«A la place de l’Aïd Al Mawlid, on devrait plutôt dire «dikra Al Mawlid car si on regarde l’appellation, l’aïd est une fête religieuse. Mais je rappelle qu’il n’y a que deux fêtes dans l’Islam : l’Aïd el Fitr à la fin du Ramadan et l’Aïd el Adha, la fête du mouton.», explique Saïd Kamali, jurisconsulte et conférencier à la Mosquée Masjid Sounna à Rabat. La première fois que l’Aïd Al Mawlid a été commémoré, explique Saïd Kamali, c’était il y a 300 ans de l’ère égirienne en Egypte, non pas par des Sunnites mais par des Chiites. Ces derniers avaient pris l’habitude de commémorer également la naissance de Fatima, d’Ali, de Hassan et du souverain de l’époque.
Divisions
De leur côté, les Marocains ont commencé à célébrer l’Aïd Al Mawlid au 7/8ème siècle précisément à Sebta. «Les Musulmans de Sebta étaient plus proches de ceux d’Andalousie qui avaient pris l’habitude de célébrer les fêtes chrétiennes. Un savant marocain leur a demandé d’arrêter de les imiter et a instauré la célébration de l’Aïd Al Mawlid», précise Saïd Kamali. Suite à cette instauration, les savants du royaume se sont divisés en deux camps. D’un côté, il y avait ceux qui étaient pour célébrer ce jour et de l’autre, il y avait les savants qui étaient contre. Ils affirmaient que les compagnons du Prophète n’ont jamais célébré cette journée. Ce débat entre les deux camps a traversé les siècles et n’est toujours pas clos au jour d’aujourd’hui dans le monde musulman.
La célébration
Les Marocains ont suivi le camp des savants qui était pour commémorer cette journée et le Ministère des Habous suit cette ligne. «A mon avis, je pense que cette commémoration est une occasion pour tenter de mieux faire connaitre le Prophète car on vit dans une époque où les Musulmans oublient ces actes. C’est un acte de foi que d’aimer le Prophète. On ne peut pas aimer quelqu’un qu’on ignore», poursuit Saïd Kamali.
L’Aïd Al Mawlid est une opportunité pour les grandes mosquées du Maroc d’organiser des discours et des veillées après la dernière prière de la journée. Les fidèles prient et lisent des poèmes religieux retraçant la vie du Prophète. Pour ce qui est du reste du monde musulman, 90% des pays célèbre l’Aïd Al Mawlid. En revanche, l’Arabie Saoudite est l’un des pays qui ne le célèbre pas.