Sa sortie était attendue, et elle n’a pas tardé. Le «prince rouge», fidèle à lui-même, crache encore une fois dans la harira (soupe marocaine). La victoire du PJD, «contrebalancé par la présence des partis +libéraux + autoritaires», n’est selon lui, que le plat préparé «dans la cuisine électorale» du Palais. Bien que ces élections inaugurent «un nouveau cycle de la politique marocaine», elles «ont été organisées pour que rien ne change», estime Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI. «L’essentiel des pouvoirs reste entre les mains du roi», continue de crier depuis Standford (Etats-Unis), ce chercheur de la famille royale marocaine.
Trucages ?
Le taux de participation, «l’enjeu véritable» du scrutin, estimé à 45,4% par le ministère de l’Intérieur n’est pas crédible à en croire Moulay Hicham. Il fixe, quant à lui, le « taux de participation réel… au-dessous des 40%», non sans interpréter les «20% des bulletins nuls» comme un «désintérêt clair de la population». Bref, «les résultats des élections traduisent la peur du changement du régime», résume-t-il avant de donner son avis sur formation dirigée depuis 2008 par Abdelilah Benkirane.
Vote sanction
Un parti «très conservateur voire obtus», lance-t-il, qui «oscille toujours entre l’allégeance et le populisme». Le PJD, rappelle Moulay Hicham, «a été d’abord contre la réforme constitutionnelle avant de se rallier à la nouvelle constitution». La réussite de sa gestion du pouvoir « dépendra sans doute de sa capacité et de sa volonté à faire sauter les verrous du système» mais aussi «à surmonter ses propres contradictions» pronostique le cousin du roi. Le PJD peut échapper au contrôle du Palais car c’est un parti «ambitieux», bien que «loyaliste».
Le «prince rouge», voit tout de même que le «succès électoral [du PJD, ndlr] constitue un vote de sanction à l’encontre de la monarchie et de ses partis.» Le parti de la lampe tire sa popularité «de son appel à la moralisation de la vie publique et du fait qu'il se trouve non compromis jusqu'à présent, par la gestion des affaires publiques», observe toujours notre chercheur.
Illusion
Quant à l’évolution de la situation politique dans le royaume, il annonce un «répit de courte durée» pour le régime en raison des difficultés du Mouvement du 20 février à se transformer en «mouvement de masse». Cependant, la société marocaine, avertit Moulay Hicham, ne tolérera pas longtemps l’immobilisme politique. «Le mouvement est appelé à reprendre, et imposer les réformes indispensables», avance-t-il, avant de conclure : «le système attend sans doute que le printemps arabe passe comme une mauvaise fièvre, et avec lui le mouvement du 20 février. Illusion : ce sont plutôt les institutions non démocratiques qui passeront».