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Des bobines contre des bobards
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6 mars 2007 11:41
Immigration Le cinéma français lance une pétition et réalise un film contre l'arbitraire des lois Sarkozy sur l'expulsion des enfants de sans-papiers.

Des bobines contre des bobards


Par Gérard LEFORT, Didier PERON
QUOTIDIEN : mardi 6 mars 2007

C'est donc la seconde fois qu'un collectif de cinéastes se mobilise pour les sans-papiers et, en l'espèce, pour leurs enfants. A l'été 1996, la mobilisation se fit à chaud dans le feu des expulsions musclées (et à la hache) d'hommes, de femmes et d'enfants réfugiés dans l'église Saint-Bernard à Paris (XVIIIe arrondissement), au nom d'un très ancien droit d'asile ménagé par la religion catholique.


Les journaux télévisés diffusèrent les images chocs de quelques vedettes solidaires, dont Emmanuelle Béart, évacuées par les CRS. Dans la foulée, à l'initiative des réalisateurs Pascale Ferran et Arnaud Desplechin, en février 1997, pour protester contre les lois Debré visant à criminaliser ceux qui viennent en aide aux sans papiers, 66 cinéastes se déclarent « coupables d'avoir hébergé des étrangers en situation irrégulière sans les dénoncer».
Délit. Ils demandent à être mis en examen et jugés pour ce délit. La même année, un film en faveur des sans-papiers fut projeté le 16 mai en sélection officielle au Festival de Cannes. Un seul plan de trois minutes (la Sénégalaise Madjiguène Cissé lisant un texte), coréalisé par un collectif anonyme mais cosigné symboliquement par 175 cinéastes. Cette mobilisation virulente et très médiatisée appelant à régulariser tous les sans-papiers qui le désiraient, a probablement contribué en partie à la défaite de la droite aux élections législatives de 1997. C'est sans doute ce retour de la gauche au pouvoir qui, pour un temps, a dispersé les énergies militantes. Pendant dix ans, il n'y a eu aucun équivalent d'action continue, sinon celle, plus interne aux intérêts propres de la profession, des intermittents du spectacle.
Que des acteurs comme Josiane Balasko ou Charles Berling se soient mobilisés à l'été 2006 contre les expulsions du gymnase de Cachan n'est peut-être pas étranger à ce retour des cinéastes sur la scène de la contestation. Le lancement de la pétition ­ signée par plus de 350 personnes du cinéma français ­, et la distribution massive, à partir de demain, de 360 copies du film Laissez-les grandir ici !, a une double valeur d'anniversaire et de rappel à l'ordre. Comme son titre l'indique, ce film, projeté en avant-programme dans tout le réseau des salles Art et essai indépendantes, veut sensibiliser le public à la question des enfants de sans-papiers.
«Pour réaliser ce film, nous nous sommes adressés au Réseau éducation sans frontières», dit le texte de présentation du film. Ce «nous» n'est pas de majesté, mais l'affirmation d'une volonté commune de la part de techniciens, de cinéastes, d'acteurs qui se trouvent être aussi pour beaucoup parents d'élèves confrontés dans leurs écoles à des cas douloureux.
«En danger». Ce film court (trois minutes) n'a pas d'auteur. A partir d'ateliers d'écriture avec des enfants en situation irrégulière dans des écoles, un texte a été rédigé. Il est lu face caméra par douze gamins d'âge et d'origine diverses. Le texte dit sans être joué est d'autant plus secouant qu'il est traversé par le sentiment de la peur, de l'insécurité, de l'arbitraire : «On est en danger, on doit se cacher.»
Autre bénéfice du film, son effet multiculturel qui conforte et rajeunit l'idée républicaine et laïque d'une école pour tous. Le film se veut une interpellation par les cinéastes-citoyens des candidats à la présidentielle, globalement jugés aphones sur ces problèmes.


[www.liberation.fr]
Et la terre se transmet comme la langue (Mahmoud Darwich).
 
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