dans le collimateur d'Israël et des Etats-Unis qui l'accusent de financer des opérations anti-israéliennes, le Hezbollah chiite libanais n'a jamais caché son soutien à la résistance palestinienne et nie tout contact avec l'Autorité palestinienne pour calmer le jeu. Survenant après l'engagement mardi au sommet de Charm el-Cheikh en Egypte du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de cesser les violences contre Israël, la présence au Liban d'un émissaire palestinien a jeté une grande confusion. Cet émissaire, l'ex-ministre Abdel Fattah Hmayel, a démenti jeudi à l'AFP avoir rencontré des responsables du Hezbollah pour les presser d'arrêter de financer les attaques contre Israël. La veille, des sources politique et sécuritaire palestiniennes à Ramallah ont indiqué que M. Abbas avait dépêché M. Hmayel au Liban dans ce but, "afin de donner une chance à l'application du cessez-le-feu" mutuel proclamé par le chef palestinien et le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Charm el-Cheikh. "Ma mission au Liban s'est limitée à remettre un message du chef de l'Autorité palestinienne au président libanais et à des rencontres avec des Palestiniens au Liban sud", a dit M. Hmayel. Mais quelle que soit la réalité des faits, le Hezbollah, un mouvement soutenu par Damas et Téhéran et qui a toujours affiché son soutien à l'Intifada, semble être devenu une cible privilégiée de ceux qui veulent faire respecter le cessez-le-feu israélo-palestinien, selon une source diplomatique occidentale à Beyrouth.
Quand le Hezbollah la joue au ciel UNE NOUVELLE ÉQUATION VIENT D’ÊTRE ÉTABLIE
11 janvier 2005
par Addoula
Le 8 novembre dernier, le Hezbollah a lancé un drone de reconnaissance pendant 20 minutes au-dessus du nord d’Israël.
Le Hezbollah, principal groupe de résistance contre l’occupation israélienne, a de nouveau changé l’équation de la confrontation avec Israël.
Au cours de ses attaques contre les pays arabes, et surtout contre le Liban, l’armée israélienne s’est basée essentiellement sur sa force aérienne. Championne dans ce domaine au Proche-Orient, Israël viole l’espace aérien libanais depuis les années 50 à nos jours. L’option de combattre par les airs un pays qui ne dispose que de 4 avions de combat datant des années 50 et donc de l’époque coloniale, n’est pas sans avantages tactiques. Le commandant en chef de l’armée libanaise pendant la guerre de 1948, Fouad Chehab, avait déjà déploré le manque de dispositifs aériens alors que les autres pays arabes et les organisations sionistes possédaient déjà, à l’époque, de forces aériennes importantes.
Cependant, les résistants libanais ont eu l’occasion d’abattre plusieurs avions ou hélicoptères israéliens au Liban ; peut-être le plus célèbre : l’avion de Ron Arad abattu le 16 octobre 1986. En 1997, 73 soldats disparaissent dans la collision de deux hélicoptères israéliens au sud Liban.
Les échecs israéliens ne se limitent pas à l’aviation mais également à la marine : le 5 septembre 1997, un débarquement au village d’Ansariyya au sud Liban fait 12 morts israéliens, auxquels 2 viendront s’ajouter lors d’une opération de secours suite aux combats, contre le Hezbollah, Amal et l’armée libanaise.
En 1992, le Hezbollah, change l’équation un première fois en lançant des missiles Katioucha contre les colonies israéliennes répondant ainsi à l’assassinat de son secrétaire général Abbas Al-Moussawi ,de son épouse et de son fils âgé de 11 ans par l’armée israélienne qui avait lancé des missiles contre la voiture du secrétaire général dans le village de Jibsheet.
Le 10 avril 1996, Israël lance l’opération"Raisins de la colère" contre le Liban, en attaquant des civils . Bilan : 102 tués et des centaines de blessés dans un camp de l’ONU le 18 avril. Peu avant cela, le 13 avril, Israël bombarde une ambulance libanaise tuant 8 civils dont 2 femmes et 4 enfants. Le matin du 18 avril, l’aviation israélienne détruit une maison près de la ville de Nabatiyye au sud en tuant une famille de 9 membres et 3 autres personnes, dont 7 enfants, le plus jeune étant âgé de de 3 jours seulement ! Ces attaques quotidiennes vont durer jusqu’au 26 avril. Sous la pression, Israël sera contraint de signer avec le Hezbollah, en présence de la France, des Etats-Unis, du Liban et de la Syrie un accord stipulant que tant Israël que le Hezbollah ne pourront s’en prendre aux civils : une victoire pour le Hezbollah qui, lui, n’agit que sur le sol libanais contre des soldats d’occupation, tandis qu’Israël, en ne repérant pas les résistants, se "contente" d’attaquer les civils libanais. Cet accord, change de nouveau l’équation du combat.
Une troisième fois l’équation changera, toujours en faveur de la Résistance, en mai 2000, lors de la Libération : c’est la première fois que l’armée israélienne sort d’un pays occupé sous les tirs des résistants.
Avec le drone (Mirsad 1), le Hezbollah tente de changer l’équation une nouvelle fois. Il faut noter, que l’aviation israélienne n’a pas cessé de violer l’espace aérien libanais depuis la Libération. En lançant ce drone, le Hezbollah, affirme être prêt à défendre le Liban contre les attaques israéliennes tant terrestres qu’aériennes. Le drone a survolé le nord d’Israël pendant 20 minutes et n’a été détecté par les radars israéliens qu’après son retour au Liban ! Ce petit avion est construit au Liban par des ingénieurs libanais. Il peut, selon le secrétaire général du Hezbollah, être muni d’appareils photos ou chargé d’explosifs. Son autonomie le rend capable de survoler l’entièreté du territoire israélien.
Ce survole a provoqué un choc au sein de l’armée israélienne ; il a également suscité des débats, parfois polémiques, dans les rangs des médias israéliens Selon un expert israélien, une confrontation militaire avec le Hezbollah pourrait engendrer des centaines de morts israéliens. Ainsi, Israël se voit de nouveau obligé de limiter ses attaques et ses incursions terrestres et aériennes contre le Liban. Par contre, les libanais vivent désormais en sécurité. Un vieillard - qui vit dans un village frontalier - affirme qu’après la Libération il a enfin pu dormir la nuit sans craindre que les israéliens débarquent dans sa maison...