Houria Moumni avait 24 ans et son amie, Cassandre Bouvier, 29 ans. Elles ont été retrouvées vendredi 29 juillet à Quebrada San Lorenzo, dans la région de Salta au nord-ouest de l’Argentine. Les corps des jeunes étudiantes ont été retrouvés dans un sentier prisé pour la randonnée pédestre, la bouche contre le sol, les habits en lambeaux. Elles ont été tuées par balle, une dans le dos, et l’autre, qui porte également les marques d’une agression sexuelle «très violente», avec une balle dans la tête. La présence d’une mèche de cheveux dans la main de l'une des victimes indique aussi qu’elles se sont débattus.
Hypothèses et pistes
Si les deux jeunes filles ont été retrouvées le 29 dans cette région boisée et escarpée, l’autopsie des deux corps révèle que les décès remontent à 3 jours plus tôt. Installées à l’auberge de jeunesse de Salta, les deux étudiantes ont été pour la dernière fois aperçues avec un homme de la quarantaine, qui leur avait loué des chevaux. Arrêtée ce matin, à cause de ses déclarations contradictoires, la femme du dénommé Ariel Francisco Tejada soutient mordicus à la presse locale qu’elle est restée tout le temps avec son mari et qu’il ne s’est pas absenté ces derniers jours. Ce qui met à mal la première hypothèse avancée par la police, selon laquelle les deux étudiantes auraient été séquestrées avant leur assassinat.
Les balles retrouvées dans le corps des victimes étaient de calibre 22. Pour Marcelo Baez, porte-parole du pouvoir judiciaire de Salta, «une des pistes consiste à interroger les éleveurs de la région, qui utilisent des carabines» de ce genre. Le gouverneur de Salta, Juan Manuel Uturbay, entend mettre les moyens pour permettre «l'élucidation urgente de cet acte aberrant».
Une fille «lumineuse» et une «excellente étudiante»
La franco-marocaine Houria était à l'origine partie en Argentine travailler sur le terrain, en préparation de son projet d'étude en Master 2. Elle profita de son voyage pour rejoindre son amie Cassandre Bouvier, le 11 juillet, qui participait à un colloque sur l'orientalisme en Amérique latine. L'occasoin de prendre quelques jours de vacances à Salta, où le pire les attendaient.
La jeune Houria Moumni venait de rendre son mémoire de master 1 sur la migration syro-libanaise en Argentine. «C’était une excellente étudiante. Elle avait eu une très bonne note, raconte Polymnia Zagefka, sa directrice de recherche, c’était une élève très sérieuse, un modèle d’intégration et de réussite scolaire.» Ses camarades de l’IHEAL ne sont pas moins remplis d’émotion et d’éloge pour Houria, qui «était une fille lumineuse, quelqu’un de rare, assure Anne, une de ses amies. Elle avait dû recevoir une éducation extraordinaire : elle était toujours polie, souriante et posée. Elle était animée par des valeurs très fortes.» Tous affectés par le tragique évènement, leurs amis ont prévu une veillée ce soir à l’IHEAL en mémoire de ces deux jeunes filles. Un hommage officiel leur sera rendu en septembre prochain par leurs camarades d'école.