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Grand Angle

Les étudiants étrangers pour le retrait pur et simple de la circulaire Guéant

Les étudiants étrangers sous la houlette du Collectif du 31 mai tiennent vaille que vaille au retrait définitif de la circulaire du ministre de l’Intérieur Claude Guéant. Ils estiment qu’il faudrait absolument revenir à la situation d’avant le 31 Mai. Issus d’écoles d’ingénieurs, de commerce ou de facultés entre autres, des concernés d’origine marocaine sont à présent tourmentés à l’idée d’un contrôle policier sur le territoire Français, leur titre de séjour ayant expiré. Sceptiques, ils le sont également à l’évocation d’un retour au Maroc. Pour les uns et les autres, l'incompréhension, la déception et la colère reviennent le plus souvent dans les témoignages recueillis. 

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De nombreux étudiants marocains diplômés sont déçus par la circulaire Guéant
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Alors même qu'ils étaient protégés par la loi de 2006 autorisant le recours à une main d’œuvre étrangère, «sans avoir à justifier qu’il n’y a pas de nuisance à des demandeurs d’emploi en France», la circulaire implacable du 31 mai est venue «trahir» de nombreux jeunes diplômés étrangers. Bien que la circulaire Guéant ait été revue à la loupe et «assouplie» ce mercredi, de nombreux étudiants diplômés de l'enseignement supérieur français déplorent les «critères arbitraires sur lesquels est fondée ce nouveau texte». Le Collectif du 31 Mai composé d’étudiants étrangers reste toujours mobilisé et réclame inopinément par la voix de son porte-parole Fatma Chouaïeb, «le retrait de la circulaire ... le retour à la situation d'avant le 31 mai».

Jointe par Yabiladi, la jeune tunisienne, âgée de 24 ans et diplômée d'HEC Paris nous explique que l’action du Collectif, «au delà du nouveau texte a pour priorité de défendre le cas des diplômés étrangers aujourd'hui encore sous le coup de la circulaire, voire d'une expulsion». Lors d’une conférence de presse tenue hier, mercredi, et relaté par le quotidien le Monde, Fatma Chouaieb regrettait l’absence des «principaux concernés» qui n'ont pas été représentés à la réunion. «L'enjeu crucial du nouveau texte concerne les critères d'appréciation, et on demande des critères clairs qui ne laissent pas de place à l'arbitraire», a-t-elle ajouté.

Le Collectif du 31 Mai a pu recenser depuis la fin du mois d'août près de 1000 dossiers de diplômés étrangers sous le coup de la circulaire Guéant. «L'agent de préfecture ou de la DIRECCTE qui reçoit le dossier, doit avoir le moins de marge de manœuvre possible pour considérer la demande», estime Fatma Chouaieb. «C'est là toute la contribution que l'on se proposait d'apporter, mais que l'on pourra finalement faire dès demain puisqu'une séance de travail est prévue avec la Confédération des Grandes Ecoles et la Confédération des Présidents d'Université pour apporter des modifications au nouveau texte», nous indique t-elle.

Espoirs déçus et rêves brisés

De nombreux étudiants marocains voient leurs projets professionnels mûrement réfléchis voler en éclats et déplorent «une circulaire purement politique». Tarek pour sa part, se voit mal retourner au Maroc. Pour ce jeune diplômé au cursus tout aussi brillant que ses camarades, les jeunes diplômés sont indésirables en France comme au Maroc puisque «qualifiés de refoulés de Guéant», se retrouvant acculés et dos au mur. Le jeune homme fustige «l’opposabilité à l’emploi» auxquels ils sont confrontés presque tous.

Karima pour sa part a suivi une formation sélective en monétique et sécurité informatique dans une école d’ingénieur à Caen, après une classe prépa Sciences à Casablanca. En Juillet 2011, la jeune femme obtient plusieurs propositions d’embauche. Elle opte pour une boite de conseil et s’empresse de signer son contrat. Trois mois plus tard, après avoir déposé par la suite à la préfecture sa demande de changement de statut, elle essuie un refus direct sous prétexte que son métier peut être exercé par un Français de souche. La jeune femme redoute à présent d’être dans l’illégalité et de recevoir une «Obligation de Quitter le Territoire Français». Son camarade Aymane s’est également vu obligé d’arrêter brutalement un Contrat à Durée Déterminé, obtenu après stages concluants. «Du jour au lendemain, je ne peux pas travailler, c’est vraiment dommage», nous a t-il confié, l’amertume dans la voix.  

Propulser leur carrière en France avant de rentrer au Maroc

Les étudiants diplômés contactés par nos soins nous ont notifié leur intention en voulant rester en France, d’acquérir tout bonnement une expérience professionnelle. Si la plupart sont réticents à l’idée d’un retour au Royaume, d’autres ont «des projets à réaliser au Maroc». «Mais  il nous faut bien avoir tout d’abord une expérience solide avant de rentrer et participer à notre façon au développement de notre pays», confient Karima et Aymane. Par contre Hicham estime «qu’au Maroc il est difficile d’obtenir un travail à peine ses études finies, à moins d’être pistonné».

La circulaire fait donc bien des victimes et «il faut savoir qu’elle ne concerne pas que les étudiants diplômés», regrette Hasna. Cette jeune femme diplômée depuis 2009 bénéficiait depuis 2010 d’un emploi stable et payait ses impôts. A sa grande surprise, lors du renouvellement de son permis de travail, elle essuie deux refus abusifs. Privé de revenus depuis quatre mois, Hasna estime que cette circulaire «bloque toutes les voies possibles aux salariés étrangers» et dénonce également «un abus de pouvoir».  

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