Depuis l’indépendance du Maroc, les critères de la compétence et de l’expertise sont quasiment ignorés dans la nomination aux hauts postes de responsabilité.
L’incompétence des décideurs est l’un des pires maux dont souffre le Maroc car elle constitue une entrave à son essor. L’accès à la responsabilité publique y est essentiellement déterminé par les relations partisanes, d’intérêts ou familiales. On a longtemps assisté et on continue d’assister au «parachutage» de responsables qui n’ont ni expérience ni connaissance du secteur ou de l’institution qui leur est indument confié.
Le «parachuté» passe la majeure partie de son mandat à découvrir son secteur d’activité, à essayer de saisir les particularités de sa nouvelle responsabilité. Ses décisions sont souvent inadéquates et il parvient à la fin de son mandat sans être obligéobligation de rendre des comptes,. Cce qui ne l’empêche pas de continuer son ascension sociale en atterrissant dans d’autres postes à de responsabilité. L‘amertume des véritables «compétences» des différentes institutions et surtout le ralentissement de la marche de celles-ci sont les conséquences de cet état de fait.
Conscient de cette problématique, le PJD a fait de la promotion des compétences sans discrimination un des slogans forts de sa campagne électorale. Sorti majoritaire des élections législatives, il a forcé le respect en adoptant pour le choix de ses candidats ministrables une démarche basée sur la transparence et le mérite.
Cette approche inédite au Maroc a poussé une grande partie de la population à voir dans le PJD un porteur d’espoir. Espoir de voir l’attachement à la transparence et à la mobilisation des compétences devenir une règle incontournable dans le choix des décideurs. La promotion des compétences ne devrait en aucune façon être liée à une obédience politique, à des relations d’intérêt ou familiales et ne devrait sacrifier à aucune discrimination a fortiori celle basée sur le sexe.
Le nouveau gouvernement ne devrait pas perdre de vue qu’il sera comptable, à la fin de son mandat, de la compétence des responsables choisis.
L’autre slogan sur lequel le parti majoritaire a basé sa campagne électorale est le respect des libertés dont celle de d’opinion et de l’accès à l’information. Constat est fait que ces libertés ont vite été malmenées par la récente série d’interdictions de supports écrits.
Un numéro du Nouvel Observateur a été interdit sous prétexte qu’il comportait une illustration personnifiant Dieu, portant, ainsi, atteinte à la religion musulmane. Or, il est clair que la notoriété de ce type de revues est le fruit de leur qualité et de leur sérieux. Il ne faut pas également oublier, également, qu’il s’agit d’un hebdomadaire édité en France et qui cible en premier un public français, dans un pays qui respecte les libertés d’opinion et de conscience. La critique de toutes les religions aussi bien la chrétienne que la juive et la musulmane y est chose admise.
Le nombre de lecteurs marocains ayant les moyens d’acquérir ce genre de supports est très faible vu leur prix et le niveau du pouvoir d’achat au Maroc. Tout aussi faible est le nombre de personnes qui y maitrisent la langue française.
Le quotidien espagnol El Pais a, à son tour, fait l’objet d’une censure à cause d’une caricature du roi du Maroc. Interrogeons-nous sur le nombre d’hispanophones qui achètent ce journal ? Peanuts !
L’hebdomadaire et le journal censurés pourraient être qualifiés sans risque de se tromper de confidentiels au Maroc. C’est donc verser dans la science fiction que de justifier les interdictions par le grand nombre de lecteurs blessés dans leurs sentiments religieux et leur loyauté envers le Roi.
Le gouvernement devrait aussi raison garder et avoir constamment présent à l’esprit que, de nos jours, les nouvelles technologies et Internet ont démocratisé la lecture des journaux et l’accès à l’information. Interdire les supports en papier n’a aucune emprise sur l’information elle-même puisqu’elle continue à circuler. Mieux encore, l’interdiction est souvent un moyen efficace de faire de la publicité à ce qui est interdit. Pour accéder à Internet, au Maroc, il suffit d’avoir cinq dirhams en poche et de se trouver à proximité d’un des multiples «cyber».
Etre conscient de cette mutation sociétale éviterait au nouveau gouvernement de se mettre dans des situations importunes pouvant malmener sa crédibilité.
Pour conclure, concernant la liberté d’opinion et l’accès à l’information il n’est pas nécessaire d’attendre le bilan de fin de mandat pour constater que le nouveau gouvernement s’est déjà parjuré.
Reste l’espoir de voir les personnes qu’il faut à la place qu’il faut et de ne plus voir des personnes sans compétence aucune «parachutées» à la tête de postes importants. C’est l’espoir d’une frange de la population qui a voté PJD pour le changement et pour une meilleure gouvernance sans pour autant adhérer avec la totalité des idées qu’il prône.
Espérons que cet espoir ne se transforme pas en une utopie comme le clament déjà les «changement-septiques».