A signaler ce mois-ci un très bon article de Patrick Cockburn intitulé "Comment on détruit un pays en cinq ans". "Grâce" à l'invasion étatsunienne, l'Irak est devenu une mosaïque de ghettos, chaque communauté a son propre drapeau, et si le taux de décès par mort violente a décru par rapport aux années précédentes, c'est parce que les quartiers et les villes sont devenus "communautairement" purs (chiites d'un côté, sunnites de l'autre) parfois même séparés par des murs comme à Bagdad (http://www.counterpunch.org/patrick03152008.html).
Non contentes d'avoir provoqué la guerre civile en Irak, les forces d'occupation auraient organisé l'élimination de l'intelligentsia du pays, afin de le priver de tout avenir. L'Irak a perdu 5.500 savants depuis son invasion en Mars 2003, tués ou contraints d'émigrer en Asie du sud et en Europe de l'Est. Selon le Président de l'Académie de la Recherche Scientifique, le Docteur R'bîi, interviewé par le journal égyptien Al Badil : « l'élimination physique des scientifiques irakiens est une partie intégrante de la stratégie « du désordre organisé » suivie par les occupants depuis l'invasion du pays afin de faire plier les irakiens et de les soumettre». Les autorités israéliennes sont aussi accusées d'être impliquées dans cette entreprise. Elles auraient constitué « une armée secrète : l'armée républicaine secrète » forte de 150 hommes, disposant d'une liste de 800 scientifiques irakiens à ramener en Israël ou, à défaut, à liquider physiquement. (http://www.iraqirabita.org/index3.php?do=article&id=13084/).
handsoff.jpgFace à un George W. Bush qui, comme son allié José-Maria Aznar en Europe, continue d'affirmer qu'il ne regrette rien face au carnage provoqué en Irak, des manifestations ont eu lieu le 19 mars dans diverses villes aux Etats-Unis à l'occasion du 5 ème anniversaire de la guerre pour réclamer le retrait des troupes étatsuniennes(http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=88607479&ft=1&f=1010). Il y avait également des milliers de manifestants à Londres le 15 mars contre l'occupation de l'Irak (http://www.stopwar.org.uk/).
Cinq ans après l’invasion de l’Irak, nous sommes désormais accoutumés à cette guerre sans fin. Les morts s’ajoutent aux morts, les milliards aux milliards, en ne retenant que rarement l’attention médiatique. Et pourtant. Erik Leaver et Jenny Shin, pour Foreign Policy in Focus, rappellent en quelques chiffres le lourd bilan de ce conflit déclenché sur la base de mensonges et de manipulations de l’opinion publique.
Les victimes
Militaires US tués en Irak : 3 973 (n'incluant pas mercenaires) Militaires blessés au combat depuis le début des opérations : 29 203 Membres des forces de sécurité irakiennes tués : 7 924 Estimations du nombre de civils tués : de 81,632 à 1,120,000
Personnes déplacées en Irak : 3,4 millions Irakiens réfugiés hors d’Irak : de 2,2 à 2,4 millions. Réfugiés irakiens accueillis aux USA : 3 222 Le corps expéditionnaire US
Nombre de soldats US en Irak : 155 000 Nombre de soldats de la coalition Février 2008 : 9 895 Septembre 2005 : 18 000 Novembre 2004 : 25 595
Pourcentage de soldats déployés en Irak pour plusieurs tours de service : 74% Nombre de mercenaires engagés : 180 000 Nombre de mercenaires inculpés pour violence : 1 Nombre de travailleurs sous contrat tués : 917
Le coût de la guerre
Jusqu’à aujourd’hui, la guerre d’Irak a couté 526 milliards de dollars, soit 275 millions par jour 4 100 dollars par foyer Le coût total estimé sera de 3 000 milliards de dollars
Avec 526 milliards, les USA auraient pu financer pendant 1 an : La gratuité des soins pour l’équivalent de 223 millions d’enfants La gratuité de l’enseignement pour 83 millions d’étudiants
Le coût de 22 jours de guerre permettrait de financer la sécurisation des ports américains pendant 10 ans le coût de 18 heures de guerre permettrait de sécuriser les usines chimiques durant 5 ans La situation en Irak
Taux de chômage en Irak : de 25 à 40% 70% des irakiens n’ont pas accès à l’eau potable 80% ne disposent pas de sanitaires 90% des 180 hôpitaux irakiens manquent des fournitures médicales et chirurgicales de base
79% des irakiens s’opposent à la présence des forces étrangères 78% des irakiens jugent mauvaise la situation de l’Irak 64% des américains s’opposent à la guerre d’Irak
Selon le Secrétaire à la Défense, Robert Gates, la Déclaration de Principe (régissant les relations entre les deux pays) « est un accord mutuel par lequel nous maintenons une présence durable »
Erik Leaver et Jenny Shin sont membres de l’Institute for Policy Studies