Ce mercredi 28 mars, 200 patrons français sont reçus à Rabat par leurs homologues marocains pour discuter de l’avenir des relations économiques entre les deux pays. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) ont mobilisé leurs membres pour la circonstance. A ce colloque initié par le Club de chefs d’entreprises France-Maroc, le partenaire français a été reçu en privilégié. Le quotidien Les Echos a justement titré: «Tapis rouge pour le MEDEF» !
Une rencontre prise au sérieux par le Maroc, puisqu’elle voit la participation personnelle du Chef du gouvernement accompagné de huit ministres. Chose curieuse, aucun officiel français n’est présent, même pas la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, comme le souligne Les Echos dans son édito. L'on se doute bien qu’en cette période électorale, il est difficile pour les politiques de se déplacer pour des raisons autres que la campagne. Interrogé par l’Economiste, Jean-René Fortou, président du Conseil de surveillance de Vivendi et coprésident du Club des chefs d’entreprise France-Maroc, a d’ailleurs reconnu «la confiance dont jouissent les Français au Maroc».
France-Maroc, une relation à grande vitesse
La France reste le premier partenaire économique du royaume et premier bénéficiaire des contrats tant sous forme d’appel d’offre que de marché de gré à gré. Ce qui rappelle d’ailleurs le projet du TGV dont l'exclusivité de la gestion confiée à la France avait contrarié les Européens. L’on se souvient encore du refus de la Banque européenne d’investissement (BEI) d’octroyer un prêt au royaume chérifien pour financer ce projet. Une décision motivée à l'époque par l’Allemagne. Et pour cause, le Maroc n’avait pas émis d’appel d’offre sur un aussi gros projet. Celui-ci avait donc été accordé à la France dans le cadre de marché de gré à gré. La presse espagnole, aussi, avait sévèrement réagi, considérant que les investisseurs espagnols avaient été mis à l’écart.
Pour rappel, le royaume ibérique est le deuxième investisseur étranger au Maroc. Jusqu’ici, les entrepreneurs entre les deux rives se sont contentés de quelques programmes. Le dernier en date : le «Mercamed», Foire internationale entrepreneuriale hispano-marocaine organisée en mai dernier à Tétouan. Cette foire ne concernait que les entrepreneurs de la ville nordique. Avant que les relations ne se resserrent récemment entre les deux pays, celles-ci ont connu une zone de turbulence. Ces dernières années aussi ont été marquées par le retrait de certaines entreprises espagnoles de l'environnement économique marocain. A l'instar de Telefonica, qui s’est retiré du capital de Meditel ou encore Barcelo qui a quitté Saïdia. L'autre chaine hotelière espagnole Iberostar pourrait également quitter cette station balnéaire. Par ailleurs, certaines PME espagnoles dans le domaine de l'immobilier ont quitté le Maroc en critiquant «la corruption qui y règne».
«Le Maroc fait toujours une fixation sur la France »
Pour Faouzi Chaâbi, politicien et homme d'affaire marocain, ce n’est pas étonnant. «L’impact français au Maroc est plus important en raison des relations historiques. Mais, comme à l’accoutumée, le Maroc fait toujours une fixation sur la France», déclare-t-il à Yabiladi. Par rapport à la mobilisation du gouvernement, M.Chaâbi nuance : «l’absence des officiels français est normale en cette période électorale. Mais il faut dire que nous avons aussi un tout nouveau gouvernement. Il veut s’investir...».