2,5% d’inflation en 2012. Hypothèse avancée par le projet du Budget 2012 présenté devant le parlement, jeudi 15 mars, par le ministre délégué auprès du ministre des Finances en charge du budget, Idriss Azami Al-Idrissi. Plus que doublé par rapport à celui réalisé l’an dernier, ce taux est supérieur à la moyenne des dix dernières années, rapporte Reuters. Et pour cause, la conjoncture économique nationale et internationale de ces dernières années jouit d’une instabilité sans précédent. A dire que l’année en cours ne fera pas exception, bien au contraire. A l’échelle internationale, la hausse des prix mondiaux des matières premières portent un coup aux dépenses de l’Etat. Au Maroc, les conditions climatiques observées au début de l’année, vague de froid et sècheresse, ont compromis et continuent de compromettre les cultures. «Nous prévoyons une augmentation du coût des importations en 2012, surtout celles du pétrole brut et des céréales», a déclaré à Reuters Najib Boulif, ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance. Ce qui n'est pas une surprise puisque les professionnels avaient déjà décrié.
Et ce n’est pas fini. Le gouvernement a annoncé un taux de croissance de 4,2 % et un déficit budgétaire de 5%. Pourtant le déficit réalisé en 2011 était alertant : 6,1% du PIB contre 3,5% prévus en raison du mauvais temps qu’a connu le secteur agricole. La question qui se pose est de savoir comment le gouvernement arrivera-t-il à redresser la barre. A cela, M. Amazi répond dans une interview accordée à L’Economiste : «la spécificité du Maroc est qu’il n’y a pas un couplage entre un déficit important et un taux d’endettement élevé. Nous avons des marges pour financer le déficit. Nous avons terminé l’année 2011 avec un taux d’endettement de 52,9% du PIB. Heureusement, les deux indicateurs ne sont pas au rouge».
Comment s'en sortir?
Hausse des prix sur le marché international, augmentation des importations, la conséquence sera nécessairement une hausse des prix sur le marché national. Cette tendance haussière des charges économiques de l’Etat s’est confirmée au mois de janvier où l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est accru de 0,2% par rapport au mois précédent, selon le HCP. Déjà, comparé au même mois de l’année précédente, l’IPC a grimpé de 0,9%. Sans parler des fluctuations du baril de pétrole dont la facture est assez colossale pour le Royaume, étant donné que l’importation est importante. A ce rythme, rien de rassurant avec le climat social qui reste très tendu. D’autant plus qu’une augmentation des prix du carburant se profile depuis peu sur le marché national. Comment l’Etat va-t-il tirer son épingle du jeu ? Vu que, comme le note La Vie éco dans son édition du 16 mars, «le dialogue social a coûté à l’Etat et aux entreprises 35 milliards de dirhams» entre 2008 et 2011. Et depuis le début de l’année, les soulèvements se multiplient et se propagent peu à peu dans tout le pays.
Face tout ce qui prévaut, il ne faudrait pas compter sur les subventions pour résoudre le problème du consommateur, car comme le fait remarquer le bloggeur Zouhair Baghough, il serait difficile pour le gouvernement d’aligner les subventions aux prix. Finances publiques mises à mal, pour faire face à tous ces challenges M. Amazi propose des solutions, entre autres : «le gouvernement a pris l’engagement de travailler sur la réduction de 50% de ce qui est frais de fonctionnement inutiles ou ostentatoires. Un travail de normalisation de certaines dépenses ayant connu des dépassements sera entrepris». Si le projet est adopté par la chambre des conseillers, rendez-vous dans les prochains mois pour le bilan semestriel au moins.