Une simple victoire des islamistes aux dernières législatives a suffi pour enterrer les alliances politiques qui façonnaient le champ politique marocain. Si l’éclatement de l’alliance pour la démocratie, ou le G8, était attendu du fait de son hétérogénéité, l’implosion subite de la vieille Koutla démocratique est venue elle fausser bien des prévisions. La fameuse alliance créée depuis 1992, réunissant le parti de l’Istiqlal, l’USFP et le PPS est en train de devenir de l’histoire ancienne. Et pour cause, chacun de ces partis qui devaient négocier ensemble leur entrée ou pas dans le gouvernement de Benkirane a préféré privilégier ses intérêts.
L’istiqlal a été le premier à fausser le jeu en disant oui à Benkirane, sans aucune entente avec ses alliés. Mis devant le fait accompli, l’Union socialiste des forces populaires a longuement hésité, avant de décliner finalement l’offre du PJD. Les socialistes voient dans l’opposition une opportunité pour redonner un nouveau souffle à ce parti qui peine désormais à mobiliser les foules et gagner leur confiance.
Troisième élément de la Koutla, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) continue toujours de maintenir un faux suspense : «aucune décision n’a été prise à l’issue de la réunion du bureau politique tenue hier ce [lundi 5 décembre, ndlr], mais la tendance générale est pour la participation», répétait encore ce mardi Karim Tej, porte parole du parti du livre. La formation d’inspiration communiste se prononcera à partir de ce samedi 10, après la convocation de son comité centrale, le «parlement du parti».
Koutla historique
Si l’alliance entre les nationalistes de l’Istiqlal et les islamistes du PJD semble naturelle, la participation dans ce gouvernement des communistes suscite elle un grand débat. L’entrée des camarades de Nabil Benabdallah, qui n’ont récolté que quelques 18 sièges au parlement est vue comme pure opportunisme, au détriment des idéaux. Mais au sein du PPS, on parle d’un «compromis historique» du moment que les objectifs sont les mêmes avec le gouvernement dirigé par Benkirane : lutte contre la corruption, la pauvreté, l’économie de rente….
L’alliance entre ces différentes formations dans un gouvernement est même considérée comme la naissance d’une nouvelle Koutla, dite «historique». Oubliée la Koutla démocratique, place à la «Koutla historique». Sa particularité : «l’entente entre des partis de droite et de gauche», répond un membre du PPS. Pourra-t-elle tenir à l’épreuve du pouvoir ? La distribution des portefeuilles ministres en sera le premier élément de réponse.