Ce vendredi, le Prince Moulay Hicham était l’invité de l’émission «L’Entretien» sur France 24. L’occasion pour celui que la presse a qualifié de «Prince rouge» d’aborder plusieurs questions dont l’affaire du meurtre de Jamal Khashoggi et les monarchies du Golfe.
Mais il s’est également attardé sur le cas du Maroc et les récentes actualités. Commençant par le Hirak, le cousin du roi et chercheur associé à l’université de Harvard estime que «le Printemps arabe (au Maroc, ndlr) a échoué (…) parce que la monarchie a manqué de volonté», affirmant que c’est les «historiens qui le disent».
«Moi, pour ma part, je crois que le discours du 9 mars est autre chose qu’une déclaration tendancieuse de la part du roi, ajoute-t-il. C’est un moment qui n’a pas été transformé.»
«Aussi, parce que la pression populaire s’est effilochée. Et aussi parce que le PJD a capté et a détourné le mandat qu’il avait et au lieu de construire et d’œuvrer pour une démocratisation, ils (les PJDistes) sont rentrés dans l’entrisme, sont rentrés dans l’administration et se sont rapprochés du Palais. Une chose qui a échoué d’ailleurs.»
«Mon opinion est toujours la même. Ou la monarchie marocaine deviendrait une monarchie constitutionnelle, à terme, ou sinon il n’y aura pas de monarchie», déclare-t-il, évoquant sa lecture «modeste» de l’histoire. Il revient sur le printemps arabe pour expliquer que «la contestation s’est déplacée vers le Rif».
«Le Maroc connaîtra d’autres vagues»
Le cousin du roi Mohammed VI rappelle qu’avec ce mouvement de contestation né au lendemain de la mort de Mohcine Fikri, fin octobre 2016, le régime marocain s’est retrouvé dans «la même situation et la même impossibilité d’apporter des solutions économiques parce qu’il a reproduit les élites politiques et les mêmes institutions galvaudées».
«Le système est bloqué. Il y a une très haute tension socio-économique mais qui ne se traduit pas en pression politique. Un jour elle se traduira et il faudrait trouver un moyen pour qu’on retombe dans le conflit politique structuré pour éviter la violence.»
Pour Moulay Hicham, le Maroc est «un pays en mouvement et donc il connaitra d’autres vagues».
Quant à sa situation personnelle vis-à-vis de la monarchie, il rappelle avoir «formulé il y a trois ans deux demandes au roi : s’il m’arrivait quelque chose, que je voulais être enterré dans un lieu qui n’a aucun lien avec la monarchie et j’ai demandé à Sa Majesté d’être déchargé de mon statut et de mon titre de prince». Il déclare aussi avoir accompli les démarches avec son avocat à ce sujet mais qu’ils se sont «aperçu qu’aucun tribunal marocain» ne peut statuer sur cette dernière question.
Moulay Hicham réitère sa volonté d’abandonner son titre de prince
Moulay Hicham déclare avoir écrit au roi sur cette question. «Ce n’est pas la seule question que Sa Majesté doit traiter. Il a beaucoup de choses sur son agenda. C’est une chose qui se fera inéluctablement dans le respect à sa place et dans le respect à la mémoire de son grand-père», poursuit-il avant d’estimer que «le plus tôt, le mieux».
«Cela arrivera mais Sa Majesté est très occupé. Je le comprends. C’est une question politique pour lui mais il y a d’autres questions beaucoup plus pressantes et plus brulantes. L’intérêt, le bien être des Marocains est plus important que celui d’un seul citoyen», explique-t-il.
Sur les raisons de ne plus vouloir être prince, il ajoute : «Je veux me libérer. J’ai envoyé de vivre pleinement les possibilités qui me sont offertes». A la question du journaliste voulant savoir si ces «possibilités» peuvent être politiques, il se contentera d’un «peut-être ; pourquoi pas».
Pour rappel, l’année en cours a été marquée par ce que certains observateurs ont qualifié de «réconciliation» entre le roi et son cousin. Le Souverain avait félicité la fille de Moulay Hicham ayant décroché son diplôme à l’Université Yale aux Etats-Unis. Un message de félicitations auquel le «Prince rouge» a répondu en juin dernier lors d’un appel téléphonique, remerciant le roi Mohammed VI de l’intérêt qu’il porte à sa fille.
Si avec cette nouvelle sortie médiatique, Moulay Hicham souffle le chaud et le froid, la «réconciliation» récente avec son cousin est restée présente tout au long de l’interview.