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Tribune

Les deux premiers mois du gouvernement Benkirane

Si l’on devait sacrifier à la coutume de faire un bilan des tous premiers mois de l’exercice du nouveau gouvernement, il faudrait s’interroger sur la suite donnée aux deux slogans de taille sur lesquels le PJD , parti majoritaire, s’est adossé lors de sa campagne électorale : la recherche et la promotion de la compétence sans discrimination pour les hauts postes de responsabilité et le respect des libertés d’opinion et d’accès à l’information.

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Depuis l’indépendance du Maroc, les critères de la compétence et de l’expertise sont quasiment ignorés dans la nomination aux hauts postes de responsabilité.

L’incompétence des décideurs est l’un des pires maux dont souffre le Maroc car elle constitue une entrave à son essor. L’accès à la responsabilité publique y est essentiellement déterminé par les relations partisanes, d’intérêts ou familiales. On a longtemps assisté et on continue d’assister au «parachutage» de responsables qui n’ont ni expérience ni connaissance du secteur ou de l’institution qui leur est indument confié.

Le «parachuté» passe la majeure partie de son mandat à découvrir son secteur d’activité, à essayer de saisir les particularités de sa nouvelle responsabilité. Ses décisions sont souvent inadéquates et il parvient à la fin de son mandat sans être obligéobligation de rendre des comptes,. Cce qui ne l’empêche pas de continuer son ascension sociale en atterrissant dans d’autres postes à de responsabilité. L‘amertume des véritables «compétences» des différentes institutions et surtout le ralentissement de la marche de celles-ci sont les conséquences de cet état de fait.

Conscient de cette problématique, le PJD a fait de la promotion des compétences sans discrimination un des slogans forts de sa campagne électorale. Sorti majoritaire des élections législatives, il a forcé le respect en adoptant pour le choix de ses candidats ministrables une démarche basée sur la transparence et le mérite.

Cette approche inédite au Maroc a poussé une grande partie de la population à voir dans le PJD un porteur d’espoir. Espoir de voir l’attachement à la transparence et à la mobilisation des compétences devenir une règle incontournable dans le choix des décideurs. La promotion des compétences ne devrait en aucune façon être liée à une obédience politique, à des relations d’intérêt ou familiales et ne devrait sacrifier à aucune discrimination a fortiori celle basée sur le sexe.

Le nouveau gouvernement ne devrait pas perdre de vue qu’il sera comptable, à la fin de son mandat, de la compétence des responsables choisis.

L’autre slogan sur lequel le parti majoritaire a basé sa campagne électorale est le respect des libertés dont celle de d’opinion et de l’accès à l’information. Constat est fait que ces libertés ont vite été malmenées par la récente série d’interdictions de supports écrits.

Un numéro du Nouvel Observateur a été interdit sous prétexte qu’il comportait une illustration personnifiant Dieu, portant, ainsi, atteinte à la religion musulmane. Or, il est clair que la notoriété de ce type de revues est le fruit de leur qualité et de leur sérieux. Il ne faut pas également oublier, également, qu’il s’agit d’un hebdomadaire édité en France et qui cible en premier un public français, dans un pays qui respecte les libertés d’opinion et de conscience. La critique de toutes les religions aussi bien la chrétienne que la juive et la musulmane y est chose admise.

Le nombre de lecteurs marocains ayant les moyens d’acquérir ce genre de supports est très faible vu leur prix et le niveau du pouvoir d’achat au Maroc. Tout aussi faible est le nombre de personnes qui y maitrisent la langue française.

Le quotidien espagnol El Pais a, à son tour, fait l’objet d’une censure à cause d’une caricature du roi du Maroc. Interrogeons-nous sur le nombre d’hispanophones qui achètent ce journal ? Peanuts !

L’hebdomadaire et le journal censurés pourraient être qualifiés sans risque de se tromper de confidentiels au Maroc. C’est donc verser dans la science fiction que de justifier les interdictions par le grand nombre de lecteurs blessés dans leurs sentiments religieux et leur loyauté envers le Roi.

Le gouvernement devrait aussi raison garder et avoir constamment présent à l’esprit que, de nos jours, les nouvelles technologies et Internet ont démocratisé la lecture des journaux et l’accès à l’information. Interdire les supports en papier n’a aucune emprise sur l’information elle-même puisqu’elle continue à circuler. Mieux encore, l’interdiction est souvent un moyen efficace de faire de la publicité à ce qui est interdit. Pour accéder à Internet, au Maroc, il suffit d’avoir cinq dirhams en poche et de se trouver à proximité d’un des multiples «cyber».

Etre conscient de cette mutation sociétale éviterait au nouveau gouvernement de se mettre dans des situations importunes pouvant malmener sa crédibilité.

Pour conclure, concernant la liberté d’opinion et l’accès à l’information il n’est pas nécessaire d’attendre le bilan de fin de mandat pour constater que le nouveau gouvernement s’est déjà parjuré.

Reste l’espoir de voir les personnes qu’il faut à la place qu’il faut et de ne plus voir des personnes sans compétence aucune «parachutées» à la tête de postes importants. C’est l’espoir d’une frange de la population qui a voté PJD pour le changement et pour une meilleure gouvernance sans pour autant adhérer avec la totalité des idées qu’il prône.

Espérons que cet espoir ne se transforme pas en une utopie comme le clament déjà les «changement-septiques».

Tribune

Fatiha Daoudi
Juriste
 Juriste et militante activiste des droits humains ...
@berhoc
Auteur : abdo447
Date : le 04 mars 2012 à 20h28
Bravo, tu peux aller Retirer Ta GRIMA demain au ministère de l'intérieur !
J'espère de la réussite à ce gouvernement
Auteur : berhoc
Date : le 04 mars 2012 à 20h18
Bon courage à ce gouvernement sous la nouvelle constitution et sous les reines d'un monarque qui garde encore beaucoup de prérogatives et je suis à 1000 % partant qu'il garde encore ces pouvoirs.
Notre roi a toujours été réformateur avant même la naissance du mouvement du 20 Février et n'a pas attendu ce qui s'est passé dans les pays arabes avant d'agir. C'est notre force d'équilibre. Le Maroc a toujours été un exemple au sein du monde arabo-musulmans. Oui, par les chiffres, notre roi a pu décoller l'économie de notre pays, l'exemple de la mise en valeur de la région du nord est présent avec des chiffres d'appui également.
La corruption et la pauvreté existent mais ce n'est pas une raison d'attaquer les réformes comme essaient de faire nous faire comprendre certains démagogues mais c'est un signe que nous devons lutter encore et encore pour avancer.
Bon courage aussi à ce gouvernement qui a fait ses preuves aux niveaux locaux. C'est un choix du peuple qu'il faut respecter.
Et pour finir, vive le roi, du plein coeur et de la raison.




Dernière modification le 04/03/2012 20:23
le choix
Auteur : allaoui38
Date : le 03 mars 2012 à 21h17
après plusieurs années en France , si j'ai à choisir entre ne démocratie (ou plutot entre la demagogie ) française et une dictature marocaine où même BASSRI serais le chef du gouvernement , je choisie sans aucune hésitation la seconde option ..... ceux qui sont au Maroc ne savent pas la valeur de la dignité par ce qu'ils n'ont pas eté chez les français pour comprendre les différentes facettes de de l'humiliation à la française...vive le maroc libre et indépendant même sous la dictature..
amalgame
Auteur : allaoui38
Date : le 03 mars 2012 à 20h43
tout d'abord j'ai commencé par trouver cet article intéressant ; jusqu’à défendre la publication d'un journal francophone destiné a des français qui critique la religion en personnifiant dieu , la je m’aperçois que c'est plutôt le démon qui se présente avec un visage d'u ange ....
cet article est indigne , je viens d'entendre le dscour de nicolat sarkosy qui parle des cloches dans les villages francaises comme faisant parti de la civilisation francaise et que ceux qui ne repectent pas nos valeurs , ils ne sont pas les bienvenus ...quand on veux donner des leçon aux autres il faut êtres crédible...oui il faut interdire les journaux quel quel soient la langue pratiqué d’être interdit quand ils touchent aux valeurs d'un pays , c'est une question de paix sociale aussi...alors de grâce on n'est dupe alors n'essayer pas de nous faire le coup des droits de l'homme , la réputations des français dans ce domaine commence à donner de l'odeur..
celui qui veux lire ce genre de propos , il n'a qu'a retourner chez lui en France c'est aussi simple que ça
"La monarchie des copains et des coquins"
Auteur : bouchette
Date : le 03 mars 2012 à 19h16
Cet article est certes intéressant, mais bien trop frileux au regard de la triste réalité.
A la lecture d'un numéro de Telquel, pour ne citer que lui, il est judicieusement rappelé que "dans la nouvelle Constitution, le roi conserve toutes ses prérogatives : il est toujours Commandeur des croyants, chef suprême de l’armée, président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et de la Cour constitutionnelle." Et à bien y regarder de près, cela laisse peu de marge de manoeuvre pour le PJD, qui par ailleurs s'attaque à des sujets somme toute utopiques plutôt que d'avoir le courage de s'atteler aux endémies sociales et financières qui rongent le Maroc : quid de l'alphabétisation, du chômage, du tourisme sexuel à Marrakech qui devient un fléau, de la corruption et j'en passe?
N'est-ce pas là faire aveu d'impuissance que de prétendre s'occuper de la liberté d'expression quand à Taza, la répression a encore une fois nié le droit de chaque citoyen à la dignité?
Quant à cette pseudo-légitimité du PJD, comment peut-on avoir l'outrecuidance de penser que sa place au sein d'un gouvernement est bien fondée quand seule une petite tranche de la population s'est prononcée pour eux?
Donc je rejoins l'avis de certains participants qui soulignent qu'ils ne sont pas aptes à représenter les marocains, non seulement par leurs idées mais également par leur expérience.
Tant que les marocains ne comprendront pas qu'il est de nos jours nécessaire de distinguer la religion du pouvoir, c'en est fait de tous : le costa concordia, mais son capitaine, lui, se soucie peu du navire et n'a naviqué qu'en vue de ses intérêts privés.
Dernière modification le 03/03/2012 19:19
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