«Il nous faut unifier notre vision, homogénéiser nos buts, et que chacun fasse son boulot» a déclaré le ministre des Marocains résidant à l'étranger, Mohamed Ameur, lors d'une réunion-débat sur l'accompagnement du retour estival des MRE. Différents ministères, institutions et entreprises en lien avec les MRE ont assisté à la réunion, qui faisait aussi office de conférence de presse. Le constat de base : les grèves dans les administrations et les horaires de travail réduits du mois de ramadan pourraient pénaliser les Marocains de l'étranger dans leurs démarches administratives à faire pendant le séjour au Maroc. Des demandes de papiers administratifs (actes de naissance, de mariage...), des titres fonciers ou encore permis de construire pourraient être encore plus difficiles qu'elle ne le sont déjà, dues aux nombreuses absences d'employés, eux-mêmes en vacances.
Si l'objectif de la rencontre était de mettre en place un programme concret pour améliorer l'accueil des MRE et les aider dans leurs démarches et que les points cruciaux ont été soulevé, peu de réponses ont été apportées.
Certes, les Marocains du monde qui affluent de France, Espagne et Belgique et Italie principalement apprécient l'amélioration des conditions d'accueil à la frontière. Les heures d’attente aux points de passage passés de 36 heures il y’a dix ans à une heure en 2010, les espaces d’accueil et les aires de repos : le dispositif mis en place est «quasiment unique dans le monde» selon ce Marocain résident au Sénégal. Cependant, le ministre reconnaissait lui-même que «nous devons renforcer la coordination sur le terrain entre les différents organismes». «Les initiatives prises jusque là restent sectorielles», a ajouté M. Ameur.
Une permanence défaillante
Le programme d’accompagnement pendant le séjour au «Bled» présente en effet des failles flagrantes. Soulevé avec insistance par le ministre et traité par plusieurs intervenants, le point relatif au plan de permanence dans les administrations publiques, certaines banques partenaires et dans certains tribunaux, peine à se mettre sur pied. Mohamed Nassim, du ministère de la Modernisation des secteurs publics, assure qu’«en ce qui concerne les permanences, on a déjà tenté l’expérience, on l’a évaluée». La représentante d’Al Omrane assure que pour leur part, ils ont mis en place un «accueil personnalisé, une procédure rapide et un numéro économique pour les MRE avec une permanence après le ftour du ramadan. On a également une convention avec les banques pour accorder des crédits a 100% et l’exonération de frais de notaire». Mais quand bien même ces «unités d'urgences» assurent le traitement des dossiers 2h après les horaires administratifs et la matinée du samedi, les départs en congé des décisionnaires restent handicapants. Selon Mohammed Ameur, «le soucis de la permanence c’est que les personnes qui l’assurent ne sont souvent pas aptes a décider et donc à résoudre les problématiques présentées». Un des intervenants précise que, souvent, «les juges sont en vacances et on reporte les dossiers à septembre».
Une communication défaillante
D’un autre côté, un sérieux déficit en communication rend la tache herculéenne. Mohamed Ameur ne sait plus à quel saint se vouer : «Nous avons un site internet, plusieurs lignes téléphoniques. Nous ne pouvons pas utiliser la télévision publique plus que nous le faisons aujourd’hui. Malgré nos efforts là dedans nous n’avons pas réussi à investir dans les nouvelles technologies». Le volet information et communication inquiète à tous les niveaux. Jamila Laaroussi du Damane markazi se désole : «On a participé au Smap-Immo à Paris, on a remarqué que les gens étaient mal informés sur les produits et les offres de facilitations proposés». Le problème de communication réside également entre le ministère et les organismes concernés. La représentante de l’ Office national des aéroports assure qu’il tiennent «des réunions préparatives un mois avant l’arrivée des MRE pour sensibiliser toutes les parties impliquées […] On demande au ministère de nous informer un mois avant le début de l’opération marhaba».
Quelques points positifs cependant...
Le ministère de la Communauté marocaine à l'étranger se flatte par contre des mesures prises pour développer la dimension culturelle du programme d’accompagnement. M. Ameur assure que «ceux qui connaissent bien leurs origines et maitrisent leur culture d’origine ont plus de facilités à s’adapter et s’intégrer». L’université d’été, l’organisation de concerts, spectacles et les tournées de troupes de théâtre marocaines dans les pays de résidence sont cités comme des réalisations considérables pour ancrer l’identité marocaines chez les jeunes de la 3ème et 4ème génération. L'objectif est de «combler le vide culturel et solidifier les liens entre ces jeunes et leur pays d’origine». La nouveauté, c’est que le ministère de la Communauté marocaine à l’étranger «a développé une approche nouvelle : Celle de la collaboration avec les pays d’accueil : c’est du gagnant-gagnant», assure le ministre.
Ces jeunes qui, selon un sondage réalisé il y à un an, sont plus attachés au Maroc que leurs ainés, sont pourtant négligés par les programmes d'accompagnement destinés aux Marocains du monde. Mise à part de vagues propositions d’offres immobilières, aucun engagement n’a été pris.
Le programme d’accompagnement du ministère reste du coup très saisonnier. Or, nos compatriotes à l’étranger étalent de plus en plus leurs retours sur l’année. La jeune génération préfère parfois d’autres destinations pour l’été. Un point retombé aussitôt soulevé. Comme la plupart des questions débattues, finalement.